Rêverie - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 07 Novembre 2019

Entre l'auteur chinois Golo Zhao et la France, il y a comme une grande histoire d'amour. C'est en 2011, avec la sortie aux éditions Fei de la série jeunesse franco-chinoise La Balade de Yaya, que son talent éclate aux yeux du public. Et depuis, on le retrouve régulièrement dans notre pays, que ce soit pour es tournées, ou via la parution de plusieurs autres albums chez différents éditeurs, dont certains comme Hello Viviane chez Pika se référaient déjà beaucoup à la France. Qui plus est, l'artiste ne cache pas son intérêt pour la culture européenne et surtout française, et il n'est donc pas étonnant de le voir publier cette année, aux éditions Casterman, un album de 230 pages en grand format, se déroulant à Paris, et mettant en scène son alter ego.

Car dans Rêverie, on suit pendant une journée et une nuit l'escapade parisienne de Monsieur Z. (comme Zhao), un auteur de BD se qualifiant lui-même d'auteur de seconde zone. Revenant de tournée, il rejoint à Paris Xiao-Yu, une amie née en Chine et vivant en France qu'il a rencontrée lors d'un festival. A ses côtés, il va passer ses dernières heures en France, du moins jusqu'à sa prochaine tournée. Entre promenades, haltes dans des cafés, rencontre avec d'autres connaissances de Yu, des moments joyeux, des rapprochements oud es désillusions pourraient avoir lieu. Mais au gré de tout ceci, Z. va surtout connaître sa propre "Rêverie", comme le lui suggère la musique éponyme de Debussy qu'il aime tant.

La construction du récit est assez simple: tout en profitant tout simplement des instants passés avec Yu en flânant dans la capitale française, Z. a régulièrement des sortes de micro-rêveries, où les petits moments qu'il vit lui inspirent des illusions étranges et presque réelles. Une femme affirmant à son ami qu'elle vient de Jupiter et qu'il ne faut pas tomber amoureux d'elle, une autre qui se retrouve touchée par une étrange épidémie créant des trous, un inspecteur de police devant faire équipe avec des animaux, un bus qui vole, un projecteur permettant de se rendre de la préhistoire jusqu'à un futur lointain, etc, etc... Distillés dans le récit selon ce que Z vit et éprouve, ces petits moments irréels et semblant pourtant si ancrés dans la ville paraissent être autant de débuts d'histoires issues de l'imagination de l'artiste. Et cela semble encore prendre plus de sens quand, vers la dernière partie de l'ouvrage, Z se retrouve à discuter dans un café avec Debussy et des peintres impressionnistes, jusqu'à interroger le rapport qu'un artiste peut avoir avec son art.

Et dans l'art de Z./Zhao, il est évident que Paris devient ici le lieu propice à l'imagination. C'est au gré de ses déambulations diurnes puis nocturnes dans la ville, de ses moments passés avec Yu, de ses discussions, de ses observation de la capitale, que germent tous ses moments de "rêverie". Et pour cela, Golo Zhao s'applique évidement beaucoup dans la représentation de la capitale telle qu'il la voit voire la fantasme, de son point de vue d'auteur chinois. Les éléments de savoir-vivre comme les cafés, le café, le fromage ou les terrasses, les transports comme le métro (les stations sont omniprésentes) ou le bus de nuit, les petites rues où on peut flâner derrière les avenues, l'architecture typique, l'atmosphère rétro-moderniste que l'on peut se plaire à imaginer et que l'auteur fait bien ressortir dans ses nuances de marron... Entre les mains de l'artiste, Paris devient un vrai théâtre des possibles, voire un personnage à part entière qu'il se réapproprie selon la vision qu'il en a. Et il effectue tout ça en soignant toujours beaucoup ses décors extérieurs intérieurs, réalistes et témoignant sûrement d'une profonde immersion Zhao dans la capitale.

Au niveau de l'édition, c'est du tout bon, avec un grand format adéquat, une très bonne qualité de papier et d'impression, et un travail de traduction et d'adaptation soigné.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction