Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 08 Avril 2025
Enfermée dans un puits, Brise semble résignée à attendre de s'éteindre, peut-être sans jamais pouvoir rejoindre le royaume des morts. Elle ne doit son salut qu'à l'irruption de Sôichi qui, après l'avoir beaucoup cherchée avec panique, exprime toute sa joie de l'avoir retrouvée, et son désir profond de rester avec elle pour toujours. Mais d'où vient cet attachement mutuel entre ces deux êtres que pourtant tant de choses oppose, lui étant un jeune humain et elle une des incarnation du Vent censée ne jamais rester trop longtemps au même endroit ? Telles sont les choses qui vont être révélées au fil d'une première partie de volume naturellement touchante, en particulier dans tout ce que l'on va découvrir sur l'histoire de Brise, sur ses évolutions connues auprès de son camarade d'autrefois Effluve qui était très intrigué par les humains, sur la façon dont elle-même s'est mise en ressentir de l'intérêt pour ces derniers à travers un passage de son existence aussi touchant que triste... jusqu'à la découverte des origines de son attachement pour Sôichi, aussi profond que symbolique. Au fil de tout ce passage, Hisae Iwaoka joue également avec une certaine subtilité sur les croyances que l'on peut placer envers ce qui nous entoure, et sur les liens indéfectibles (en bien comme en moins heureux) de l'être humain avec son environnement.
A l'arrivée, cette phase expose de belle manière la profondeur de l'attachement que Sôichi et Brise ont l'un(e) envers l'autre... mais derrière les aspect tantôt difficiles tantôt touchants de ce lien, réside constamment une interrogation: tous deux peuvent-ils vivre ensemble pour toujours ? Est-ce qu'être avec Brise implique obligatoirement d'abandonner la forêt pour Sôichi ? Si oui, quelles seront les réactions de Mu, Thésaurine, Sofa et les autres amis fantastiques du jeune garçon ? N'y aurait-il pas plutôt un moyen de rendre Brise humaine pour qu'elle puisse rester dans la forêt avec tout le monde, si tant est qu'elle soit acceptée par les autres ?
Alors que de beaux élans d'espoir et de chaleur ont lieu, le lectorat, lui, ressent toujours à travers Brise, ses regrets et son sentiment de culpabilité liés au passé, ainsi que son mensonge concernant la carte de tampons de Sôichi, que les choses ne peuvent pas être si simples. Une part plus douce-amère voire un petit peu fataliste subsiste alors, encore plus en voyant grandir la menace orchestrée par Tornade pour récupérer Brise et, par la même occasion les agissements innocents mais terrible du petit Yôhei dès lors qu'il fait dans la forêt une rencontre surnaturelle qui risque de vite le dépasser... On n'en dira pas plus sur cet axe du tome, pour simplement souligner qu'il prend toute sa consistance dans une dernière partie de tome aussi terrible que déchirante, marquant un tournant dans l'oeuvre.
A l'arrivée, Iwaoka nous livre un tome tour à tour chaleureux et doux-amer, beau et déchirant, doux et terriblement dur jusque dans certaines représentations graphique qui dénotent par rapport à l'atmosphère développée jusque-là... Autant dire que l'on attendra désormais impatiemment la suite de cette oeuvre qui, derrière sa part de poésie, sait aussi toucher et surprendre.