Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 09 Janvier 2009
« Dans la gorge … J’ai ce qu’on appelle une tumeur ». Telle est la révélation sur laquelle ce manga démarre. Mitsuki, une fillette d’à peine 12 ans, est gravement malade. Une seule solution : l’opérer. Mais cela signifierai perdre la parole, l’usage de ses cordes vocales. Et ça, Mitsuki ne peut l’accepter. Car, au-delà de son amour pour le chant, elle a promis à quelqu’un qui compte beaucoup pour elle de réaliser son rêve et faire de la chanson son métier. C’est à cette condition que les deux jeunes gens, qui vivaient dans le même orphelinat jusqu’à ce qu’Eichi se fasse adopter, se sont fait la promesse de se revoir. Sur cette note tragique, pourtant abordée par Mitsuki avec un éternel sourire, arrivent deux shinigamis (Takuto et Meroko, rebaptisés les joyeux amis de la forêt par la fillette) dont la mission consiste à prendre l’âme de Mitsuki. C’est ainsi qu’elle apprend sereinement qu’il ne lui reste qu’une seule année à vivre. Elle y voit son ultime chance de remporter le concours de chant qu’elle vise, et promet de rentrer chez elle si elle échoue. Réticents au départ, car chargés d’empêcher la rencontre de Mitsuki avec la personne qui va apparaître dans sa vie pour la sauver de la mort, le duo de shinigamis va finalement l’aider à participer au concours en lui rendant ses capacités vocales, persuadés qu’elle va échouer, Takuto s’infiltrant même dans le jury en ce sens.
C’est ainsi que le concours est gagné, et que l’histoire de Full Moon commence …
Malgré les apparences, Full Moon –à la recherche de la pleine lune- n’est pas un shojo anodin et de si bas étage que l’on pourrait le penser. L’héroïne est assez jeune (tantôt 12 ans, tantôt 16 lorsqu’elle est transformée), et conserve sa naïveté tout le long de ce premier volume. Elle semble réservée malgré sa bonne humeur, mais sa détermination et son courage sont admirables. A aucun moment elle ne s’apitoie ni ne regarde en arrière, une vraie force de la nature. C’est ce caractère, mature et à la fois infantile, qui donne à Mitsuki toute sa dimension d’héroïne pas comme les autres. Les shinigamis qu’elle rencontre, et accepte sans étonnement dans son quotidien, sont source d’interrogations : qui sont ils, pour qui travaillent ils, pourquoi aider Mitsuki … On dirait des gamins grandis trop vite, ce qui semble bien être le cas … D’une certaine manière. Les sentiments les habitent, au même titre que les humains, ils peuvent agir de façon raisonnée ou bien stupide … Bref, Takuto et Meroko sont deux personnages que l’on souhaite voir se développer, ce qui semble une évidence au vu du comportement de Takuto …
L’optimisme et la gaieté de Mitsuki sont contagieux, et c’est exalté que l’on lit ce manga, qui en plus de nous offrir de belles émotions, parfois nouvelles (appréhension de la mort minimisée, désir dangereux de vivre au jour le jour, bien que ce soit indispensable …), nous ouvre les portes du monde de la chanson. Les jeunes lectrices découvrent donc les travers de cet univers de paillettes, pourtant la mangaka reste superficielle à ce niveau, alors qu’elle aurait pu le faire ressortir un peu plus dans ce premier tome. Mais fidèle à son personnage principal, l’auteur reste dans la naïveté d’une histoire pourtant plus profonde qu’elle ne le laisse paraître.
On retrouve forcément le style shojo poussé à l’extrême, avec des yeux gigantesques et des petites fleurs en arrière plan. Pourtant, force est de constater que le dessin est réellement travaillé. A part quelques petites erreurs de ci de là, Arina Tanemura fait de l’excellent travail, notamment sur les en têtes de chapitre qui, bien que parfois chargés, sont avenants et forts agréables à regarder. Dans l’ensemble, le style n’est pas si dérangeant, même s’il est destiné à un public assez jeune. Pourtant cette œuvre peut se lire à tout âge, car le tome 1, avec beaucoup d’humour et de légèreté, nous introduit à la réflexion que cette série apportera sûrement au long des sept tomes. Le graphisme, à la fois simple et complexe, est le reflet fidèle de l’œuvre dans sa douceur, son humour à travers quelques chibis adorables, mais également de son sérieux car, lorsque Full Moon chante, les trames sont poussées dans ce sens, ce qui témoigne du grand talent d’Arina Tanemura. Un premier tome qui décolle donc, nous plongeant dans un univers qui, par sa bonne humeur, son humour et sa tendresse, nous laisse une étrange mais agréable impression, que l'on espére retrouver dans le reste de la série.
Un petit mot sur l’édition, qui se trouve être très satisfaisante, autant dans la traduction en conservant les suffixes, que dans l’information en retranscrivant fidèlement les apartés de l’auteur, ainsi qu’en incluant des notes explicatives (notamment dans le cas des aliments).