Mr. Mallow Blue Vol.1 - Manga

Mr. Mallow Blue Vol.1 : Critiques

Mr. Mallow Blue

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 11 Janvier 2024

Il semblerait que le manga shôjo entre dans une nouvelle ère en ce qui concerne nos contrées francophones. Pendant trop longtemps relégué au rang de la romance naïve, la catégorie regagne ses lettres de noblesse, ce qui passe par des lectrices et lecteurs dynamiques dans leurs demandes et des éditeurs qui prennent la chose avec davantage de sérieux. Ainsi, plusieurs maisons font des publications shôjo un vrai petit événement, à l'instar de Glénat qui a lancé plusieurs titres en fin d'année 2023.
Parmi eux, Mr. Mallow Blue, un manga toujours en cours que l'on doit à l'autrice Akaza Samamiya, que nous connaissions pour les récits "Bloody Mary" et "Ballad x Opera", ce dernier étant d'ailleurs sorti chez Glénat lui aussi.

En cours depuis 2019, Mr. Mallow Blue est prépublié dans la revue Asuka des éditions Kadokawa, un magazine shôjo auquel l'artiste est attachée puisqu'elle y a publié la majorité de ses œuvres, et l'ensemble de ses mangas les plus importants. À ce jour, 4 tomes sont disponibles dans les librairies japonaises. La parution étant plutôt lente, il sera donc rapide pour le lectorat francophone de rattraper son retard, d'autant plus que le deuxième opus est sorti chez nous en ce tout début d'année 2024.

L'histoire est celle de Shizuki Aoi, un adulte de 27 ans qui vit reclus dans son studio. Depuis qu'il a été harcelé en classe de Seconde, au lycée, il a tourné le dos à la vie "ordinaire". Après avoir été déscolarisé, il a quitté le domicile familial pour ne pas causer de tort. Ce qui le retient à la vie ne tient qu'à un fil qui se brise lorsqu'il retrouve un ancien "ami", et accessoirement la personne responsable de son harcèlement. Alors qu'il tente de se donner la mort, Shizuki se réveille dans un autre corps, celui d'une lycéenne nommée Tsumugi Sakura, qui semble vivre le même cauchemar que lui autrefois. Quant à la concerner, il se pourrait qu'elle ait été transférée dans le corps du garçon...

C'est sur ce pitch peu guilleret que débute Mr. Mallow Blue, avec un premier opus qui revisite la mécanique du changement de corps, mais à une sauce plus dramatique. Si Akaza Samamiya souhaitait d'abord écrire une comédie, elle propose finalement un drame humain garni de sujets particulièrement graves -et malheureusement actuels- tels que le harcèlement scolaire et la perdition vis-à-vis de la société contemporaine. Pour l'heure, c'est principalement un homme, Aoi, coincé dans le corps de Tsumugi, que nous suivons. Un échange d'enveloppes charnelles qui met un petit temps à arriver tant la mangaka pose un rythme assez lent afin de planter son contexte, les deux personnages clés ainsi que les enjeux émotionnels qui gravitent autour d'Aoi. Le récit entre vraiment dans le vif du sujet à sa moitié, une approche plutôt idéale afin de mieux saisir le personnage principal et sa psychologie, et par conséquent comprendre ses choix et le rendre attachant.

Pour l'heure, Mr. Mallow Blue est donc un drame social ponctué d'une petite touche de surnaturel, où l'enjeu n'est pas tant pour Aoi de trouver un moyen de récupérer son corps. C'est davantage le cours de cette deuxième existence qui est traité pour l'heure, ce qui sera un moyen pour le protagoniste de réussir là où il a échoué autrefois. Non pas que le harcèlement soit traité de telle sorte à imposer le poids du fardeau sur la victime, mais ce premier volume a pour idée brillante de traiter une possible humanité par la présence d'une aide précieuse pour le héros : Minazuki. Personnage de soutien, il est pourtant le deuxième élément le plus captivant de cet ouvrage grâce à ses propres dilemmes. Ce dernier ne parvient à voir les gens tels qu'ils sont vraiment physiquement, comme si ceux-ci étant constamment affublés d'un masque social, une persona, qui ne permet pas au garçon de voir leurs vraies apparences. Parce qu'Aoi sous les traits de Tsumugi commencera à changer la donne, le développement de Minazuki sera certainement un autre point passionnant du récit à suivre, tant celui-ci ne manque pas de déjà nous accrocher.

Scénaristiquement, la proposition est particulièrement réussie, et se révèle aussi émouvante qu'éprouvante grâce à son atmosphère très torturée, parfois mélancolique, qui donne un charme certain au récit. Mais parce que ce premier volume amène des moments parfois durs, tels que du harcèlement et une tentative de suicide, peut-être qu'il n'est pas à mettre entre toutes les mains. Mais pour un lectorat averti et conquis, l'envie de suivre la dernière série en date d'Akaza Samamiya est particulièrement forte !

Du côté de l'édition, Glénat semble avoir fait de Mr. Mallow Blue l'un de ses chouchous, avec une fabrication tout à fait ravissante. Ainsi, la couverture se dote d'un papier au grain particulier, avec une première de couverture magnifiée par un vernis sélectif. Les colorations sur les couvertures du livre sous la jaquette ainsi qu'un papier assez spécial utilisé sur les pages couleur de l'ouvrage confirment son élégance, une qualité qui a un prix puisque le volume est vendu 9.50€. Un achat plus complexe pour les bourses modestes donc, aussi on se rassurera sur le peu de volumes parus à ce jour et sur le rythme de parution japonais. Le lecteur n'aura donc pas à passer à la caisse tous les deux mois, loin de là.

Du côté de l'adaptation, saluons le travail de la traductrice Hana Kanehisa qui nous offre un texte parfois lourd, et par conséquent dans le ton de l'œuvre et de son ambiance. Le lettrage signé Hinoko est aussi soigné, et s'intègre parfaitement dans l'élégance des planches d'Akaza Samamiya.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs