Hare-Kon Vol.1 - Manga

Hare-Kon Vol.1 : Critiques

Hare Kon

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 25 Mars 2024

Chronique 2 :


C'est en 2022 que nous avons fait la rencontre avec NON, pour son très bon drame à suspense qu'est Adabana. Et si la mangaka poursuit actuellement sa carrière au Japon avec la série Pole Star, il nous reste encore bon nombre de ses œuvres à découvrir. Jusqu'au printemps 2023, c'est son titre le plus populaire qui restait inédit chez nous : Hare-Kon. C'est à ce moment que Noeve lance la parution de la série dans sa collection Xplicit, un manga assez unique par ses tons, et surtout par son concept initial.

C'est en 2014 que le récit voit le jour au Japon, au sein de la revue Young Magazine des éditions Kôdansha. Une parution qui durera jusqu'en mai 2022, date de sortie du 20e et dernier volume. Le manga a indéniablement connu son petit succès, chose prouvée par sa longévité et par son adaptation en un drama de 9 épisodes à l'hiver 2022.

Dans Hare-Kon, nous suivons Koharu, jeune femme de 22 ans qui a une malchance toute particulière en amour. Elle ne plait qu'aux hommes mariés, et même son dernier petit ami en date était finalement en couple avec une autre. Lassée par ces échecs, elle retourne vivre dans sa bourgade natale, chez ses parents qui tiennent un convivial petit café. Malheureusement, ces derniers sont criblés de dettes, et la fermeture du café Lupin semble inéluctable. C'est alors qu'un bel homme, étranger total aux yeux de Koharu et même assez malaisant, choisit d'éponger la somme que doivent ses parents. En échange, elle devra devenir sa troisième épouse, chose parfaitement légale puisque la ville expérimente actuellement un programme permettant aux hommes d'avoir plusieurs femmes...
Il est honnêtement difficile d'avoir les idées claires en lisant le synopsis de Hare-Kon. Et après avoir lu le premier volume, on n'est guère plus éclairé. Pour ce début de série, NON nous livre un véritable OVNI, le début d'une longue intrigue qui se révèle à l'image du personnage de Ryûnosuke : imprévisible. C'est sur le rythme d'une comédie que ce volume aborde l'histoire de Koharu qui, après une rupture amoureuse délicate, se montrera prête à tout pour sauver le café que tiennent ses parents suite à la ruine de ces derniers. Prête à tout... y compris à céder à la demande incongrue du jeune homme, celle d'entrer dans son foyer polygame ? Ce mélange des tons est déjà assez particulier, notamment parce que l'humour joue souvent sur le côté glauque du personnage de Ryûnosuke tandis que le dessin de NON s'attache constamment à une grivoiserie pas très sophistiquée. Alors, quand le sujet de la polygamie se concrétise, le lecteur sait encore moins où donner de la tête. Et puisque ce tome n'est qu'une phase de lancement de l'intrigue, difficile d'être fixé au terme de cette première lecture.

S'il est complexe de savoir ce que l'autrice compte faire de cette situation initiale, il est impossible d'imaginer de quelle manière elle traitera son sujet central. Étant donné l'esthétique qu'elle donne à son manga, on est d'abord tentés de croire que la polygamie ne sera là que pour renforcer l'érotisme et l'humour cochon de l'œuvre. Mais est-ce vraiment tout ? Pas vraiment, puisque le concept est déjà exploité de manière à être mis en lien avec des sujets de société. C'est pour l'heure extrêmement léger, mais ces pistes sont présentes et mériteront d'être décortiquées.

C'est aussi le personnage de Ryûnosuke qui nous interpelle au cours de notre lecture. Homme taciturne assez décalé, il fait office de marginal. À l'instar de l'héroïne, on ne sait jamais comment interpréter ses dires et ses actions. Pourtant, il semble bien cacher quelque chose, un passé vis-à-vis de Koharu, et même des sentiments pour cette dernière. Si leurs interactions se font plutôt sous l'angle de l'humour, il est là aussi trop tôt pour en déduire quoi que ce soit sur le long terme.

C'est donc l'indécision qui nous traverse tout le long de la lecture du premier volume de Hare-Kon. La lecture n'est pas déplaisante en tant que divertissement, tant elle est rythmée et souvent amusante, mais nous interpelle quant à sa thématique centrale qui ne sert, pour l'heure, qu'à réunir une poignée de personnages dans un foyer commun. On est donc curieux de découvrir ce que la mangaka a derrière la tête, et peut-être un peu craintifs à l'idée que le sujet ne soit qu'un prétexte grivois dénué d'un fond réellement solide. Mais ce sera à la suite du récit de contredire ou non ce premier état des lieux. Avec 19 tomes en ce qui concerne son intrigue principale (le volume 20 étant constitué de chapitres épilogue), Hare-Kon a largement le temps de nous surprendre, en bien comme en mal. C'est bien entendu la première option que l'on espère.



Chronique 1 :


En 2022, les éditions Kana nous proposaient, avec l'excellent drame social Adabana, de découvrir pour la première fois en France NON, une mangaka qui, en 13 années de carrière à ce jour, est surtout connue au Japon pour deux assez longues séries matures et teintées d'érotisme, à savoir Delivery Cinderella (sa première série, lancée en 2010, bouclée en 11 tomes, qui a ensuite connu un recueil d'histoires spin-off ainsi qu'une anthologie en 2020) et Hare-Kon, une oeuvre qui fut prépubliée de 2014 à 2021 dans le Young Magazine des éditions Kôdansha pour un total de 19 volumes, et qui a ensuite connu en 2022 un comeback de 8 chapitres sous le titre Hare-Kon Okawari!. Et c'est précisément Hare-Kon qui, en cette toute fin de mois de mai, vient inaugurer une toute nouvelle collection chez l'éditeur Noeve Grafx: XPLICIT, qui visera à proposer des séries matures et subversives, pouvant aussi bien faire dans la nudité et l'érotisme que dans la violence physique ou psychologique (c'est, en tout cas, comme ça qu'a été présentée la collection par l'éditeur). Autant dire que cette nouvelle collection devrait généralement être réservée à un public averti...

Dans Hare-Kon, on suit Koharu, jolie jeune femme de 22 ans qui enchaîne les désillusions amoureuses depuis qu'elle est partie vivre à Tôkyô: voici trois fois de suite qu'elle découvre que les hommes qu'elle fréquentait, derrière leurs belles paroles, étaient déjà mariés. Et à vrai dire, cette fille impulsive en a tellement marre qu'elle décide de tout laisser tomber, à la fois sa vie dans la capitale et ses relations avec l'autre sexe qui la dégoûte de plus en plus. Rentrant dans sa petite ville natale qu'elle avait quittée il y a 4 ans, elle a désormais la volonté de ne jamais se marier, de vivoter sur place loin des tracas de Tôkyô et des relations amoureuses, et de retourner vivre pour l'instant chez ses parents, même si ces derniers et ses amies la trouvent quand même trop impulsive (mais visiblement, ils ont l'habitude !).
Mais il y a comme un problème: entre un père hospitalisé qui ne pourra plus marcher comme avant, et une mère qui ne se sent pas apte à reprendre les affaires seule, le café familial est voué à fermer, et ça n'enchante absolument pas Koharu. Pire encore: la jeune femme a beau vouloir reprendre elle-même le café, sa mère refuse et semble au bout du rouleau... Et pour cause: les parents de notre héroïne ont en réalité dû contracter des dettes, si bien que leur maison et leur café doivent être saisis dans une poignée de jours.
C'est dans ce contexte délicat que Koharu voit surgir devant elle Ryûnosuke Date, un homme apparemment riche derrière son allure de mauviette, qui tient visiblement beaucoup au café, et qui semble avoir flashé sur elle puisqu'il lui fait une proposition pour le moins cavalière: qu'elle devienne, en échange de suffisamment d'argent pour effacer les dettes, sa troisième épouse.
Troisième, oui. Car il s'avère que depuis quelque temps, la ville natale de Koharu expérimente un système insolite: le mariage harem. Pour lutter contre l'exode rural et la baisse de la natalité, les hommes peuvent désormais avoir jusqu'à quatre femmes, et en plus, les familles polygames reçoivent une subvention, (maison et allocation).

En guise de première série subversive pour lancer la collection XPLICIT, les éditions Noeve Grafx ne pouvaient peut-être pas mieux trouver que Hare-Kon puisque la série-fleuve de NON a pour point de départ un sujet bien délicat, à savoir la polygamie, que la mangaka se contente pour l'instant de tout juste installer non sans une part d'humour et un côté sexy (l'autrice aimant choisir soigneusement ses angles de vue pour mettre en valeur ses héroïnes, avec plus ou moins de finesse), et dont on attendra de voir les développements (et il vaut mieux qu'il y en ait des bons, vu qu'il y a encore 19 tomes derrière,voire 20 en comptant le spin-off).

Cette mise en place, elle pourra paraître assez bizarre, puisque le mariage harem semble avoir été beaucoup trop facilement accepté dans cette ville, entre ceux qui ont un avis plutôt favorable dessus et ceux qui le pratiquent déjà: on n'a effectivement aucun avis opposé ici. Alors forcément, Koharu nous plaît assez en se montrant justement plutôt effarée par la chose qu'elle juge débile, et dont elle souligne vite et bien, avec son impulsivité caractéristique, les points douteux: il y a avait d'autres moyens pour lutter contre l'exode rural et la baisse de natalité, ça risque juste d'attirer les pervers et autres coureurs de jupons... et puis, pourquoi seuls les hommes peuvent se faire plaisir en ayant une sorte de harem ?

C'est dans ce contexte qu'entre en scène Ryû et ses deux stéréotyp... hum, épouses (Yuzu la délurée sexy à fort caractère, et Madoka la toute douce pour l'instant plutôt effacée), avec la ferme volonté de faire de Koharu sa troisième femme. Chose à laquelle notre héroïne tente de s'opposer autant que possible, d'autant plus que le portrait qui nous est fait du jeune homme pour l'instant n'est clairement pas sympathique: même s'il semble avoir une raison vieille de 12 ans pour épouser Koharu, qu'il est prêt à vendre sa maison pour elle et qu'il dit aimer ses femmes de façon égale, le gaillard étale surtout sa thune pour essayer d'acheter la jeune femme, a des allures d'odieux pervers narcissique en affirmant qu'elle a besoin de lui, en la rabaissant et en la réduisant à son joli minois... Tout comme ses deux épouses qui sont pour l'instant tout juste bonnes à se crêper le chignon entre elles par rivalité, le bonhomme nous apparaît, pour le moment, plus détestable qu'autre chose, si bien que c'est un plaisir de voir les moments où Koharu se rebelle bien violemment ! Du moins, jusqu'à une dernière page dont il faudra attendre de voir les conséquences puisque, au vu de la décision prise par Koharu, elle semble lancer véritablement la série.

A l'arrivée, on n'aurait pas été contre une publication simultanée du tome 2 avec le volume 1, tant ce premier opus n'est qu'un mise en place assez déroutante, qu'il est particulièrement difficile de juger. Dans l'immédiat, la lecture ne laisse en tout cas pas indifférent en pouvant tour à tour intriguer et agacer, et en pouvant quand même facilement séduire visuellement puisque les talents de dessinatrice de NON sont bien là, entre des designs soignés, un découpage assez impactant et des décors bien présents et immersifs (même si les photos sont peu retouchées).

Quant à l'édition française, si l'on excepte le logo de la collection XPLICIT sur chaque face (bien visible en bas devant, plus discret sur le dos du tome, et accompagné d'une mention "pour public averti" en 4e de couverture), elle reste dans la droite lignée des habitudes de Noeve Grafx : la jaquette bénéficie d'un beau petit vernis sélectif et reste fidèle à l'originale japonaise, le papier souple et opaque offre une très bonne qualité d'impression, la traduction d'Angélique Mariet se veut très naturelle (surtout pour faire ressortir le côté impulsif de Koharu), et le lettrage du Studio Charon est soigné.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

13.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs