Ikusa no Ko - La légende d'Oda Nobunaga Vol.1 - Actualité manga
Ikusa no Ko - La légende d'Oda Nobunaga Vol.1 - Manga

Ikusa no Ko - La légende d'Oda Nobunaga Vol.1 : Critiques

Ikusa no Ko - Oda Saburou Nobunaga Den

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 01 Février 2023

Il y a quelques années de cela, nous ne l'aurions peut-être jamais cru. Mais c'est pourtant on ne peut plus vrai : Tetsuo Hara est de retour dans le paysage français du manga, plus que jamais ! Après un programme de réédition, d'abord via Sôten no Ken et Keiji chez Mangetsu, puis avec Hokuto no Ken chez Crunchyroll, c'est par le jeune éditeur de la pleine lune que le maître fait de nouveau irruption dans nos contrées, et cette fois avec de l'inédit.

Collaboration entre l'artiste et Seibô Kitahara, ancien éditeur de Hara au sein du Shônen Jump, Ikusa no Ko naît en 2010 dans les pages du magazine Comic Zenon des éditions Coamix, et n'a tiré sa révérence que très récemment, au terme de 20 volumes. Un manga qui, tel Keiji, verse dans l'historique romancé, par le prisme d'un protagoniste haut en couleur : Nobunaga Oda. Grande figure de l'Histoire nippone, qui a marqué l'époque des guerres de provinces, et contribua à l'unification du pays, Nobunaga est une figure populaire des titres du genre, et son histoire fut revisitée à plusieurs reprises. C'est par la patte du dessinateur de Ken que nous pouvons découvrir, aujourd'hui, une nouvelle version de l'histoire de ce grand personnage, par la plume de celui qui fut le tantô du mythique mangaka. Un binôme voué à faire des étincelles, et qui nous place en terrain conquis, comme connu, par ce premier tome !

L'amorce d'Ikusa no Ko ne laisse pas de place au doute : Tout comme Keiji apporta énormément de fantaisie au portrait d'une époque du Japon, se servant de la figure des kabuki-mono pour verser dans l'excentrique et l'irréel, le présent manga croque de la même manière la jeunesse de Nobunaga Oda, et ce dès les premières pages. Les auteurs s'appuient sur la figure presque mythologique du jeune seigneur, en tant que dieu de la guerre, pour servir cette version. Aussi, dès lors que le lecteur voit un protagoniste cumuler les corps de poissons et d'oiseaux à coups de simples lancers de pierres, il ne fait nul doute que le manga se servira de l'histoire pour offrir du divertissement, plutôt que l'inverse. Dès lors, tout comme pour Keiji, on ne pourra tenir rigueur au récit de ses excès et de ses déformations.

Après une amorce montrant la fin d'un Nobunaga sous les traits dignes du guerrier kabuki-mono, Ikusa no Ko prend la voie de la biographie romancée démarrant aux jeunes années du fils du seigneur du château de Nagoya. Alors Kippôshi Oda, le protagoniste est un vrai casse-cou aventurier, audacieux et malin, jurant par les armes pour imposer sa force. Voilà donc un héros encore différent de Keiji et des deux Kenshirô de la saga Ken, une démarche volontaire de Seibô Kitahara qui voulait faire dessiner un autre type de personnage à son ancien poulain. Effet réussi : Si la fantaisie de Keiji existe un peu en Kippôshi, on comprend rapidement qu'on a affaire à un adolescent beaucoup plus impulsif, en plus d'être un commandant qui sait galvaniser ses armées. À partir de là, et en jouant sur le fait que le lecteur a connaissance du personnage que deviendra ce héros, le premier tome sait séduire et emporter le fan de la patte Hara, et saura très certainement entraîner de la même manière un néophyte de l'art du maître.

Par ce parti-pris, la crédibilité du cadre historique en prend un coup, évidemment. Mais là n'est pas le but, Hara faisant avant tout du Hara. Cela implique des ennemis aux carrures démesurées, des montagnes de muscles aux côtés de femmes si belles qu'elles en sont irréelles, et des guerriers capables de trancher plusieurs corps d'un coup de lance. Mais il serait faux de dire que Hara n'a pas évolué dans son style : Alors que le mangaka, au début de la parution, se questionnait sur ses aptitudes au dessin, son trait n'a jamais été aussi fouillé, précis et dense. Ses paternes de design subsistent (difficile de ne pas voir Toki dans le personnage de Cisco, par exemple), mais on sent que le manga a été conçu en 2010, et non dans les années 90.

Pour l'un des mangas les plus modernes de Tetsuo Hara, Mangetsu n'a pas hésite à mettre les petits plats dans les grands, notamment via une couverture flamboyante, par ses tons enflammés comme ses effets de dorure à chaud sur le titre. Côté papier et fabrication, la maison reste sur ses qualités d'origine, mais a donné à Ikusa no Ko un prestige peut-être encore plus grand que sur Keiji et Sôten no Ken. On ne pourra reprocher à l'éditeur le changement de papier de couverture par rapport aux deux précédentes séries, cette matière granuleuse étant particulièrement onéreuse, et Keiji ayant montré que le nom de « Hara » sur une couverture ne garantit pas des chiffres de vente exceptionnels.

On saluera aussi la traduction française de Maurice Bagarre, tout à fait dans le ton majestueux et épique des mangas de l'auteur, ainsi que le lettrage solide d'Elsa Pecqueur, ainsi que le logo et la maquette de couverture de Tom « Spade » Bertrand, qui contribue ainsi à toute la puissance de la jaquette de ce premier opus, en plus de l'illustration de base de Hara.

Et parce que Mangetsu propose, en simultané, les deux premiers tomes, on aurait tort de se priver d'une lecture directe de la suite, ne serait-ce pour se donner un meilleur aperçu de ce que nous réserve Ikusa no Ko.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction