Sorcières de la fin du monde (les) Vol.3 : Critiques

Sekai no Owari to Majo no Koi

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 23 Février 2022

Chronique 2 :

Projetées dans le monde interdit des humains le temps d'un court périple pendant lequel elles se sont encore rapprochées jusqu'à commencer à nourrir des sentiments mutuels, l'humaine à part Mari et la jeune sorcière prodige Alice ont pu être ramenées dans le monde des sorcières par la professeure Dolly. Quant à Myriam, à l'origine de l'invocation du démon fauteur de troubles, elle a été démasquée, arrêtée et emprisonnée, tandis que ses "amies" ne se sont pas gênées pour rejeter toute la faute sur elle seule.

Mais hélas pour nos deux héroïnes, cela ne met aucunement fin à leurs problèmes, bien au contraire: préférant prendre les devants dans son objectif de ressusciter sa bien-aimée Aïlys tragiquement disparue il y a bien longtemps, Dolly a préféré ordonner la séparation de Mari et d'Alice, les deux jeunes filles n'étant plus dans le même dortoir et, plus inquiétant, Mari n'ayant désormais pas vu Alice depuis un moment. La jeune humaine est désormais toute seule en cours, on la force constamment à redonner la vie à des êtres qui l'ont perdue sans qu'elle sache que cela sert le but caché de Dolly... et le fait est qu'Alice lui manque toujours plus, ce qui laisse de moins en moins de doutes sur ses sentiments. Mari entreprend alors une petite "enquête" pour retrouver son amie, puis apprend avec inquiétude ce qui arrive aux pouvoirs des sorcières tombant amoureuses, et ce qu'il advient peut-être de celles ayant perdu leurs pouvoirs à cause de ces sentiments jugés obsolètes. Dès lors, il lui faudra faire certains choix pour essayer de retrouver Alice. Mais en plus de Dolly, une autre figure sort enfin de l'ombre pour mettre ses desseins à exécution: la fameuse Alice Kyteler, ancêtre d'Alice...

Suffisamment intrigante, riche et attachante (surtout grâce à la relation se construisant entre ses deux héroïnes), la lecture des deux premiers tomes des Sorcières de la Fin du Monde laissait forcément sur de fortes attentes en vue de troisième volume, ce dernier ayant la charge de déjà conclure l'oeuvre. Et au vu de l'univers dépeint par KUJIRA, cet intérêt était mêlé à une certaine inquiétude: comment donc la mangaka allait-elle parvenir à tout refermer en un seul tome, d'autant que ce dernier volume reste court avec ses seulement 130 pages et quelques ? La réponse n'est ni très positive, ni très négative: concrètement l'autrice parvient à offrir une issue à quasiment chaque piste, mais elle effectue ça dans un rythme beaucoup trop précipité, à-vrai-dire tellement précipité que la majorité des événements et des ultimes révélations ne fait que très peu d'effet.

On sent pourtant, en permanence, que la mangaka sait où elle va dans son scénario. Après les révélations sur les desseins de Dolly, la vraie entrée en scène d'Alice Kyteler et la vérité sur ses objectifs jouissent d'une réelle logique, font peser une menace intéressante sur les mondes des humains et des sorcières, s'accompagnent d'informations complémentaires bien pensées. Le tout sert correctement (du moins, sur le papier) le background global de l'univers en faisant écho au passé de ce monde, à la relation d'autrefois entre sorcières et humains, aux origines et à l'utilité réelle de l'école de sorcellerie. Et en filigranes, ce sont alors certaines thématiques prometteuses que l'autrice esquisse, que ce soit sur les différences entres sorcières et humains, sur certains sentiments (l'amour, l'amitié) censés être l'apanage de l'humanité, sur le conflit perdurant entre les deux peuples à cause des erreurs du passé. Mais le gros problème, c'est que tout, vraiment tout, va bien trop vite, sans laisser le temps d'installer une ambiance et des enjeux plus prégnants, et sans approfondir les différents sujets.

Reste, alors, une réelle satisfaction: la place donnée à Mari et à Alice, jusque dans l'épilogue assez classique mais suffisamment nuancé et malin. Les deux héroïnes ont assurément été, depuis le début de la série, l'élément central, tant KUJIRA a essayé de développer vite et bien l'évolution de leur relation, au départ froide, puis devenue amitié et enfin transformée en amour véritable. Et cet amour, entre ces deux adolescentes que des enjeux plus grands et les dépassant ont failli briser, il est abordé par la mangaka avec des idées claires, nos héroïnes brisant joliment les tabous et diktats de leurs mondes respectifs, avec toujours leur pointe de candeur.

On se retrouve alors avec un final à la fois intéressant et frustrant. Intéressant, car toutes les idées sont bel et bien là. Et frustrant, car tout va beaucoup trop vite, au risque de clairement laisser sur une sensation de trop peu concernant certains éléments importants. Un ou deux tomes en plus n'auraient sans doute pas été de trop pour mieux laisser profiter de l'univers, et mieux en développer le background...


Chronique 1 :

Après leur séjour dans le monde des humains, Mari et Alice sont ramenées dans leur école par Madame Dolly. Mais redoutant que la petite protégée de l'académie ne perde ses pouvoirs après avoir cédé aux tentations de l'amour, elle sépare le duo. Myriam, démasquée et emprisonnée, est interrogée par Mari qui découvre les raisons de la prise de distance de son amie...

Ce troisième tome marque déjà la fin de la série fantastique et romantique de Kujira. Sur ses deux premiers volumes, Les Sorcières de la Fin du Monde s'est montré appréciable, par un univers à la fois froid et mystique contrasté par la relation fraiche et douce entre les deux héroïnes, à deux pas d'être frappées par l'amour, si ce n'est pas déjà le cas pour l'une d'entre elles.

Seulement, on se demandait bien comment la mangaka pouvait, en un seul opus, conclure une si ambitieuse intrigue autour de la vengeance des sorcières, ce en répondant aux quelques mystères du scénario et en menant les développements à terme. Elle parvient pourtant à réussir l'exercice, non sans mal.
C'est c'est bien ce qui fait défaut à ce dernier volet de la trilogie : Le programme est dense, et l'autrice semble ne pas avoir le temps de tout honorer convenablement, à moins que cette cadence effrénée soit un choix délibéré. De la révélation sur les sentiments d'Alice jusqu'au climax intense en passant par la mise en place de l'ancêtre démoniaque du personnage, ce troisième tome a pour caractéristique principale de ne pas être avare en événements, développements et rebondissements. Bien trop, même, les informations étant si nombreuses qu'une lecture attentive est de mise, en prenant le temps de souffler entre deux chapitres afin de digérer toutes les données traitées. Cette écriture va crescendo jusqu'aux dernières pages, de manière assez délicate tant le choix de l'événement final est audacieux et aurait mérité d'être plus fouillé. Le lecteur doit donc englober toutes ces révélations au même rythme que le volume, aussi on y reviendra peut-être à deux fois pour tout saisir comme il se doit. Le tome final n'est pas incompréhensible en soi, très loin de là, mais met trop vite les pièces du puzzle en place pour que l'intrigue globale soit limpide à première vue.

Mais soyons bon lecteur, le rythme n'est pas le seul élément qui caractérise la fin qui, au delà de sa forme, s'avère particulièrement jolie. La relation entre Mari et Alice est menée à terme tandis que les grands enjeux de l'œuvre sont résolus. L'alchimie entre les héroïnes fonctionne bel et bien, et ce n'est finalement que le court temps d'apparitions des deux jeunes sorcières ensemble qui nous laisse sur un regret de ce côté. Kujira n'a jamais perdu de vue la douceur qui émane des rapports entre elles, ce qui ne change pas dans ce tome final. A ce sujet, il y a de quoi se réjouir.

Le dernier segment de la série est donc en demi-teinte. Les idées globales ont beau être enthousiasmantes, leur exécution est bien trop vive pour permettre un développement idéal, bien que la fin réussit à rester dans une optique intimiste concernant les deux protagonistes. Dommage, car Les Sorcières de la Fin du Monde aurait gagné en fluidité avec un ou deux opus supplémentaires, l'intrigue proposée par la mangaka se tenant bien mais restant trop expédiée sur sa fin.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

12 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
12 20
Note de la rédaction