Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 31 Mars 2011
La fin du récit de Royal doll ne prendra en réalité qu’une moitié de cet ultime volume de la série, l’autre étant dédiée à une histoire courte que l’auteur avait réalisée en 2008 et qui est parue en relié au Japon en 2010, également dans le dernier tome de The Royal Doll Orchestra. C’est donc le grand final de cette maestria faite de rancune, de traitrise et, malgré tout, d’amour. L’instigateur de toute l’affaire nous est révélé bien que l’on s’en doute largement, et il est bien plus intéressant de nous focaliser sur les sentiments de Cordié. Rutile a en effet, après avoir obtenu l’oratorio noir, fermement décidé de sauver sa sœur. Il fera tout pour la ramener à la raison, même jouer cet air interdit qui les privera, eux les musiciens de l’orchestre royal, de leurs pouvoirs. Seulement, rien n’est si simple quand on introduit dans la narration un électron libre tel que Berthié qui, se fichant bien des désirs de la cible de son attention, n’agit que pour posséder Rutile. Jaloux et complètement dément, ses actes se dirigent tous dans ce but, et il arrive finalement à lui arracher la promesse de se donner corps et âme à lui.
Finalement, tout est bien qui finit bien étant donné que depuis quelques années la maitresse du shojo gothique est dans sa phase happy end, en offrant un souffle d’apaisement sur ce monde de guignols torturés par leurs esprits corrompus et malades. Elle explique les quelques questions qui restaient en suspens, et l’épilogue est plutôt de bonne qualité malgré l’amertume de quelques détails, notamment celui qui concerne le « châtiment divin » de la reine. Puis c’est finalement à Camelot Garden de nous éblouir, dans une petite nouvelle très rapide mais extrêmement bien ficelée pour aussi peu de place et de développement. D’ordinaire, Kaori Yuki ne parvient pas sur une durée aussi courte à créer un univers assez attractif, mais là le monde néo-futuriste qu’elle ne découvre qu’à la fin fait son effet. En se basant comme à ses habitudes sur un poème qui guide la narration, le scénario et explique le comportement de bien des personnages, elle crée de nombreux personnages qui immédiatement interagissent entre eux pour une dynamique intéressante, avec des questions sans cesse restant sur les lèvres et un univers totalement décalé, surprenant et pourtant très bien organisé. Bref, une idée qui aurait mérité peut être un peu plus de mise en avant, bien que la durée soit au final suffisante pour ne pas alourdir le récit et allonger plus que nécessaire les développements très simples que l’auteur a tenu à faire.