Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 06 Février 2020
Hiro, gérant du café Statice, continue d'accueillir dans son établissement diverses personnes ayant des paraphilies, des déviances sexuelles sortant de l'ordinaire, en écoutant toujours leurs problèmes, et en leur servant à chaque fois une infusion personnalisée. Ici, une employée de bureau a priori discrète et sérieuse peine à assumer l'excitation qu'elle ressent quand elle pratique l'exhibitionnisme, d'autant qu'elle n'a aucune considération pour son corps qu'elle pense laid. Là, un homme vient avouer son attirance pour les enfants en ne sachant comment la vivre, alors que se passera-t-il quand il recueillera chez lui une fillette abandonnée ? Enfin, un autre jeune garçon a pour surprenante "anormalité" d'être dégoûté par toutes les pratiques n'étant pas "normales"... mais quelle orientation prendra son existence quand il croisera la route de Karin ?
Exhibitionnisme, pédophilie, normophilie: telles sont les trois nouvelles paraphilies que Meika Arisaki aborde dans ce troisième volume de Freaks' Café, en jouant volontiers avec le feu parfois, mais sans que ce soit gratuit, tout son intérêt résidant avant tout dans le portrait de personnes qui, bien souvent, peinent beaucoup à vivre avec leurs penchants et ont du mal à faire le point sur eux-mêmes. Ainsi, le cas de l'exhibitionniste met assez efficacement en exergue les tourments intérieurs de cette femme qui se sent anormale, moche, détestable, en la rendant tout compte fait assez attachante. Et c'est un peu le même topo pour l'homme attiré par les enfants: pour le coup, l'autrice joue vraiment avec le feu en abordant ce sujet si grave, d'autant plus que les premières choses qu'il dit à Hiro concernant les raisons de cette attirance peuvent mettre mal à l'aise, et pourtant son comportement vis-à-vis de la fillette qu'il recueille, au-delà d'une retenue difficile et de l'envie de "goûter" cette enfant, témoigne aussi d'une réelle bienveillance salvatrice, au vu de son choix final par rapport à cette gamine battue. Tout simplement, en étant ainsi sur le fil mais en ne tombant jamais du mauvais côté, en présentant ainsi certains tourments humains ou plus dérangeants de ses personnages, la mangaka joue avec nos attentes, avec nos acquis, avec nos a priori, pour mieux nous déstabiliser, balayer nos idées préconçues, et ainsi interroger sur certaines des facettes délicates et sombres de l'être humain. Le principal point un peu dommage dans tout ceci, c'est que les récits soient parfois beaucoup trop rapides, en se contentant d'aller à l'essentiel.
Mais avec le cas du normophile, le manga brise à nouveau un peu la routine en refaisant appel au cas de Karin, la petite soeur meurtrière de Hiro, pour un nouveau cas forcément voué à mal se finir. Et même si, là aussi, tout est un peu rapide, on retrouve avec intérêt tous les tourments, toujours plus forts, de Hiro vis-à-vis de cette soeur qu'il ne sait plus comment protéger, ne sachant pas exactement ce qu'il doit faire avec elle. On entrevoit également un petit peu plus pourquoi il a ouvert son café si particulier, et là aussi Arisaki joue sur une certaine ambiguïté dérangeante.
Reste la patte graphique: même si son style a des qualités évidentes qu'on a déjà pu voir dans les tomes précédents, la mangaka montre encore de nombreuses petites limites, des petits détails pas assez soignés, un manque de nuances, des problèmes de proportions... Un petit exemple ? La page 150, où un morceau de grillage censé être en arrière-plan déborde un peu sur la jambe de Karin qui est censée être devant. C'est minuscule, mais ça se voit.
Freaks' Café conserve pas mal de limites, que ce soit dans ses traitements parfois trop rapides ou dans ses dessins, mais d'un autre côté l'oeuvre de Meika Arisaki reste résolument unique dans son sujet autant que dans les angles dérangeants qu'elle y aborde. On reste toujours intrigué par ce manga bien différent, dont la conclusion imminente a été récemment annoncée au Japon.
Exhibitionnisme, pédophilie, normophilie: telles sont les trois nouvelles paraphilies que Meika Arisaki aborde dans ce troisième volume de Freaks' Café, en jouant volontiers avec le feu parfois, mais sans que ce soit gratuit, tout son intérêt résidant avant tout dans le portrait de personnes qui, bien souvent, peinent beaucoup à vivre avec leurs penchants et ont du mal à faire le point sur eux-mêmes. Ainsi, le cas de l'exhibitionniste met assez efficacement en exergue les tourments intérieurs de cette femme qui se sent anormale, moche, détestable, en la rendant tout compte fait assez attachante. Et c'est un peu le même topo pour l'homme attiré par les enfants: pour le coup, l'autrice joue vraiment avec le feu en abordant ce sujet si grave, d'autant plus que les premières choses qu'il dit à Hiro concernant les raisons de cette attirance peuvent mettre mal à l'aise, et pourtant son comportement vis-à-vis de la fillette qu'il recueille, au-delà d'une retenue difficile et de l'envie de "goûter" cette enfant, témoigne aussi d'une réelle bienveillance salvatrice, au vu de son choix final par rapport à cette gamine battue. Tout simplement, en étant ainsi sur le fil mais en ne tombant jamais du mauvais côté, en présentant ainsi certains tourments humains ou plus dérangeants de ses personnages, la mangaka joue avec nos attentes, avec nos acquis, avec nos a priori, pour mieux nous déstabiliser, balayer nos idées préconçues, et ainsi interroger sur certaines des facettes délicates et sombres de l'être humain. Le principal point un peu dommage dans tout ceci, c'est que les récits soient parfois beaucoup trop rapides, en se contentant d'aller à l'essentiel.
Mais avec le cas du normophile, le manga brise à nouveau un peu la routine en refaisant appel au cas de Karin, la petite soeur meurtrière de Hiro, pour un nouveau cas forcément voué à mal se finir. Et même si, là aussi, tout est un peu rapide, on retrouve avec intérêt tous les tourments, toujours plus forts, de Hiro vis-à-vis de cette soeur qu'il ne sait plus comment protéger, ne sachant pas exactement ce qu'il doit faire avec elle. On entrevoit également un petit peu plus pourquoi il a ouvert son café si particulier, et là aussi Arisaki joue sur une certaine ambiguïté dérangeante.
Reste la patte graphique: même si son style a des qualités évidentes qu'on a déjà pu voir dans les tomes précédents, la mangaka montre encore de nombreuses petites limites, des petits détails pas assez soignés, un manque de nuances, des problèmes de proportions... Un petit exemple ? La page 150, où un morceau de grillage censé être en arrière-plan déborde un peu sur la jambe de Karin qui est censée être devant. C'est minuscule, mais ça se voit.
Freaks' Café conserve pas mal de limites, que ce soit dans ses traitements parfois trop rapides ou dans ses dessins, mais d'un autre côté l'oeuvre de Meika Arisaki reste résolument unique dans son sujet autant que dans les angles dérangeants qu'elle y aborde. On reste toujours intrigué par ce manga bien différent, dont la conclusion imminente a été récemment annoncée au Japon.