The Ichinose Family's Deadly Sins Vol.1 - Actualité manga
The Ichinose Family's Deadly Sins Vol.1 - Manga

The Ichinose Family's Deadly Sins Vol.1 : Critiques

Ichinose-ke no Taizai

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 24 Mai 2024

L'an dernier, le jeune artiste Taizan5 fit une arrivée en fanfare dans nos contrées avec "Le péché originel de Takopi", sa première série professionnellement publiée qui, outre son succès commercial au Japon, semble avoir ravi le lectorat francophone en tant que drame hautement bouleversant, un ton qui va de pair avec la patte si atypique de l'auteur. Alors, quand il est annoncé que l'intéressé publie cette fois dans la mythique revue Shônen Jump, il y a de quoi être une nouvelle fois intrigué.

"Ichinose-ke no Taizai" voit le jour en 2022, mais aura eu une durée de vie limitée, puisque le 6e opus est venu conclure l'œuvre en mars dernier, côté Japon. Chez nous, il paraît indéniable que la maison Pika aurait voulu poursuivre sur sa lancée en récupérant le dernier-né de Taizan5, mais c'est finalement chez Kana qu'atterri l'œuvre, sous l'intitulé cette fois anglophone "Ichinose Family's Deadly Sins", preuve que le mangaka aime le registre du péché. À voir alors s'il a aussi récidivé dans un style aussi marquant que pour Takopi...

Collégien, Tsubasa Ichinose se réveille sur un lit d'hôpital, entouré de ses proches. Il lui est arrivé un accident, et le garçon émerge avec certaines séquelles puisqu'il est désormais amnésique. Les regards de son entourage semblent chaleureux, mais lui ne se souvient plus de ceux qui sont à son chevet. En réalité, tous les membres de la petite famille, 6 personnes au total, sont amnésiques suite au fameux accident subi. Malgré la situation, nul ne se laisse abattre, et le foyer tente d'aller de l'avant en cherchant à provoquer un retour de leurs mémoires. Ce qui semble être une épreuve qui la rassemble tourne au vinaigre quand, de retour chez elle, la famille Ichinose se rend compte qu'elle n'était peut-être pas comme les autres avant le drame...

Quand Taizan5 renoue avec la tranche de vie aux élans émotionnels forts, on peut s'attendre à ce que tout ne se passe pas comme prévu pour le casting de personnages, et que le vrai récit que concocte l'artiste soit dans le domaine de l'imprévisible. Aussi, après une amorce pleine de chaleur qui donne le ton d'un récit naïf et douillet, chose aidée par le trait hésitant du maître qui accentue la dimension innocente de l'œuvre, le manga plante ses vrais enjeux. Exit alors le côté paisible aux côtés de cette famille certes amnésique, mais charmante. Par un exercice de narration habile, le ton bascule pour donner lieu à un cadre mystérieux, plantant chaque membre des Ichinose comme une énigme dont on ne sait rien. Chaque facette pourrait cacher les pires secrets possibles, et ce sera à la série, sur ses 6 tomes, de nous conter ceci. Si le concept de l'amnésie est toujours utile pour permettre à un personnage de découvrir la vraie teneur des enjeux au même rythme que le lecteur, pousser aussi loin le concept semble être brillant quand il est couplé au travail d'atmosphère propre à l'artiste.

C'est aux côtés du héros, Tsubasa, que ce vrai jeu de piste aux airs glauque débute. Sur ce premier tome, il semblerait que Taizan5 adopte un schéma narratif assez linéaire, développant plusieurs des membres de Ichinose les uns après les autres, tandis que la vedette est donnée au héros. Car Tsubasa a beau nous attendrir avec sa bonne humeur et ses sourires candides, qui est-il vraiment ? Lui-même ne le sait pas, et son entourage non plus. L'un des intérêts de son "arc" vient donc des éclaircissements apportés, ce qui passe par des relations humaines particulièrement houleuses. Pas de toute, on est dans un manga de Taizan5, et ce dernier introduit ici le thème du harcèlement scolaire de manière brusque et dérangeante, ce qui passe par son dessin qui demeure excellent pour jouer dans les extrêmes, que ce soit dans la naïveté ou, au contraire, la dureté des rapports. Alors, si on est forcément alléchés de découvrir les mystères que cache la famille Ichinose, on est aussi pris par le retour à la normale de Tsubasa, ce qui n'est pas forcément gage de douceur.

Et pourtant, ce premier volet sait trouver un joli équilibre, en ne versant pas uniquement dans le grave et dans le pathos. L'artiste rend son récit très nuancé, notamment en ce qui concerne ses personnages dotés de différentes facettes, ce qui ne l'empêche jamais d'attester que certains drames sont immoraux. C'est le cas du segment autour de Tsubasa et de son ami, mais aussi de Nakajima, et même de la sœur du protagoniste dont le propre arc permet d'emblée un certain renouveau, de mettre l'accent sur d'autres mystères, et de montrer un autre type de rapports particulièrement dérangeant.
Et si on est pris dans les cas individuels des premiers membres de la famille dans leur redécouverte du quotidien, tous les grands mystères qui entourent les Ichinose restent entiers. En ce sens, publier en simultanée les deux premiers tomes de l'œuvre, ce qui correspond à un tiers de celle-ci, est loin d'être déconnant. Néanmoins, ce seul premier opus est suffisamment riche et prenant en termes d'atmosphère et d'esthétique pour que l'envie de se plonger dans la suite nous prenne immédiatement. La première impression est donc positive, mais on ne se privera pas de pousser la découverte plus loin de manière immédiate, puisque Kana nous en donne l'occasion.

Du côté de l'édition, la maison franco-belge offre un travail classique pour ce qui est des ouvrages de sa collection shônen. Un format poche et souple, donc, un papier fin, mais de bonne facture, et une impression des plus correctes garantissent les bonnes finitions de l'ouvrage. Saluons aussi la traduction d'Aline Kukor qui sait jouer sur les caractères de personnages imperceptibles et sur les variations des ambiances.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction