Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 12 Juillet 2023
La Rei que Shinji connaissait n'est plus, son enveloppe abritant maintenant une fille froide, comme celle qu'elle était avant de rencontrer le garçon. Shinji et Misato savent maintenant la vérité au sujet de Rei, et d'autres coups de théâtre s'apprêtent à avoir lieu, devant leurs yeux. Tandis que les tensions entre la SEELE et la NERV gagnent en ampleur, Kaworu sort le grand jeu en dévoilant sa véritable identité et le rôle qui lui incombe...
Avec ce sixième (et avant-dernier) volume de la Perfect Edition du manga Evangelion, l'adaptation retranscrit les derniers événements de la série télévisée, ou du moins jusqu'au 24e épisode. Pour la suite, Yoshiyuki Sadamoto fait le choix de se diriger directement vers l'intrigue du film The End of Evangelion, en intégrant davantage sa touche personnelle dans l'intrigue de Hideaki Anno.
Davantage centré sur les personnages, l'opus précédent ne manquait clairement pas d'impact, tout en entretenant quelques éléments forts du scénario. Dans cette suite, on sent bien que l'histoire approche de son dénouement, toute l'action guidant vers des réponses qui prennent une forme nouvelle à travers la version manga. Ainsi, Sadamoto n'hésite pas à nous livrer des informations capitales, de manière plus convenue que ne l'a fait le format animé. Pour certains, ce sera sans doute un atout permettant de mieux saisir la richesse du récit et de sa mythologie, tandis que d'autres préfèreront la vision d'Anno, laissant davantage place au mystique et à l'interprétation. Et que l'on aime ou non le choix du mangaka, il permet à son oeuvre de s'imposer comme une vision à part entière, plus qu'un ersatz de l'anime d'origine.
Concernant la trame présentée, celle-ci annonce formellement atteindre son dernier arc, suite à un événement de début d'ouvrage qui vient achever le développement de Kaworu. Un personnage qui n'aura eu qu'une brève apparition, mais dont l'écriture confirme une ambiguïté appréciable, tant on ne sait que penser de lui, tandis que les révélations à son sujet justifient ses actions depuis son entrée en scène. On retiendra aussi son lien avec Shinji, tout aussi nébuleux, apportant une interaction nouvelle et à l'issue qui rend la chute psychologique du héros censé.
Mais rapidement, on entre dans l'arc final, celui du film "The End", où les enjeux évoluent drastiquement. La force de la version de Sadamoto est de coupler ce champ de bataille inédit à des révélations présentées de manière terre à terre, afin que le lecteur identifie précisément le cercle vicieux qu'est cette guerre et l'absence d'issue, rendant les échanges entre Shinji et Misato encore plus percutantes. En réalité, le tout est si dense dans ce qui est raconté que revenir sur chaque point demanderait un écrit bien longuet. Reste que ce début de bataille, intense au possible et lourd dans ses enjeux, nous marque sur chaque point, et notamment sur les développements de plusieurs personnages phares.
Dans ce climat, le sort de Shinji nous prend encore plus aux tripes. Si le protagoniste est devenu une sorte de gag au fil du temps, dans sa non-capacité à piloter l'Eva, sa psychologie prend un sens indéniable dans les présents événements, l'enfant étant baigné dans un cercle d'adultes aussi froids que dépourvus d'empathie, alors qu'il a perdu toux ceux auxquels il pouvait se rattacher.
De nouveau, le manga Evangelion se révèle brillant, et ce volume aura même le pouvoir de réconcilier les spectateurs n'ayant pas adhéré à la vision plus nébuleuse de Hideakki Anno, Yoshiyuki Sadamoto choisissant de narrer plus simplement les clés de l'univers. On en redemande, sachant que le prochain tome sera le dernier, et que celui-ci ne devrait pas nous épargner, nous comme les personnages.