Gravel Kingdom - Kaori Yuki Collection N° 6 - Actualité manga

Gravel Kingdom - Kaori Yuki Collection N° 6 : Critiques

Sareki Okoku

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 07 Octobre 2009

« C’est vrai, tu sais. Je voulais juste … jouer avec toi. »

Voilà le sixième et dernier ouvrage de la collection des one shots de Kaori Yuki. Si les derniers sortis se présentaient sous la forme d’un récit éponyme, et d’autres nouvelles beaucoup plus anciennes, Gravel Kingdom concentre la majorité de sa narration sur l’histoire principale. On change l’atmosphère gothique et des manières raffinées pour se plonger dans une histoire plus fantastique, bien moins ressemblante à ses longues séries. Tout commence dans le royaume du temps, où le peuple de l’eau est en conflit ancestral avec le peuple du sable. L’opposition qui unit les deux familles royales dégénère en guerre, et il est interdit pour les uns comme pour les autres de côtoyer le peuple ennemi. Seulement voilà, le prince du peuple de l’eau, Kirameki, rencontre sans le savoir un garçon de son âge qui, surgissant des sables, ne demande qu’à s’amuser avec quelqu’un. Et huit ans plus tard, cette promesse ressurgit inopinément. On apprend que Saga, le gosse qui contrôle un dragon de sable, n’est autre qu’un membre de la famille proche de Kira, et sa volonté de vengeance est sans limites. Il s’emparera du trône que Kira lui laisse sans trop de problèmes, ce dernier pensant plus à son entraînement de guerrier et à son amie Urei qu’à la succession de son père. Mais bien sûr, Saga s’avère avoir des intentions peu louables, et très vite c’est le drame.

L’enchainement des événements est si rapide que le lecteur n’a absolument pas le temps de compatir, de s’attacher aux personnages et de comprendre leurs motivations. On plonge alors dans un schéma un peu trop facile, avec le grand méchant qui contrôle subtilement (ou pas) le faux méchant qui en fait surprend tout le monde (ou pas) par la pureté de son cœur. Ajoutons à cela un héros charismatique (ou … pas), amoureux, plein de courage et de détermination, et un soupçon de magie dans le grand rôle de la potiche, incarnation de la déesse de l’eau Séraphîta. Et le lecteur dans tout ça ? Kaori Yuki l’a perdu au moment de l’évasion de Kira, si rapide, si peu significative, presque anecdotique … Certains passages, trop raccourcis (car ils l’ont été, l’auteur le confesse), auraient mieux fait d’être remaniés différemment tant ils sont présentés étrangement. Et même les rares passages dramatiques sont vite évincés : Saga ne disparait pas totalement, et puis tout est bien qui finit bien … Néanmoins, il faut rester réaliste : dans l’ensemble, la narration est plutôt réussie. Juste décevante quand on connait l’auteur … Bref, une lecture à réserver aux fans tant elle ne transcende absolument pas le genre : tout juste à peine plus originale que les shojos que l’on peut trouver ailleurs, alors que Kaori Yuki sait se montrer si différente ! Il devient alors évident que ses œuvres en plusieurs volumes sont plus dignes de son talent, et qu’un seul tome est bien trop peu pour se délecter de son art, qu’elle met toujours un peu de temps à développer réellement.

La dernière histoire, cependant, est assez déconcertante. Stonehenge, écrit juste avant Gravel Kingdom, tous deux dessinés entre deux volumes de Comte Cain, n’arrive pas à intéresser. En effet, le dénouement est prévisible au possible, et le peu de pages permet encore moins de connaitre les personnages que l’histoire éponyme. Le récit en lui-même est très pauvre, surtout qu’il ne se passe en définitive pas grand-chose dans cette tentative de mêler le surnaturel et l’ordinaire, le passé et le futur, notre monde et un autre. En quelques pages, l’idée était plus que dangereuse, et d’ailleurs pas de miracle : on ne retient strictement rien de cette histoire qui nous laisse un mauvais goût par son manque d'originalité, que ce soit dans la narration ou les graphismes. Ces derniers sont d’ailleurs, durant tout ce volume, conformes à ce qu’on connait de la jeunesse de Kaori Yuki. Assez maladroits, les personnages se ressemblent tous, chacun est inscrit, selon sa personnalité et son rôle, dans un stéréotype graphique immuable. Si bien qu’au premier coup d’œil, on peut déterminer le futur de chaque personnage ce qui, on en conviendra, est assez dérangeant. Ceci dit, même les premiers temps de Kaori Yuki s’avèrent satisfaisants, puisque malgré la simplicité de certains décors -voire leur absence- et la linéarité maladroite des traits des protagonistes, on se surprend à accrocher aux traits fins et esthétiques de ceux-ci. L’édition est globalement satisfaisante, mises à part les fautes d’inattention (pas d’espaces entre certains mots) et certains ombrages / tramages qui ne sont pas du meilleur effet. Un tome de collection, pas indispensable mais sympathique si l'on sait se montrer indulgent.


NiDNiM


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs