Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 15 Juin 2015
Suite et fin de la Femme défigurée dans ce deuxième volume se divisant autour de deux nouvelles histoires qui mettent facilement mal à l'aise !
Dans la première histoire, c'est le retour de la femme à la bouche déchirée. Celle-ci s'est nourrie des rumeurs pour se matérialiser et prendre la place de la mère de Sakura, qui doit désormais vivre avec elle !
Avoir pour mère un monstre : de ce point de départ qui fait forcément froid dans le tôt, Kanako Inuki fait une histoire qui va assez loin dans le malsain, au point de briser toute bonne morale ! L'auteure sait où elle va, et exploite surtout très habilement ses points de départ pour offrir une suite dérangeante, oppressante et qui enchaîne les surprises dans son twist final. Ce que l'on apprécie, c'est la manière dont tout part d'éléments qui font le quotidien des fillettes, le premier public visé : le rattachement à la mère bien sûr, mais aussi et surtout le goût que les enfants peuvent avoir pour lancer des rumeurs. Ces choses du quotidien, Inuki les reprend et le retourne à l'extrême contre ses personnages, pour un résultat qui ne peut alors que faire froid dans le dos, voire dégoûter dès lors que l'auteure s'adonne à son goût pour les visuels très oppressants et un peu gores : les yeux très exorbités font toujours leur effet, de même que la très bonne utilisation des onomatopées qui peuvent devenir très envahissantes dès qu'il le faut. Et côté gore, les déformations physiques sont dévoilées quand il le faut, après que le lecteur a été bien préparé, par exemple en se demandant longuement ce que cache le masque. Le seul point faible pourrait venir, pour certains, du twist final, sans temps mort, qui assure sans problème l'immersion grâce à son rythme effréné... au risque d'être un peu trop rapide.
La deuxième et dernière histoire suit la même ligne directrice. Inuki y prend un fait critique établi (le fait que les japonaises font de moins en moins d'enfants, véritable problème au Japon... Quand on sait que l'oeuvre ici présente est sortie dans les années 1990, on se rend bien compte de l'intemporalité de ce sujet délicat et du récit d'Inuki) pour développer à nouveau une histoire glauque, d'abord tout en interrogations (que cachent les boules qui se sont formées et grandissent sur les deux héroïnes ?), avec ce qu'il faut de visages effrayés et de débuts de déformations physiques, avant que tout n'explose avec horreur dans le twist final !
Au final, ce deuxième tome est aussi bon que le premier pour qui aime les récits horrifiques loin d'être tendres. En s'appuyant sur des points de départ ancrés dans la réalité et un peu critiques (le goût pour les rumeurs, la baisse de la natalité au Japon...), Kanako Inuki exploite ensuite de très bonne manière l'arrivée du surnaturel horrifique dans le quotidien des fillettes, pour faire aller crescendo la tension avant l'explosion finale. Ses visuels oppressants font alors le reste, et le résultat ne laisse pas indifférent !