Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 16 Décembre 2022
C'est sur quelques pages de flashback que s'ouvre ce deuxième volume de Meurtres dans le Décagone. Quelques moments consacrés à Orczy, nous laissant entrevoir quelques brefs éléments du passé de la jeune femme, entre son entrée à l'université et le lien qu'elle avait construit avec la tragiquement défunte Chiori Nakamura. Des choses que l'on entrevoit avec curiosité, tout en ayant conscience d'un fait: la principale concerné n'est plus de ce monde: retrouvée assassinée par strangulation dans sa chambre au sein du Décagone, qui plus est avec la main gauche sectionnée, elle est la victime numéro 1 du jeu macabre instauré par l'énigmatique meurtrier.
Le tome 1, dans ses toutes dernières pages, nous laissait sur l'effroyable vision d'une Orczy tuée brutalement, sordidement, et les conséquences ne se font pas attendre puisque chacun des étudiants a désormais pleinement conscience que la mort rôde. Et que, si Orczy a été désignée victime numéro 1, c'est bien parce qu'il y aura d'autres victimes par la suite... C'est dans ce contexte où de nouveaux meurtres pourraient avoir lieu à tout moment que les personnages doivent réfléchir le plus posément possible, émettre leurs premières hypothèses, mais aussi se méfier les uns des autres dans ce cadre en huis-clos. Le coupable est-il l'un d'eux six, ou se trouve-t-il encore ailleurs ? Le meurtrier semble reproduire le quadruple meurtre de la Résidence Bleue qui a eu lieu l'année précédente, mais pour quelle raison ? On suit avec un certain intérêt les premiers éléments d'enquête, même si l'issue de ce tome nous lance dans une découverte pour l'instant prévisible et amenée un peu trop facilement, et malgré quelques limites dans le style de Hiro Kiyohara: si son dessin entre noirceur et élégance apporte assurément un cachet et une ambiance, le côté parfois trop poseur des personnages peut agacer, et le découpage très classique ne permet jamais de réelle grosse montée de tension, de suspense ou d'angoisse. Quant au récit, il avance en réalité assez peu dans l'aspect enquête: seules les quelques hypothèses prévisibles, les dernières pages tout aussi attendues et l'arrivée d'une mort supplémentaire viennent bousculer un peu les choses. Et il en est de même du côté de Kawaminami, Shimada et Morisu qui, de l'autre côté de la mer, poursuivent leur enquête sur la mort de Seiji Nakamura de manière vague, sans avancée particulière, d'autant plus qu'on ne les suit en réalité pas beaucoup dans ce tome. Tout au plus tout cela permet-il d'entrevoir un peu mieux certaines personnalités: le côté jaloux de Carr, le côté fonceur de Poe, Ellery qui apparaît souvent froid comme si les humains n'étaient que des insectes pour lui, Kawaminami qui découvre un Shimada plus passionné et sociable que ce que pourrait laisser penser son apparence... mais dans les faits, c'est un peu maigre.
On suit alors ce polar sans réel désintérêt, mais en ayant le sentiment que les choses peinent pour l'instant à décoller et à trouver plus de consistance. Les avancées sont pour l'instant minces et très prévisibles, aussi attend-on de la suite qu'elle sache surprendre un peu plus ou, au moins, hausser le ton.