Global garden - Actualité manga

Global garden : Critiques

Global Garden

Critique de la série manga

Publiée le Jeudi, 13 Juin 2013

1954, Einstein est aperçu pleurant sous un arbre par deux gamins trop curieux. Le grand homme pleure son génie, regrettant amèrement la formule qui l’a rendu célèbre de par le monde. E=mc². La formule qui a servi de base à la construction de la bombe atomique qui a en grande partie détruit le Japon après la guerre. Son seul souhait est de changer l’avenir de la terre, pour rendre le futur plus beau. Pour ce faire, il faut sauver Yggdrasil, l’arbre nourricier et porteur de vie, qui se meurt depuis les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki. Se rendant bien compte qu’il est trop vieux pour réussir seul ce rêve qui l’anime, il va confier cette mission à Hikaru et Haruhi, les deux enfants qui l’ont trouvé si triste. En leur permettant de ne pas vieillir trop rapidement, Einstein s’assure qu’ils pourront trouver Ruika, celle qui va sauver la terre, avant de mourir peu après, toujours les larmes aux yeux et les remords plein le coeur. Mais Einstein est-il vraiment mort ? Est-ce que ces souvenirs d’un demi-siècle se sont effacés aussi facilement ? 2005, Hikaru cherche seul Ruika, en compagnie d’un petit garçon muet nommé Robin. Le seul problème, c’est que la Ruika qu’ils trouvent refuse d’être appelée comme ça et soutient corps et âme être Masato, son frère tué dans un accident d’avion. Ce n’est pas dans ces conditions que Ruika pourra incarner Skuld, la très jolie gardienne du Garden. Il faudra d’abord sauver Ruika avant de sauver la terre …

Auteur plutôt méconnue, Saki Hiwatari a cependant dans son palmarès un shojo fantastique très caractéristique et sensiblement référencié. Global Garden reprend un peu le ressenti de cette œuvre, pour rajouter une bonne dose d’écologisme, un peu moins de science fiction et un peu plus d’histoire. Le mélange reste cependant, comme l’a été le premier, efficace et novateur. Les messages transportés par l’héroïne sont d’une moindre banalité qu’on aurait pu le penser. Entre ses sentiments, son vœu et ses responsabilités, la jeune fille vit l’épopée qui l’attend avec force et détermination. L’intrigue principale autour du Garden a beau n’avancer que par petites touches, la vie des protagonistes est tellement remplie qu’à aucun moment l’ennui ne vient s’inviter dans le récit. La fable écologique, mythologique mais surtout la puissance de la narration prennent alors un sens fantastique. Même si la plupart des étapes sont maladroites, on apprécie le fil directeur de la série qui nous offre une fin certes un peu facile, mais grandiose et bien méritée. Nos héros, après tant d’épreuves, ne repartent pas sans blessures ni séparations. Un manga pour sauver la Terre. Sans doute pas le premier dans son genre, mais très certainement le seul à aborder le tout d’une manière aussi poétique et rêveuse. Entre le drame, la comédie et la romance toute simple, Hiwatari a trouvé un équilibre de choix, qui satisfait les lecteurs curieux et enchante les habitués. Plus mature que Magie Intérieure, moins étendu que Please save my earth, Global Garden est certainement l’une des plus belles œuvres de la mangaka.

Que ceux qui trouveront le trait d’Hiwatari un peu brouillon ne tentent même pas la lecture de Please save my earth. Du côté des graphismes, Global Garden est sans doute la série la plus travaillée et aboutie. D’ailleurs, si à première vue le résultat peut ne pas être concluant, beaucoup de choses passent sous le coup de crayon de l’auteur. On peut tout d’abord parler de l’immense différence qu’il existe entre les superbes couvertures, attrayantes et particulièrement soignées, et l’intérieur. En vérité, on peut relever clairement certains problèmes de proportions chez les personnages, ou bien d’un défaut dans la cohérence de leurs positions, avec des plans éloignés souvent révélateurs des défauts cités ci-dessus. Voir les corps dans leur globalité accentue en effet de manière flagrante des détails qui ne se seraient peut être pas vu avec un cadre différent. La plupart du temps, l’ensemble manque alors de fluidité et fait des protagonistes du manga des poupées de papier pas toujours à l’aise dans leurs mouvements. De plus, les fonds et le cadrage assez simples n’arrangent pas la petite impression de froideur qui se dégage généralement du dessin de Saki Hiwatari.

Pourtant, au-delà de cette maladroite distante, la chaleur des regards des personnages ne tarde pas à convaincre tant les émotions et expressions passent avec force et réalisme. On se perd facilement dans les beaux yeux de Ruika, sans trop s’attarder sur les beaux gosses qui ne le sont pas tant que ça, l’héroïne étant bien plus réussie que son prince charmant. Certaines planches se révèlent même être absolument magnifiques, essentiellement quand Skuld fait son apparition où quand Ruika commence à ressentir de très fortes émotions. En bref, une amélioration en tous points conséquente, avec l’espoir que la mangaka continuera dans cette voie. Malgré les disproportions évidentes, le trait hésitant et le coup de crayon souvent très tranché, on trouve beaucoup de douceur dans les dessins de l’auteur. Le tout est soutenu par l’édition de Delcourt. On apprécie l’adaptation des onomatopées (tellement rare de nos jours) et le jeu sur les polices de caractère pour nous aider, dans certains passages. De plus, le titre est plutôt bien mis en avant avec quelques pistes réflexives en fin de certains tomes. Ceci dit, le contraste est assez violent puisque l’on déplore totalement l’adaptation très désagréable des noms des personnages. Avec les -kun, les -sama, les -san et, plus que tout, le vouvoiement très mal venu de Ruika envers Hikaru … On a l’impression que les prénoms sont attachés à leurs suffixes et cela alourdit de manière incroyable les dialogues et la traduction. Très mauvais point pour Delcourt, qui fait cependant par ailleurs un bon travail sur ce titre.


NiDNiM


Note de la rédaction
Note des lecteurs
12.5/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

15.00,14.00,16.00,15.00,14.00,15.00,18.00,16.00

Les critiques des volumes de la série