X Day - Integrale Deluxe - Actualité manga

X Day - Integrale Deluxe : Critiques

Kanojotachi no X-Day

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 14 Septembre 2009

« On se rapproche du ciel mais il faudra bientôt redescendre sur terre … »

Ce n’est pas franchement une découverte : les adolescents, souvent mal dans leur vie, n’ont qu’une envie : détruire le lieu qui leur impose tant de souffrances, qui représente la société, ses règles et l’apparence. L’école. X-day est l’histoire un peu singulière de quatre jeune gens, trois élèves et un professeur, qui ne peuvent plus supporter la routine quotidienne et l’image d’eux que renvoie le système scolaire dans lequel ils se sentent enfermés. C’est par hasard qu’ils se rencontrent, bien que l’on sente que leur collaboration était inévitable. Et là commence une belle amitié : sur fond tragique, c’est la naissance de leur relation que l’on suit tout au long du tome de cette réédition. Et, si l’on se concentre principalement sur 11, le personnage qui introduit les réactions adolescentes marginales, chacun des quatre membres du groupe est exploité tour à tour. Entre la timide qui change du tout au tout lorsqu’elle est hors de l’école, devenant alors bavarde et excentrique, le professeur renfermé qui n’aime pas ses élèves ni ses collègues … mais aussi le jeune et populaire lycéen qui cache une peur panique, et enfin celle dont le chagrin d’amour ronge sa vie, ses sentiments, ses réactions, telle une statue de glace qui subit sans réagir, nous voilà servis ! Ce ne sont que quatre inconnus, choisis comme au hasard dans le gigantesque lot de leurs semblables. Et ce détachement, cette authenticité est très certainement ce qui fait la force de ce manga. Car malgré leur complicité, les questions qui demeurent chez chacun d’eux, ils parlent réellement de faire sauter l’école. Rêve ou réalité ? On s’en fiche ! Car si tout part de là, au final la lecture ne s’achève que sur ce qui pourrait bien être le début d’une autre histoire.

Au-delà des personnages complexes, des histoires très variées de chacun d’eux, on retient inconsciemment beaucoup de chose de la lecture, qui a le don d’apaiser un esprit coléreux. La solitude, la rancune et l’amertume peuvent être adoucis par une présence réconfortante, voilà ce que nous dit Mizushiro avec beaucoup d’habileté. Car si tout n’est pas parfait, si le bonheur total n’existe jamais, la quiétude, elle, peut survenir au détour d’un chemin. Et ce qui se passe pour nos protagonistes, qui n’ont fait que reporter le « jour X » à plus tard, s’ils venaient à en avoir besoin. En attendant, il faut profiter du monde qu’ils ont voulu détruire, et qu’à présent ils protègent. Leur monde. L’avantage de cette narration est qu’elle dépeint le tableau de l’éducation et de ses règles dans sa globalité, sans trop s’attacher au carcan japonais. Ainsi, chaque lecteur pourra se retrouver dans l’un ou l’autre des personnages, que ce soit Polaris, Kin-chan, Eleven on Jangalian, ou encore un élève « normal », qui n’a absolument pas conscience de ce qu’il se trame autour de lui. Ceux qui ont failli voir leur école, et donc leur vie, réduite en cendres. Ceux qui s’enferment dans leur monde sans prendre le temps de regarder autour … Une belle leçon de vie que nous apporte ici Mizushiro, sans en avoir l’air. Les émotions sont fortes, diversifiées et très bien retranscrites par le génie de la mangaka. On ne peut que reprocher une fin un peu rapide, dans laquelle l’auteur précipite toutes ses conclusions et finit par nous laisser un peu déconcertés par les dernières phrases du récit. C’est là, dans les dernières pages un peu trop chargées en symboles, qu’elle a perdu ses lecteurs, qui ne peuvent comprendre toute l’étendue et la portée de sa narration … Dommage que ce soit une habitude de la mangaka de nous frustrer de la sorte sur les dernières pages, car encore une fois on ne sait pas vraiment ce qu’il faut en penser … Ce qui est à la fois un défaut et une qualité, suivant ce que chacun attend d’une lecture.

Le tout est soutenu par le trait si particulier de Mizushiro, style qui lui permet de se différencier graphiquement et plus seulement scénaristiquement des shojos habituels. Les expressions sont caractérielles, les émotions bien rendues au milieu d’un dessin qui n’est pas uniquement esthétique. Malgré la dureté de certains traits qui peuvent déranger les lecteurs habituels de shojo, au sens où on l’entend actuellement, on rentre facilement dans l’univers de la mangaka, qui parvient à instaurer son style graphique sans bouleverser. Seul véritable reproche : les fonds sont assez irrégulièrement travaillés, quelques fois trop vides pour justifier la mise en avant des personnages. Rien de bien dérangeant, cependant … Sur ce shojo un peu spécial, où la question principale tourne autour des relations entre personnes se côtoyant sans se connaître pour autant, Asuka a tenu à faire une réédition du titre de leur mangaka phare. Celle-ci, présentée comme « Deluxe » est véritablement un bon travail. La qualité est au rendez vous (bien que les pages restent un tantinet trop fines, leur blancheur n’est pas une feinte …), pour un prix raisonnable. En effet, celui-ci est moins élevé que le prix total des deux tomes de la première édition, pour un travail plus satisfaisant. La rigidité de la couverture peut gêner quelque peu, mais elle permet une lecture qui reste agréable et surtout un grand format qui ne s’abîme pas. De plus, la couverture est attrayante, bien plus que celle de la première édition, et on a le droit à une histoire bonus surprenante ! Mizushiro y fait intervenir des « vaches » sous forme humaine, dans un autre temps, dans un autre lieu alors qu’elle aime d’ordinaire ancrer ses histoires dans un contexte réaliste. Un peu courte pour en saisir tranquillement toute la portée, on la lit en quelques minutes et la lecture surprend : quelle étrange mais très subtile réflexion sur la place de l’homme et le statut de l’animal ! Une nouvelle qui ne nous laisse pas de marbre, et qui nous invite à regarder d’un œil critique nos représentations des choses, afin de ne pas s’arrêter à l’apparence. Et si les animaux aussi étaient des hommes ? En somme, rien à dire, des rééditions comme ça, on aimerait en avoir plus souvent !


NiDNiM


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs