Liens du sang (les) Vol.2 - Actualité manga
Liens du sang (les) Vol.2 - Manga

Liens du sang (les) Vol.2 : Critiques

Chi no Wadachi

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 07 Août 2019

Chronique 2
 
Seiichi a assisté, impuissant, à un drame sans précédent : Sa mère a poussé Shigeru, le cousin du jeune homme, du haut d'une falaise. Mais contre toute attente, Seiko se montre alarmée par l'événement, comme si elle y était étrangère... La conclusion du drame reste néanmoins plus heureuse que ce qu'on pouvait craindre : Shigeru survit à sa chute, même si les séquelles seront certainement fortes...

Avec son œuvre actuelle, Shûzô Ôshimi revient sur la période de l'adolescence, par le prisme d'une mère toxique pour le protagoniste. Aussi captivant que malaisant, dans le bon sens du terme puisque c'est une véritable atmosphère dérangeante que parvenait à créer le mangaka, le premier opus n'a pas laissé indifférent.

Avec cette suite, Ôshimi porte le potentiel de son œuvre encore plus en avant, si bien qu'il nous livre un deuxième tome qui nous chamboule de la première à la dernière page. Cette réussite de ton, elle est souvent due au parallèle efficace entre Seiichi et le lecteur. A l'instar du protagoniste, on peine à comprendre Seiko, la mère du héros, aux réactions toujours inattendues et dont la quiétude permanente soulève un malaise constant. Cette dimension, l'auteur continue de la porter à merveille à travers son dessin et sa narration. Certaines planches se montrent avares en textes et favorisent les plans sur les personnages et les larges focus sur les visages, en rendant ceux-ci parfois expressifs... et d'autres fois pas du tout. C'est là que le malaise survient : Seiko, impénétrable, nous apparaît sur les pages comme si elle était parfois à quelques centimètres de nous. En terme de narration, c'est terriblement efficace tant cela traduit idéalement le décalage que souhaite établir l'auteur dans ses pages.

Une efficacité permanente en terme d'ambiance, mais aussi en terme d'histoire. Difficile pourtant de savoir où veut en venir l'auteur ici. Une certaine raison expliquerait le comportement de Seiko ? Son attachement particulièrement fort envers son fils ? Ce souvenir du chat décédé aurait-il un lien ? Tandis qu'on suite l'après incident de Shigeru avec angoisse, on se questionne légitimement sur toutes ces idées, tout en suivant le retour au quotidien inquiétant du jeune héros. Et de nouveau, c'est lorsqu'il met en avant la toxicité du comportement de la mère que Shûzô Ôshimi relance la brutalité de son récit. Si l'auteur instaure une fois encore une romance dans son récit, celle-ci fait déjà les frais de l'inquiétant personnage de Seiko, jusqu'à aboutir à une planche finale qui finira de nous ébranler.

Les Liens du Sang reste alors une série perturbante dont l'ambiance est parfaitement menée, notamment grâce à des planches millimétrées et réfléchies. L’œuvre de Shûzô Ôshimi n'est certainement pas à lire pour le plaisir, mais pour ressentir cet amas d'émotion que cherche à communiquer le mangaka, à travers des personnages complexes et inquiétants, qui ont sans doute quelque chose à nous dévoiler. Dérangeant mais pas gratuitement, nourrit d'une réflexion importante sur l'adolescence développée de manière inédite et propre à l'auteur, le titre continue d'effrayer comme il nous fascine.
  
  
Chronique 1
  
Le plus insondable des drames vient d'avoir lieu au bord de la falaise: après avoir sauvé son neveu Shigeru d'une grave chute, Seiko l'a elle-même poussé dans le vide, sous le regard abasourdi de Seiichi. Pourquoi ? Pourquoi sa mère a-t-elle fait ça ? Le collégien ne peut pas comprendre pleinement ce qui vient de se passer, mais pour lui le cauchemar ne fait que commencer...

Après un premier volume à l'atmosphère malsaine impeccable et qui s'achevait sur un moment fort, ce deuxième volume des Liens du Sang se divise en deux grandes parties, prenant chacune la moitié du livre.

Dans la première, Shuzo Oshimi nous offre une véritable montée en tension dramatique autour du sort du jeune Shigeru et, plus encore, du comportement très, très préoccupant de Seiko. D'un bout à l'autre de ce passage, de la forêt jusqu'à l'hôpital, tandis que les proches du blessé grave sont tous mortellement inquiets, la mère de Shigeru ne cesse de montrer des choses aussi insondables que flippantes, sous l'oeil complètement médusé de son fils qui ne sait pas ce qu'il doit faire. Et cela, le mangaka le fait ressentir à merveille, essentiellement grâce à tout un jeu de regards puissants où il est bien souvent difficile voire impossible de décrypter précisément ce que ressent ou pense Seiko, à l'image de la page 40 où son interrogation "Tu as mal ?" semble montrer plus de lueur que d'inquiétude, ou de la page 49 avec cet "au secours..." qui semble plus pour elle-même que pour son neveu... Quant au passage dans l'hôpital, en plus d'insister encore sur l'intensité du drame via l'état de Shigeru, il subjugue par le sens de la mise en scène qu'Oshimi montre lors du témoignage de Seiichi à la police: le poids de la main de sa mère sur lui ne fait que montrer le poids qu'il a sur ses épaules au moment de parler au policier. Pourra-t-il dire précisément ce qu'il a vu, ou protégera-t-il sa mère ?

Dans la deuxième partie du tome, le récit est marqué par la visite impromptue de la mignonne Yuiko Fukiishi chez Seiichi, pendant que ses parents sont absents. Une scène où là aussi, Oshimi soigne énormément son ambiance. Dans un cadre presque intime où ils sont seuls, la jeune fille, dans sa tenue, son comportement, ses rougissements, dégage un charme certain, presque érotique pour une collégienne, ne manquant de troubler Seiichi qui a le béguin pour elle. Mais quand ile st question d'une lettre et du retour de la mère, les choses prennent à nouveau un tour d'emblée inquiétant, tant Seiko montre à nouveau des expressions difficiles à cerner, où une folie destructrice semble toujours sur le point de se montrer subrepticement. Et dès que Yuiko n'est plus là, les choses prennent une tournure plus malsaine que jamais dans une fin de tome où la métaphore du déchirement du collégien via la lettre est excellente, et où la mère montre envers son enfant un comportement beaucoup trop proche et malaisant.

De tout ceci, il ressort une chose forte: l'incapacité du jeune garçon d'aller à l'encontre de sa mère, de celle qui l'a toujours choyé et couvé. Comment un simple collégien pourrait-il soudainement renier celle qui l'a toujours profondément aimé, quitte à ce que cet amour tourne à la folie ? Le cauchemar de Seiichi face à cette mère plus que castratrice est bel et bien lancé, et en attendant voir voir ce qu'Oshimi va en faire, le mangaka dépeint cela avec une force sans égal...
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs