Ultraman - Les origines Vol.1 - Actualité manga
Ultraman - Les origines Vol.1 - Manga

Ultraman - Les origines Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 13 Avril 2022

Grande figure du tokusatsu, ces œuvres au format vidéo usant pléthores d'effets spéciaux et ciblant généralement les séries et films de super-héros japonais ou de kaiju, Ultraman, figure crée par Eiji Tsuburaya, reste un personnage très méconnu en France. Pourtant, le héros a eu droit à plus d'exposition chez nous depuis une poignée d'années, que ce soit par la série animée chapeautée par Shinji Aramaki et Kenji Kamiyama pour Netflix, ou le manga d'Eiichi Shimizu et Tomohiro Shimoguchi dont 16 volumes sont disponibles aux éditions Kurokawa. L'entité prend cependant de l'importance en occident, quand bien même nous n'avons pas droit aux œuvres d'origine, ce qui passe par son intégration dans le monde du comic book américain.

En effet, c'est en avril 2020 que le célèbre groupe Marvel annonce avoir acquis les droits, en vue de développer sa propre série de comics. Celle-ci porte pour titre original The Rise of Ultraman, et est crée à huit mains : Kyle Higgins et Mat Groom à l'écriture, Francisco Manna au dessin, et Espen Grundetjern à la mise en couleur. Tous ont déjà une belle expérience dans le comics, ayant notamment flirté avec les univers DC et/ou Marvel. En parallèle à la parution sous forme de fascicules des épisodes individuellement, deux volumes reliés ont été publiés aux Etats-Unis à l'heure où la série sort chez nous.
Affilié aux œuvres Marvel, Panini devient tout logiquement l'éditeur de cet Ultraman dans nos contrées. Le comics prend pour titre francophone Ultraman : Les origines, le premier tome nous étant proposé au début du mois d'avril 2022.

S'inspirant de l'Ultraman d'origine avec un certain degré de fidélité, le comics narre l'aventure de Shin Hayata et Kiki Fuji. Cette dernière, contrairement à son ami, est parvenue à intégrer la Patrouille Scientifique Unie, dite "PSU", un organisme luttant contre les Kaijus, des montres géants et agressifs dont les origines demeurent mystérieuses. En parallèle réside un mystère, celui des Ultras, entités cosmiques jouant un rôle dans cette guerre contre les Kaijus. Par un concours de circonstances, Hayata entre en contact avec l'un de ces êtres. D'abord présumé mort, il gagne la capacité de devenir Ultraman le temps de quelques minutes, un pouvoir qui permettra de lutter contre ses ennemis tout en cherchant à lever le voile sur les mystères gravitant autour des Kaijus et de l'ambigu organisme qu'est le PSU.

Véritable origin story, la série Ultraman sous l'égide Marvel a pour mérite de ne nécessité d'aucun prérequis. En puisant dans l'intrigue originale, au point de reprendre plusieurs noms de personnages comme ceux des deux héros, les auteurs Kyle Higgins et Mat Groom semblent vouloir jouer entre l'hommage et la relecture moderne au format de bande-dessinée, afin de créer une porte d'accès ciblant le plus grand nombre, et pas uniquement les amateurs de comics. L'idée n'est pas de lier, ici, Ultraman au grand univers des super-héros Marvel (même si l'idée est un poil alléchante, tant la figure cosmique d'est l'entité centrale aurait sa place dans le grand canon Marvel), mais de proposer une histoire indépendante.

Pourtant, ce début d'intrigue pourrait rebuter par un certain classicisme. Celle-ci dépeint l'aventure de deux héros jetés dans une lutte opposant le PSU aux monstres que sont les Kaijus, l'organisme ayant largement de quoi nous faire douter bien rapidement, par ses meneurs dont on doutera assez rapidement. Un surplus de manichéisme ? Pas vraiment, et c'est là que ce premier tome joue sur une certaine habileté. Au fil des chapitres, le récit gagne en ampleur et en complexité, présentant ses dilemmes par diverses révélations quant à l'origine des Kaijus et la manière dont le PSU se débarrassait d'eux jusqu'ici, créant un enjeu reposant sur la collaboration des uns et des autres. Au final, le rôle de Hayata en tant qu'Ultraman ne constitue qu'une petite part de ce début d'aventure qui se plait à présenter son univers et ses personnages, créant des connexion ambiguës entre eux, et gardant finalement quelques mystères sous le coude dont le secret des entités cosmiques que sont les Ultras. L'ensemble est bien équilibré sur le plan scénaristique, tout en entretenant le dosage entre la progression du scénario et quelques scènes d'action qui vont mettre à contribution les talents de Francisco Manna et du coloriste Espen Grundetjern.

Car Ultraman : Les origines revendique sa touche occidentale, ne serait-ce sur le fait que nos héros nous apparaissent bien caucasiens malgré leurs identités japonaises. C'est sûrement le principal bémol du comic book, ce petit côté whitewash. Sans parler d'établir ces stéréotypes graphiques asiatiques, il y avait peut-être un juste milieu à établir.
A côté, les expériences de Manna et Grundetjern sur le récit de super-héros se ressentent totalement, que ce soit par la représentation cosmique particulièrement réussie d'Ultraman, le caractère sombre de certaines phases de dialogue, ou simplement différentes planches dédiées à l'action, la démesure de leur mise en scène ou des effets de couleurs qui traduisent les puissances des entités et des technologies.

Du côté de l'édition, Panini nous propose un format souple, ce qu'on pourrait regretter un poil quand on sait que l'éditeur propose parfois, pour le même prix, des couvertures rigides (comme dans la collection Marvel Must Have). Si le contexte actuel lié à la crise du papier, le succès parfois restreint du comics dans nos librairies et la figure moins populaire qu'est Ultraman dont des facteurs qui peuvent rentrer dans l'équation, la question de ce choix tarifaire se pose légitimement. Cela n'enlève toutefois pas la bonne qualité de l'ouvrage, complet par sa compilation d'illustration de couvertures des fascicules américains ou ses histoires annexes en guise de complément, ainsi qu'un petit dossier sur les origines de la figure d'Ultraman afin de guider les néophytes.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction