The Royal Doll Orchestra Vol.1 : Critiques

Guignol Kyutei Gakudan

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 05 Juillet 2010

La jeune maman qu’est Kaori Yuki a bien du mal à nous sortir de quoi se rassasier, surtout que pour la plupart de ses lecteurs, il n’y a jamais assez de Yuki dans une bibliothèque ! C’est avec grand plaisir que l’on accueille ce premier tome de série en France. Fébrile, les premières pages sont un réel plaisir, rien qu’en nous replongeant dans l’univers si particulier de cette mangaka. L’histoire est évidemment fantastique, mais plutôt simple : une épidémie frappe la population. La transmission étant très rapide, la loi ordonne de brûler tout corps de « Guignol ». Les Guignol sont les poupées de chair qui ont perdu toute humanité, toute raison et toute conscience. Ils ne cherchent qu’à dévorer les vivants, qui subsistent tant bien que mal dans ce monde de fous. De ville en villages, un orchestre royal officieux se balade. Composée de Rutile, un chanteur plutôt particulier, et de ses deux acolytes, la petite troupe baroude pour donner des concerts assez spéciaux, moyennant une certaine somme d’argent. En réalisant des miracles par leur musique, l’orchestre royal officieux ne se refuse aucune chanson et seul compte l’argent … Il est bien connu que la musique adoucit les mœurs, et en chantant Rutile et ses compagnons permettent aux guignols de retrouver un court instant leur humanité. N’existant que pour satisfaire les désirs obscurs de leurs employeurs, les membres de l’orchestre réalisent des miracles qui n’ont plus aucun sens …

La narration commence dans un grand paradoxe, comme d’ordinaire chez Yuki : sur les chapeau de roues, le lecteur est plongé dans un monde inconnu, des liens étranges et des mystères loin d’être éclaircis. Dans le même temps, les trois personnages principaux s’ancrent assez facilement, rapidement rejoints par un quatrième membre. La première histoire sert donc à poser certaines bases, le reste du manga permettant d’exploiter le rôle de l’orchestre et ses façons d’agir face à la folie du monde et les vices des hommes, plus que des marionnettes. C’est donc par petites touches que l’on rentre dans le récit, à la manière d’un God Child, en plus brouillon. Les informations fusent de toutes parts, tout en sachant très bien qu’il est inutile de chercher pour l’instant à comprendre le fonctionnement de la série. Encore une fois, par son univers gothique, sombre et violent, on sait très bien que l’auteur va nous emmener de révélations en contre révélations … Du moins l’espérons nous. L’originalité n’est pas ce qui prime vraiment, toutefois la certaine stabilité de retrouver des figures principales assez typées et souvent déjà rencontrées dans la bibliographie de la mangaka aide le lecteur à se repérer et à mieux appréhender ce départ, aussi déconcertant que prometteur. On ne peut encore pas s’extasier du génie de l’auteur, loin de là. Mais des pistes nous permettent de croire à d’excellentes surprises, et en attendant on profite de cet intérêt tout particulier aux poupées et autres marionnettes, symbole même du gothique et du fantastique. L’action, supposée se dérouler dans une France médiévale, est plus entre deux mondes et ne nous renvoie pas vraiment à quelque chose de connu, ce qui est un peu dommage. Un ancrage plus fort, plus proche de nous aurait sûrement permis de mieux s’approprier les détails de ce premier volume. N’oublions pas, de plus, que plus que les poupées ce sont les zombies qui sont mis à l’honneur, dans un univers aussi décadent, décalé et surprenant que d’ordinaire.

D’un point de vue graphique, rien de bien nouveau sous le soleil. On ne vante plus le tant de dessinatrice de Kaori Yuki, de même qu’on n’a même plus à s’attarder sur l’aspect très brouillon -volontairement- de ses dessins. Un découpage éclaté et dynamique, des paysages de fonds présents, des expressions très réelles … Rien à faire, les graphismes sont parfaitement alliés au scénario, dans un mélange tout particulièrement plaisant. Le sens du détail, le souci de la diversité et du renouvellement habite l’auteur, qui décore ses personnages d’un éventail de qualités graphiques, de petits rien qui font beaucoup et d’émotion, voilà ce qui caractérise le titre. Si pour l’instant on ne partage pas encore la force des sentiments de tous les protagonistes, nul doute que le manga est en bonne voie pour nous y amener. L’édition de Tonkam est comme à son habitude dans les parutions de Yuki : petit format, difficulté prononcée pour lire les bulles situées dans l’intérieur des pages, onomatopées encombrantes … On n’éprouve cependant pas de difficulté particulière à la compréhension, les dialogues étant moins compliqués que ceux d’Angel Sanctuary. On apprécie aussi une jolie couverture, sombre et surtout très en harmonie. Les couleurs ses mêlent dans une réelle impression de faire irradier Rutile, sans décliner trop de tons à la fois. En résumé, un bon premier tome, prometteur mais pas encore exceptionnel. En tous les cas : vivement la suite !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs