The Royal Doll Orchestra - Actualité manga

The Royal Doll Orchestra : Critiques

Guignol Kyutei Gakudan

Critique de la série manga

Publiée le Mardi, 27 Septembre 2011

L’histoire est évidemment fantastique, mais plutôt simple : une épidémie frappe la population. La transmission étant très rapide, la loi ordonne de brûler tout corps de « Guignol » détecté. Les Guignols sont les poupées de chair qui ont perdu toute humanité, toute raison et toute conscience. Ils ne cherchent qu’à dévorer les vivants, qui subsistent tant bien que mal dans ce monde de fous. De ville en villages, un orchestre royal officieux se balade. Composée de Rutile, un chanteur plutôt particulier, et de ses deux acolytes, la petite troupe baroude pour donner des concerts assez spéciaux, moyennant une certaine somme d’argent. En réalisant des miracles par leur musique, l’orchestre royal officieux ne se refuse aucune chanson et seul compte les revenus … Il est bien connu que la musique adoucit les mœurs, et en chantant Rutile et ses compagnons permettent aux Guignols de retrouver un court instant leur humanité. N’existant que pour satisfaire les désirs obscurs de leurs employeurs, les membres de l’orchestre réalisent des miracles qui n’ont plus aucun sens … Car les Guignols ne sont rien de plus que d’anciens humains comme vous et moi infectés par le virus entrainant le « Galateia syndrome ». Le temps d'incubation du virus varie d'un individu à l'autre et il n'y a pas de cure possible, seule la musique particulière de l’orchestre royal pourra les influencer, en entrant en résonnance avec eux et provoquant au choix : attirance, réveil ou mort subite et violente, définitive.

Dernière série en date disponible en France, Royal Doll orchestra reprend les grandes lignes du succès de sa créatrice pour ajouter de nouveaux éléments, une base sensiblement changeante et nous offrir alors non seulement une aventure intéressante mais une réflexion plus profonde sur la nature humaine. Malgré un début trop léger et confus, qui laissera le public avec des difficultés d’intérêt, Kaori Yuki se rattrape sans peine dans les détails de ses personnages et leur charisme, qui apporte beaucoup à la série. En effet, c’est flou par-ci, énigmatique par-là, et de nombreuses fois on se pose des questions. Pas parce que l’auteur n’explique pas ou ne donne pas de réponses, non. Mais parce que ce sont des informations sans l’être, qui apportent plus d’interrogations qu’elles n’en résolvent. Déjà, le premier tome est un mystère total qui ne nous avance en rien sur les suites de l’histoire. Ensuite, la mangaka nous raconte des choses évidentes qui nous font croire à quelque chose de plus profond alors que ... non. Et puis, Kaori Yuki semble décidée à explorer tous les domaines qui font fureur auprès de ses fans, variant les inspirations pour changer de scénario sans changer son succès. On se demande comment l’auteur peut encore trouver ces sources d’inspiration qui lui permettront de relier le thème avec son monde d’écriture et son style, toujours glauque dans les idées mobilisées et réveillant les tripes de bien des lecteurs. Mais les mauvaises langues criant au manque total d’originalité se trompent elles-aussi, puisqu’à la recherche de perfection, l’auteur distillera des détails que seuls les fans pourront identifier comme nouveautés, ou du moins comme principes sortant de ceux habituellement utilisés par l’auteur. Et au bout de quelques pages, c’est la passion qui commence pour cette nouvelle série, malheureusement trop courte et qui aurait mérité une exploitation plus développée. Pour les fans de l’auteur, un délice. Pour les autres, une histoire sympathique qui permet de la découvrir en douceur, grâce à la facilité de compréhension de l’intrigue principale.

D’un point de vue graphique, rien de bien nouveau sous le soleil. On ne vante plus le tant de dessinatrice de Kaori Yuki, de même qu’on n’a même plus à s’attarder sur l’aspect très brouillon -volontairement- de ses dessins. Un découpage éclaté et dynamique, des paysages de fonds présents, des expressions très réelles … Rien à faire, les graphismes sont parfaitement alliés au scénario, dans un mélange tout particulièrement plaisant. Le sens du détail, le souci de la diversité et du renouvellement habite l’auteur, qui décore ses personnages d’un éventail de qualités graphiques, de petits rien qui font beaucoup et d’émotion, voilà ce qui caractérise le titre. On identifie ainsi sans problèmes les protagonistes, qui affichent un panel d’émotions très claires même dans leurs moments de folie passagère ou persistante. Les Guignols aussi sont très bien conçus, dans la même veine de l’être décomposé au regard suppliant que ce que l’on a pu connaitre dans d’autres de ses œuvres.

Au niveau de l’édition, les fans noteront tout de suite le désaccord de titre entre l’original, que l’auteur avait pris soin de sous-titrer en français, du fait du contexte de son histoire, et ce qui sortira en France. Ainsi, on a doit à une nomination anglicisée sans raison particulière autre que l’homogénéité en dehors du Japon ... Serait-ce simplement parce que les sonorités anglaises sont d’avantages vendeuses ? En tout cas, on le déplore grandement étant donné que le titre français collait parfaitement à l’ambiance du manga. Mais c’est une des rares erreurs que Tonkam aura commise ici. En effet, un très bon travail nous est proposé par l’éditeur. Aucune difficulté de compréhension pour une bonne traduction, fluide malgré la non-adaptation des onomatopées qui prennent alors bien trop de place sur les pages, notamment dans les moments de combats. C’est la deuxième erreur, assez handicapante à la lecture cependant. D’un autre côté, l’accent sur la qualité des couvertures a été mis sans hésitation : couleurs en harmonie dans des tons sombres, relevés d’un argenté brillant du plus bel effet et d’enluminures marrons bordant les cadres de chaque tome. Cela fait ressortir les personnages en première de couverture avec réussite, et le touché glacé de certaines parties de la page est encore un bon point pour Tonkam !


NiDNiM


Note de la rédaction
Note des lecteurs
9/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

16.00,16.00,15.00,17.00,17.00

Les critiques des volumes de la série