Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 02 Novembre 2009
Lauréat du célèbre prix Tezuka en 2003, le Livre jaune est est un recueil de quatre histoires courtes de Fumiko Takano, auteur peu prolifique dans son pays puisqu'elle n'a publié que quelques recueils depuis la fin des années 70, mais qui n'en reste pas moins appréciée.
Le Livre jaune s'avère être un ouvrage difficile à appréhender à la première lecture, notamment à cause d'un style visuel très personnel, doté d'un trait particulièrement dépouillé qui peut rebuter au départ et de décors réduits à leur strict minimum et très souvent composé de trames simples. L'autre point qui peut dérouter concerne les récits en eux-mêmes: ici, pas de début et pas de fin. Fumiko Takano nous plonge directement dans des tranches de vie on ne peut plus simples.
Mais ce qui est un peu repoussant au début s'avère être finalement, au fil de la lecture, l'un des gros points forts du recueil. Le style visuel particulier de Takano lui permet de rendre son oeuvre particulièrement intimiste. Quant au côté tranches de vie très brutes, il ne fait que mieux ressortir l'intérêt des histoires, celui de nous offrir différentes vision de la femme. Car c'est bien la femme, dans tout ce qu'elle a de plus simple, qui est l'objet du recueil.
Dans la première histoire, qui offre son nom au titre du recueil et s'étend sur une grosse moitié de celui-ci, nous sommes amenés à suivre Michiko, une adolescente fascinée par Les Thibault, la célèbre saga littéraire de Roger Martin du Gard. Véritablement imprégnée par cette oeuvre, la jeune fille y trouve un échappatoire à son quotidien banal.
"Cloudy Wednesday", la seconde histoire qui est également la plus courte, voit une mère de famille prendre plaisir devant la vivacité de son enfant et participer à son amusement. Un morceau de vie on ne peut plus simple pour une ode tout aussi simple à la mère de famille.
La troisième nouvelle, "Mayonnaise", suit la vie d'une salariée qui n'attend qu'une chose: pouvoir fonder un foyer. Une histoire qui met en avant la condition de la femme salariée au Japon, et dans laquelle la mangaka fait preuve d'une certaine tendresse.
Enfin, "J'habite au 2-2-6" nous présente la journée de travail d'une assistante sociale qui, justement, fuit toute relation sociale. L'occasion pour l'auteur d'insister sur le sujet délicat qu'est celui de la solitude.
Au final, le Livre jaune est un titre qui nous dépeint différents quotidiens de femmes de manière très personnelle et intimiste, mais l'aspect très atypique pourra séduire autant qu'il pourra rebuter. Dans tous les cas, voici un titre intéressant, qui mérite sans doute au minimum une deuxième lecture pour que l'on puisse en saisir tout le charme.