Happiness Vol.10 - Manga

Happiness Vol.10 : Critiques

Happiness

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 24 Juin 2020

L'ultime opus de Happiness s'ouvre sur des pages brutales, violentes: celles d'un Makoto plantant ses crocs dans le cou d'un Sakurane immobile, sous les yeux presque effarés de ses disciples et de Yukiko. Au moment où la jeune femme allait se faire planter par le leader de la secte, le vampire a fini par refaire son apparition après 10 années de sommeil, 10 années pendant lesquelles Yukiko n'a cessé de penser à lui. Et leurs retrouvailles sont donc assez sanglantes avec une première partie de volume où Oshimi entremêle vraiment bien la brutalité de la scène avec ses gros plans et instants brusques, et une certaine fascination à travers ses angles de vue, ses visages hyper travaillés, ses hachures, et ses ciels tantôt griffonnés tantôt quasiment impressionnistes. Que ce soit pour Makoto, pour Yukiko, pour Sudô, pour le jeune Kiyoshi... une véritable page se tourne forcément, avec en tête ces retrouvailles tant espérées par Yukiko... Mais tout est-il fini pour autant ? Makoto va-t-il, peut-il retrouver une vie normale comme semble le vouloir celle qui l'a cherché pendant dix ans ?

La réponse est apportée dès le deuxième chapitre de ce tome, tout à fait hypnotisant pour sa blancheur, pour l'allure adolescente de Makoto et de Yukiko comme s'ils étaient restés coincés dix ans auparavant dans leur époque lycéenne (mais après tout, n'était-ce pas le cas en particulier pour Yukiko, qui quelque part était restée coincée à cette époque où Makoto était encore là ?), et pour son aspect un peu "hors du temps" où le choix de Makoto finit par apparaître. La suite se dessine alors comme une sorte de long "épilogue" où, avec une économie de mots et avec une puissance visuelle évocatrice du plus bel effet, Oshimi aborde justement un temps qui passe à assez vivre allure, en marquant la vie de ses différents personnages de différents événements jusqu'à la mort naturelle. Yukiko, Sudô, Kiyoshi, les parents de Makoto et en particulier sa mère... Le mangaka n'oublie personne dans ce portrait de vies qui défilent, où chacun se raccroche au bonheur qu'il a trouvé quelque part. Et ainsi, Oshimi livre un portrait assez choral (lui qui d'habitude a plutôt tendance à se focaliser sur un seul héros, dans Happiness il y en aura eu plusieurs) et parfois touchant (entre autres, la mère de Makoto reste encore et toujours poignante) de ces visages s'interrogeant sur leur bonheur et le recherchant, quand bien même ils ont dû affronter nombre d'épreuves autant ancrés en eux que le souvenir ineffaçable de Makoto, dont la présence se fait souvent imperceptiblement mais bel et bien ressentir au fil de ces très nombreuses années. Et Nora, dans tout ça ? Eh bien, celle par qui tout a commencé est aussi, en quelque sorte, celle par qui tout finit, mais au travers d'un dernier chapitre lui aussi fascinant dans sa sorte de "retour aux sources" bouclant la boucle, le tout avec toujours un côté très collectif au travers de toutes ces vies qui se sont croisées/côtoyées, chose que les dernières pages rendent très bien.

"Nous... on ne vous oubliera pas... Jamais..."

Ainsi la série vampirique de Shuzo Oshimi s'achève-t-elle avec une certaine puissance, le mangaka ayant su globalement très bien tirer parti de la part surnaturelle de son histoire via sa reprise du mythe du vampire, pour croquer un récit lui ayant permis, au travers de plusieurs personnages, d'esquisser nombre de sujets comme le difficile passage de l'adolescence à l'âge adulte, les blessures que cela peut provoquer, la mort, la vie, ou bien sûr l'idée de bonheur que l'on retrouve dans le titre.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs