Subaru, danse vers les étoiles! Vol.1 - Manga

Subaru, danse vers les étoiles! Vol.1 : Critiques

Subaru - Dance -

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 05 Février 2008

Après nous avoir décrit le parcours initiatique de Daïgo Asahina dans le difficile métier de pompier, Masahito Soda s'attache à nous faire découvrir la vie difficile de Subaru, apprentie danseuse.
Ce premier volume sert; comme toute scène d'exposition théâtrale; à nous présenter le personnage principal et le quotidien dans lequel il évolue. Dès les premières pages, le récit se veut très pathétique: nous découvrons la souffrance d'une jeune fille qui supporte mal la décrépitude physique et mentale de son frère jumeau, mourant dans une chambre d'hôpital. L'auteur aurait pu tomber dans la facilité et proposer un traitement mièvre de cette situation délicate... mais bien heureusement: il n'en est rien. Il y a bien évidemment des larmes (il ne faut pas oublier que nous avons à faire à une petite fille de neuf ans), mais Soda possède cet ingénieux don de ne jamais tomber dans le tragique et de garder une certaine retenue, difficilement perceptible, mais néanmoins belle et bien présente.
Le personnage de Subaru est particulièrement intéressant. La comparaison semblera douteuse pour certains, mais cette petite fille m'a étrangement fait penser au personnage d'Oedipe. Un terrible évènement l'attend (la mort de son frère), et elle ne peut ni le fuir ni s'y précipiter: là se trouve son plus grand malheur. Subaru est, à ce stade du récit, née sous une étoile malheureuse et poursuivie par un destin cruel. Mais là où une fatalité pesante et inéluctable écrase notre roi grec, Subaru décide de prendre son destin en main et de danser... en hommage à son frère. De moyen d'expression, la danse devient finalement une thérapie pour notre héroïne qui souhaite s'élever "vers les étoiles"... Là est toute la poétique de ce touchant récit, qui présente la pratique de la danse classique au delà d'un simple sport, mais comme l'unique moyen de se sentir réellement vivant, de supporter l'insupportable, d'être libre.
De prime abord, le dessin de Soda ne semble pas parfait: beaucoup d'arrière-plans sont désespérément blancs, un petit côté brouillon et des erreurs de proportions se font sentir au fil des pages... Mais il ne faut pas tomber dans le piège. De la part de l'auteur, tout est fait pour que le dessin devienne le véritable miroir de l'histoire, en prenant garde de ne pas utiliser d'effets superfétatoires.
Et si les yeux de Subaru, anormalement grands dans certaines situations bouleversantes, ne servaient qu'à mettre un peu plus en avant le désespoir et la rage qui bouillonnent en elle?
Et si la prolifération des fonds blancs ne servait, dans le fond, qu'à illustrer d'une manière encore plus intense la solitude d'une jeune fille en train de perdre son unique frère?
J'invite donc tous les lecteurs de Subaru à choisir la bonne voie, qui consiste à reconnaître à sa juste valeur le travail graphique d'un auteur qui considère le dessin comme un appendice du récit, au-delà des simples considérations esthétiques usuelles.
Ce premier volume est une véritable claque, qui place la barre très très haut. Je vous invite tous à lire Subaru.




Note de la rédaction
Note des lecteurs