Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 31 Décembre 2010
Pour ce quatrième volume de MPD Psycho, Eiji Otsuka concentre son attention sur l'un des personnages les plus intrigants du début de cette œuvre : Toguchi Kikuo. Jusqu'ici, le caméraman borgne, travaillant pour une chaine de télé publique, a toujours fait preuve d'ambiguïté, en aidant tantôt la police, tantôt les pires criminels. Mais ici, alors qu'il apprend qu'il est atteint d'une cataracte sur son œil droit, Toguchi passe soudainement le point de non-retour. Se mettant à abattre arbitrairement tous ceux qui ont le malheur de croiser son chemin, il s'improvise ensuite preneur d'otages ! En usant des médias dont il dispose, il mettra en scène son chant du cygne sous forme d'un show télé...
Nous assistons ainsi à l'implacable décadence de ce personnage, dont on ressent ici plus de désespoir que de folie. Toguchi est à la fois effrayant lorsqu'il abat certains otages de sang froid, mais aussi extrêmement pathétique lorsqu'on se rend compte que lui-même ne sait pas où il veut en venir ! En effet, il se sert de sa position de force pour offrir aux spectateurs la possibilité d'envoyer leurs requêtes pour changer la société, et le plus effroyable reste que les exigences ne tardent pas à affluer, malgré toutes les horreurs commises ! Mais Toguchi est-il vraiment un tueur psychopathe, où est-il un imposteur qui se donne l'air de ceux qu'il a pu côtoyer au sein de ses reportages ? Les différents flashbacks sur son passé, ainsi que sa réaction à l'arrivée d'une vidéo bouleversante l'affectant personnellement, montrent toute la complexité intérieure du personnage.
On en vient presque à regretter que ce coup d'éclat survienne si tôt, gâchant un personnage qui aurait pu avoir un beau rôle à jouer dans la suite du scénario. Il permet néanmoins à Amamiya d'en savoir un peu plus sur ses origines, au travers d'une seule phrase, courte mais révélatrice. Les autres personnages gravitant autour de l'évènement ne sont pas en reste, avec un Zen.itsu plus fou que jamais, et l'arrivée d'un jeune garçon tout aussi énigmatique et inquiétant... La fin du volume ouvre quant à elle un nouvel arc, autour d'un certain groupe appelé "les enfants de Lucy"... tout un programme !
Au final, ce tome peut presque être considéré comme une véritable parenthèse, une apologie d'un personnage en plein déclin, qui effraie autant qu'il séduit... Eiji Otsuka va toujours plus loin dans les méandres de la psychologie de ses personnages, le tout porté par le graphisme sans compromis de Tajima. MPD Psycho n'a pas fini de nous soulever le cœur et l'esprit !