Kanon au bout du monde Vol.3 - Actualité manga

Kanon au bout du monde Vol.3 : Critiques

Ageku no Hate no Kanon

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 13 Mai 2020

Chronique 2

Vouant un amour totalement obsessionnel pour Sôsuke depuis l'adolescence, Kanon pensait avoir enfin atteint son rêve en entamant un semblant de relation avec lui, quand bien même la condition de l'élu de son coeur et ses combats contre les Gelées font qu'il change régulièrement. Mais à présent, la jeune femme ne sait plus vraiment sur quel pied danser: Sôsuke semble pas loin de s'éloigner, sa rencontre avec Hatsuho l'a décontenancée et elle semble mieux comprendre que son "amour idéal" n'est rien de plus qu'un amour adultère... Sera-t-il possible de surmonter tout ça, sans faire souffrir tout le monde ?

Le rendu éclaté du titre sur la jaquette ne semble jamais s'être aussi bien justifié qu'avec ce volume, dans la mesure où on y retrouve une Kanon elle-même en éclats et ne sachant plus trop quoi penser de la relation dans laquelle elle s'est enfoncée, cette relation dont elle avait pourtant rêvé en permanence depuis l'adolescence, et qui était même son unique obsession dans la vie. Et la jeune femme passera encore par nombre d'étapes tourmentées tout au long de ce volume, jusqu'à des toutes dernières pages martelant certaines choses avec force et risquant d'offrir un important virage à partir du 4e volume. Mais avant d'en arriver là, on a une Kanon au 36e dessous, une Kanon complètement paumée, une Kanon qui reprend espoir en cherchant à encore et toujours se rattacher à sa relation idéale, une Kanon qui pourtant n'hésite pas à se disputer avec Sôsuke et à se dire qu'elle doit s'éloigner de lui... Kanon est perdue et souffre. Mais elle n'est pas la seule, car en filigranes elle ne se rend pas compte (ou ne veut pas se rendre compte) que ses proches, sa famille, en souffrent eux aussi, qu'elle ne leur accorde pas assez d'importance, qu'elle semble toujours trop tournée ailleurs sans que rien d'autre ne compte... Au bout de tous ces tourments, y aura-t-il une prise de conscience ?

Bien sûr, on ressent d'autant mieux les différents étapes "en zigzag" des tourments de Kanon que, face à elle, le comportement de Sôsuke et de son épouse Hatsuho ne cessent, eux aussi, de semer le trouble. Le volume s'ouvre d'ailleurs sur un focus sur le jeune homme, ayant des paroles parfois un brin exécrables, mais traduisant également assez bien sa façon de voir les choses et sa relation changeante avec Hatsuho. Sôsuke reste souvent nébuleux dans son rapport changeant aux relations amoureuses qu'il a avec Hatsuho et Kanon, et la part SF y fait bien écho à travers sa condition, et certaines phrases marquent, notamment quand Kanon lui affirme qu'il justifie ses tromperies par les régénérations le rendant sentimentalement instable... Mais y a-t-il d'ailleurs la moindre stabilité dans les sentiments ? Le comportement de Hatsuho jette aussi le doute sur cette question, celle-ci cherchant à faire revenir Sôsuke à elle par tous les moyens, jusqu'à certaines extrémités, mais pas forcément pour les bonnes raisons.

Au-delà de la question de l'amour obsessionnel potentiellement malsain de Kanon ou de celle de la relation adultère, la mangaka Kyo Yoneshiro semble alors encore plus interroger sur l'impermanence ou les aléas des sentiments, sur leur aspect possessif ou même narcissique quelque part, et elle délivre ainsi un récit résolument profond et complexe dans cet abord. D'autant plus complexe qu'elle n'affirme aucune vérité jusqu'à présent: aucun de ses trois principaux personnages n'apparaît vraiment juste ou injuste, on peut régulièrement changer d'avis sur eux d'une scène à l'autre, prendre parti semble bien difficile... et, un peu à l'image de Hiro ou de la mère de Kanon, on assiste alors surtout à tout ceci en spectateurs alarmés de voir la situation sombrer toujours plus... jusqu'à quel point ?


Chronique 1

La vie actuelle de Sôsuke n'est faite que de faux semblants. Suite aux mutations qu'il endure, ses sentiments pour Hatsuho ont évolué, et il se doit de jouer au mari modèle et au soldat exemplaire. Mais sa femme s'est bien rendue compte de son infidélité, ce même si Sôsuke a pris quelques distances avec Kanon qui ne comprend plus la relation qu'elle entretient avec celui qu'elle a toujours aimé. Désemparée, comment va-t-elle surmonter sa relation actuelle avec Sôsuke ?

La vie de Kanon, depuis la fin du tome précédent, est à l'image de la couverture de ce troisième tome : chaotique et mélancolique. Ce n'est pourtant pas l'héroïne qui est au centre des premières pages, mais bien Sôsuke et Hatsuho dont les perceptions sont particulièrement complexes. Le point de vue du soldat, en particulier, assez trouble et rendant celui-ci méprisable à première vue, sachant que l'ensemble du volume va jouer avec notre vision du personnage.

Ainsi, Kyo Yoneshiro continue de développer assez brillamment ce triangle, en utilisant de manière subtile son univers SF pour apporter des rebondissements, piquer quelques questionnements, et faire du chaos qui entoure le monde de la série un véritable écho aux troubles des personnages. L'idée d'infidélité de Sôsuke est plus que jamais au centre du récit, tout le volume faisant porter à Kanon le poids de ses péchés et de son adoration sans limite du jeune soldat. Il est assez impressionnant de voir à quel point la mangaka pousse les doutes de ses personnages tout en développant de manière complète les différents sujets de la série. Car que ce soit la relation adultère entre les deux protagoniste où l'idée de l'amour malsain qu'éprouve la protagoniste, tout est rendu limpide dans les péripéties de ce troisième volet qui parvient, alors, à faire progresser les personnages comme il se doit.

Le désespoir de Kanon, la remise en question de ses sentiments bien trop exacerbés et particulièrement malsains, sa vision de Sôsuke qui n'est pourtant un individu comme un autre, la manière dont tous deux vont finalement endosser cette relation adultère et les répercussions que celle-ci pourrait avoir... Toutes les pistes amorcées depuis le début prennent sens dans cette suite, jusqu'à un final véritablement évocateur des intentions de la mangaka. Les idées des relations dangereuses et de l'amour déviant sont traitées de telle sorte à rendre difficile le parti du lecteur. Un peu comme les personnages secondaires, on assiste alarmé à une chute toujours plus profonde des personnages, à cause de leurs sentiments déraisonnables. Et c'est cette atmosphère lourde, pourtant en contradiction avec des passages bien plus posés, qui confirment le charme de la série et le propos fort et osé du titre.

Il en résulte un troisième volume cohérent par rapport à ce que le récit propose depuis ses débuts, et d'autant plus passionnant qu'on ne sait jamais jusqu'à quel point les personnages prendront conscience de leurs fautes, et au contraire jusqu'où ils plongerons dans leurs péchés. Des actes qui auront des conséquences puisque la conclusion du volume annonce un tome quatre aux intentions claires. On redoute un peu ce tome décisif, tout comme on peut être impatient de retrouver encore une fois l’œuvre si lourde et mélancolique de Kyo Yoneshiro.
   

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

15.75 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction