Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 09 Octobre 2012
Après les événements liés au réveil d'Elda, la vie a quasiment repris son cours habituel. Karin et Kenta continuent de se fréquenter en allant au lycée, Yuriya Tachibana reste sous surveillance, et Carla, la mère de Karin, est retournée chez ses parents afin d'avoir enfin certaines informations attendues.
Pourtant, quelque chose ne va pas chez Anju, la plus jeune des Maaka. Bien qu'elle n'ait que 12 ans et soit donc encore jeune, les prémices de sa transformation en vampire adulte se font sentir, et l'issue semble inéluctable : bientôt, elle ne pourra plus profiter des petits plats préparés par sa soeur, ne pourra plus aller à l'école où l'attendent ses amis, ne pourra plus faire ce qu'elle a toujours aimé... La fillette parviendra-t-elle seulement à le supporter ?
Dans ce onzième volume où l'humour se fait beaucoup plus discret, Yuna Kagesaki met de côté les tourments habituels de Karin, Kenta ou Yuriya pour mettre en avant Anju, la petite soeur renfermée, qui arrive à une étape cruciale de sa vie, l'une des plus cruelles, qui vaut à nombre de vampires une période de grande faiblesse : la transformation définitive en vampire, et tout ce que cela sous-entend. Bientôt, la jeune fille devra changer radicalement son mode de vie et ne pourra plus profiter de ce qu'elle a toujours aimé. Elle devra bientôt laisser tomber les bons petits plats de sa grande soeur pour se nourrir de sang, abandonner sa vie diurne à l'école pour vivre uniquement la nuit, loin des autres... et ne pourra plus veiller sur Karin comme elle l'a toujours fait.
Ces différentes étapes, c'est ce que nous propose de suivre l'auteur, les unes après les autres, au fil des tourments de la fillette, qui ne peut que se rendre compte de l'inévitable issue tandis qu'elle essaie vainement de poursuivre le rythme de vie qu'elle a toujours mené et, comme toujours, de cacher ses émotions. Ainsi la voit-on désormais souffrir et s'évanouir face aux rayons du soleil, perdre le sens du goût, tenter de s'éloigner de ses camarades de classe... La situation est touchante, car elle permet d'entrevoir la fillette taciturne comme on ne l'avait encore jamais vue, cherchant à se montrer forte alors qu'elle n'a jamais été aussi fragile, mais aussi parce que Kagesaki parvient à mettre subtilement en avant la tristesse et la dureté de la situation, notamment en revenant sur les instants de bonheur passé qui animaient les journées de la jeune fille et qu'elle ne connaîtra plus jamais, et également parce que l'auteur n'oublie pas le ressenti des autres personnages. On pense bien sûr à Karin, également à Ren qui se montre enfin un peu plus en jouant son rôle de grand frère, et surtout au jeune Koibuchi, qui voit ses sentiments pour Anju, ses doutes et sa situation familiale joliment exposés de manière à rendre le récit encore plus intense. C'est d'ailleurs la conclusion de l'amitié entre Anju et Koibuchi qui sonnera comme le point culminant du volume, car elle concrétise définitivement et cruellement la nouvelle vie de la fillette.
Après plusieurs volumes alternant les hauts et les bas et laissant souvent un petit goût de trop peu dans le développement, Yuna Kagesaki montre pour la première fois une capacité à mener réellement d'un bout à l'autre un focus en développant tout correctement, sans rien oublier, pas même d'évoquer le fait qu'Anju devra désormais définitivement laisser sa place à Kenta pour veiller sur Karin. En résulte un volume touchant, et sans doute le plus abouti de la série pour l'instant. Il aura fallu attendre un tome centré sur un personnage secondaire pour voir ça, mais cela nous permet d'espérer une suite du même acabit.