Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 22 Mai 2024
L'Empire Romain vient de connaître un nouveau tournant dans son Histoire avec la mort de Néron: de plus en plus isolé, acculé, incapable de voir ses erreurs et d'accepter l'idée d'être haï par le peuple et par une bonne partie de son entourage, l'Empereur tant décrié a été poussé à mettre fin à ses jours. Une nouvelle ère va s'ouvrir, on se demande bien quel impact elle aura sur Pline... et pourtant, avec cet avant-dernier volume de leur oeuvre, Tori Miki et Mari Yamazaki choisissent non pas de poursuivre de façon linéaire leur manga, mais plutôt d'ouvrir un chapitre nous emportant encore plus loin dans le passé, et plus précisément à la découverte de toute les grandes lignes de la jeunesse de leur historique personnage principal, depuis ses six ans et son enfance dans sa famille non loin du lac de Côme, jusqu'à ses premières années à Rome en tant que jeune adulte. Au vu des récents événements, ce retour en arrière pour approfondir le parcours de Pline semble plutôt bien placé.
"Quel besoin ai-je de partir quand ici se trouvent tant de choses que je veux connaître ?"
Dès son plus jeune âge vers Côme, Gaius Plinius Secundus ne manque pas de nous fasciner ici, par sa manière d'observer en détails la nature, la faune et la flore, et par sa manière d'apprendre alors un paquet de choses seul, ce qui visuellement nous gratifiera aussi de quelques planches naturalistes magnifiques. Au gré des années, depuis ce doux âge jusqu'à sa rencontre avec le jeune Tacite dans les toutes dernières pages du volume, en passant par ses 8 ans où il brille via ses grandes connaissances, par différentes rencontres et retrouvailles, par certaines dures réalités, par d'importants fait historiques (en tête l'évènement de l'Empereur Claude) et évidemment par nombre d'apprentissages, on ressent en permanence l'unicité de cet homme qui, tout le temps, s'applique à observer, à vouloir comprendre toujours plus profondément le monde. Pline réfléchit sur tout et surtout sur la nature, ce qui donne lieu aussi bien à des choses passionnantes (par exemple, sa petite réflexion sur les routes qui disent beaucoup sur le mode de vie des hommes) qu'à des instants où il est dans un fascinant décalage avec son entourage (à l'image de sa découverte du jeu de la marelle quand il est enfant) ou, inévitablement, à des moments où il semble justement trop décalé pour certaines choses, en tête desquelles l'art d'aimer.
Ajoutons à ça les habituelles discussions passionnantes et passionnées entre les deux mangakas en fin de volume, et on obtient un avant-dernier tome résolument captivant dans le portrait qui est fait du personnage central de l'oeuvre, et dans les richesses qui en découlent sur l'importance de réfléchir sur le monde et sur la nature. Après ça, certes, on se demande bien comment Tori Miki et Mari Yamazaki vont pouvoir conclure leur oeuvre en un seul tome (puisque, rappelons, le volume 12 est le dernier), mais ils ont toute notre confiance au vu de la maîtrise montrée jusque-là.