You my baby - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 02 Mars 2020

Continuant d'alterner entre autrices expérimentées et jeunes mangakas à découvrir, le label one-shot shôjo d'Akata démarré l'année 2020 avec Aoi Tomosue, une artiste à la carrière toute jeune puisqu'elle a débuté en 2017 ! Cette mini-série en 4 chapitres (plus un tout petit épilogue bonus), prépubliée en 2017-2018 dans le Bessatsu Margaret de Shûeisha avant de sortir en un unique tome relié fin 2018 au Japon, fut la deuxième oeuvre de la mangaka, mas la première à paraître en tome broché.

On y suit Yû, demoiselle venant tout juste d'entrer au lycée mais qui, depuis toujours, ne comprend pas trop la façon dont certaines filles se "forcent" selon elle à paraître plus mûres et plus jolies sous prétexte qu'elles grandissent, comme si elles devaient suivre un moule bien défini. Elle en est persuadée: elles changent ainsi radicalement pour plaire aux garçons. Et sans doute Sora, alias "Ten", l'un de ses nouveaux camarades de classe, est-il pareil du côté des garçons quand il se montre très gentil et serviable envers elle: avec son physique très grand, il fait sûrement partie de ces garçons cherchant à amadouer les filles! Pourtant, elle risque assez vite de voir que Ten, ne joue aucun rôle et est tout simplement d'un naturel comme ça, toujours prêt à rendre service et sans calculs. En se rapprochant de lui, la jeune fille se risquera-t-elle à changer elle aussi ?

Avec ce petit bout d'adolescente aux allures de garçon manqué et au caractère assez affirmé dans ce qu'elle pense, Tomosue pose d'emblée en Yû une héroïne plutôt attachante et qui pique l'intérêt, tant elle dénote: elle continue d'aimer des activités "de gosse" comme jouer au loup sans forcément faire attention aux apparences, elle reste tout simplement elle-même... mais a-t-elle raison, pour autant, de systématiquement avoir les avis qu'elle a sur son entourage qui change si vite ? En rencontrant Ten, elle a d'abord un avis négatif, mais se rendra vite compte que lui ne joue aucun rôle, voire même que derrière le côté gentil et "choupi" que les autres lui prête souvent il a également un côté viril...

Si le déroulement que prend ensuite le récit ne montre alors aucune surprise en se rangeant dans de la romance habituelle, l'intérêt de You My Baby n'est pas forcément là, mais bien dans la façon dont Tomosue aborde ses deux personnages principaux. Tout en faisant appel à des petites remarques pas méchantes mais témoignant de l'impact des apparences (Yû apparait si "gamine" auprès de ses amies qu'elles se demandent si elles sait ce qu'est l'amour, Ten est si serviable qu'il est comparé à un toutou...), la mangaka développe un début d'histoire d'amour où aucun des deux protagonistes ne se force ou ne se trahit. Par exemple, Yû ne va pas changer parce qu'elle pense à l'amour et veut plaire aux garçons, mais elle va tout doucement évoluer et revoir sa façon de penser et d'être sans se trahir et parce qu'elle est tombée amoureuse tout naturellement, sans se forcer à grandir plus vite qu'elle n'en avait besoin. Il y a bien quelques petites remarques qui peuvent agacer un petit peu au bout d'un moment (on pense surtout aux nombreuses fois où elle se dit que Ten est viril), mais dans l'ensemble on a une belle petite histoire, bénéfique dans sa manière de montrer avec attachement deux adolescents qui apprennent à grandir et à s'aimer à leur rythme.

Visuellement, au-delà de quelques légères maladresses de jeunesse (on pense au placement des yeux parfois, par exemple), Tomosue montre un style tout doux, un peu rond, particulièrement agréable et bienveillant, qui porte bien le récit. Quelques éléments de mise en scène font vraiment mouche, on pense à certaines planches à l'ambiance quasi-silencieuse assez forte, ou à certains focus sur les yeux quand les personnages se jettent des regards.

Côté édition, le petit format shôjo habituel d'Akata est toujours aussi soigné avec son papier souple et sans transparence ainsi que sa bonne impression. La jaquette est joliment élaborée, la traduction de Sahé Cibot retranscrit très bien le ressenti et la personnalité des protagonistes, et les choix de police/lettrage sont on ne peut plus convaincants.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction