Migratory Birds & Snail Vol.1 - Manga

Migratory Birds & Snail Vol.1 : Critiques

Watari Tori to Katatsumuri

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 13 Octobre 2023

Annoncée par les éditions Noeve Grafx en mars 2022, la tranche de vie Migratory Birds & Snail a finalement fait ses débuts en France un an et demi plus tard, en septembre dernier. Toute première oeuvre du mangaka Makoto Takatsu, cette série a été prépubliée au Japon entre 2019 et 2021 dans le magazine Comic Gum de l'éditeur Wani Books sous le titre Watari Tori to Katatsumuri, pour un total de 3 volumes.

On y découvre deux jeunes gens qui n'ont a priori rien en commun. Autrice de livres jeunesse et illustratrice, Tsugumi Nagisa aime mener une vie nomade la plupart du temps, en arpentant les routes, aires de repos et campings des quatre coins du Japon pour, entre autres, trouver l'inspiration et ressentir un épanouissement permanent, tant les jours ne se ressemblent pas pour elle et son petit chien Umemayo à bord de son van entièrement aménagé. Unpei Mochizuki, de son côté, est un simple employé à bout de souffle: ayant refusé de reprendre la confiserie familiale pour aller se faire embaucher chez un revendeur de pièces détachées, il y vivote depuis un an et demi sans se faire aux codes de l'entreprise, et en a tellement marre qu'il envisage de démissionner, malgré les remontrance de ses parents. Un jour, ces deux-là voient leur route se croiser, et les premiers contacts ne sont d'ailleurs pas forcément idéaux. Mais le fait est qu'Unpei, marqué par le mode de vie et la personnalité de Tsugumi, ne cesse plus de penser à elle. Et quand il a l'occasion de la retrouver suite à un incident de culotte (hum), pas d'hésitation: il lui faut, lui aussi, expérimenter ce style de vie nomade ! Peut-être est-ce ce qui manque à sa vie ?

Dans le toujours agréable registre des tranches de vie cherchant à nous procurer un certain bien-être, l'oeuvre de Makoto Takatsu s'ancre donc sur un créneau bien spécifique et que l'on a rarement l'occasion de voir, à savoir celui de la vie nomade. Cette vie, nos deux personnages principaux ne la mènent toutefois pas tout le temps: lui vit ça comme une première expérience, tandis qu'elle rentre quand même parfois sur ses terres d'origine. mais cela suffit déjà largement pour que l'auteur nous offre une bonne bouffée d'air frais, dès lors que l'on découvre, en même temps qu'Unpei, les spécificités de la façon de vivre de Tsugumi, et que l'ont voit le jeune homme ensuite expérimenter lui-même ce quotidien loin de la route sédentaire. Bien sûr, le voyage en van aménagé est l'occasion d'entrevoir quelques recoins charmants du pays: de plages en lacs, Unpei et Tsugumi voient des paysages parfois magnifiques, surtout quand l'auteur nous en présente l'immensité depuis l'intérieur chaleureux du petit van, en nous faisant alors bien sentir à quel point ce mode de vie est ouvert sur le monde. Mais l'oeuvre ne se limite pas à ça: elle est aussi faite de plein de petits instants chauds et réconfortants (comme le plaisir d'un bon café fraîchement moulu ou d'un curry maison), d'astuces variées (le rôle différent des aires et des campings, comment se réchauffer, cuisiner des choses simples et fraîches plutôt que de céder aux plats préparés des supérettes, savoir se protéger de certains dangers éventuels surtout quand on est une femme voyageant seule...), de rencontres élargissant nos horizons, et évidemment d'apprentissages d'Unpei auprès de Tsugumi. Le jeune homme sera forcément parfois maladroit, commettra des bourdes, mais affiche un désir de s'améliorer. Quant à notre héroïne, elle a son caractère, n'hésite pas à hausser le ton quand il le faut ou à faire remarquer aux autres leur mauvais comportement, et c'est tant mieux ! Mais en même temps, elle est particulièrement rayonnante dès qu'elle profite de son van et des lieux qu'elle parcourt, car elle s'offre facilement les moyens de s'évader. Jusque dans son physique assez rond, léger et très expressif, cette femme ne manque assurément pas de charme... même si on regrettera quelque fautes de goût de l'auteur, celui-ci ne pouvant pas s'empêcher, via son héros, de proposer des gags de culottes, des fantasmes et des pensées perverses qui reviennent un petit peu trop régulièrement et qui semblent quelque peu déplacés dans une oeuvre qui n'a pas forcément besoin de ça. A cela, Tsugumi a aussi, de façon bien plus discrète toutefois, sa petite part de mystère: elle a deux sacs de couchage alors qu'elle est seule, et elle porte un collier avec une bague, si bien qu'on se demande naturellement quelle est sa situation exacte. Enfin, n'oublions pas d'évoquer Umemayo: personnage à part entièrement, très présent au fil des pages, le petit chien aux allures de boule de poils douillettes est hyper expressif et plein d'entrain, amène même différentes péripéties, et participe lui aussi beaucoup à offrir un certain souffle à la lecture.

A l'arrivée, on est sur une lecture plutôt agréable, qui ne manque pas de cachet, et qui est facilement propice à l'évasion sous un dessin clair, aéré mais aussi capable d'être assez foisonnant quand il le faut (l'intérieur du van, certains paysages...). Il faudrait juste que Makoto Takatsu mette de côté l'aspect "fantasmé" que présente Tsugumi à travers les yeux et l'esprit d'Unpei (pas besoin de ça, elle dégage suffisamment de charme avec ses expressions et sa personnalité) pour plutôt aborder un peu plus profondément cette vie nomade et les lieux parcourus.

Côté édition, Noeve propose une jolie copie: la traduction d'Anaïs Fourny est excellente avec même quelques notes amenant des précisions supplémentaires, le lettrage du Studio Charon est très soigné, le papier est à la fois souple et suffisamment opaque, l'impression est très bonne, et la jaquette reste proche de l'originale japonaise tout en bénéficiant d'un vernis sélectif.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs