Enfer en bouteille (l') - Actualité manga

Enfer en bouteille (l') : Critiques

Binzume no Jigoku

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 26 Mai 2014

Cette année 2014, les éditions Sakka ont commencé en beauté dans le manga d'auteur en publiant L'enfer en bouteille de Suehiro Maruo, chef de file du courant ero-guro que l'on ne présente plus. Plutôt en vogue depuis un an avec de nombreux ouvrages sortis (Ranpo Panorama, DDT, New National Kid), Maruo nous offre ici un recueil de 4 nouvelles dont la première qui donne son titre à l'oeuvre est une adaptation de la nouvelle de Kyusaku Yumeno; ce n'est d'ailleurs pas la première fois que Maruo adapte un de ses titres puisque c'était le cas avec Yume No Q-Saku.

Au programme nous avons donc 4 nouvelles d'une durée plus ou moins longue, toujours sur les thèmes phares de l'auteur à savoir la folie, la perversion et autres qu'il prend toujours autant de plaisir à illustrer sans tabou. Le recueil commence avec la nouvelle éponyme, nous racontant l'histoire de deux adolescents frère et soeur s'étant retrouvés sur une île déserte lorsqu'ils étaient enfants. Petit à petit, ces derniers grandissent tout comme leur corps commence à affirmer leurs formes, et ainsi nait un désir particulier l'un envers l'autre. Seulement ce sentiment est interdit entre eux selon leur volonté religieuse et au fur et à mesure apparait une folie animale qu'il sera dur de calmer.
Comme souvent dans les récits de Maruo, le dessin ici sublime les sentiments et là particulièrement la folie naissante du jeune homme. Au fil des pages l'île déserte paradisiaque devient un véritable enfer, les animaux répugnants venant couvrir le corps des adolescents. La mer se transforme en véritable gouffre abyssal, les corps se meurtrissent et le rapport entre les deux frère et soeur devient de plus en plus tendu et difficile.

La seconde histoire se penche sur une célèbre histoire, La tentation de Saint Antoine, maintes fois illustrées par des artistes tels Michel-Ange ou encore Salvador Dali. Maruo nous dépeint ici le portrait d'un vieux prêtre dont les gens ne portent aucun intérêt, pire même, qui se fait complètement rejeté. A croire que seul lui a la foi chrétienne, l'homme se voit peu à peu désireux de femmes et son envie de sexe l'obsède presque complètement.
Maruo illustre cette folie par de nombreuses chimères, rappelant justement les nombreux tableaux réalisés par les artistes tels ceux cités auparavant. Parmi tous les récits du recueil, c'est sans doute celui où l'on prend le plus pitié du personnage principal, surtout que celui-ci ne devient pas spécialement malsain.

La troisième nouvelle suit un couple vivant au dépend d'un autre homme, aveugle mais très riche. Nombreuses sont les personnes à vouloir s'emparer de son butin mais impossible de mettre la main dessus, où le cache-t-il ? Le mystère règne. Mais peu à peu, l'homme se voit se rapprocher de la mort, ce qui en rend d'autres bien plus heureux et attentifs pour essayer de s'emparer une bonne fois pour toute de son argent.
Pas vraiment de côté très malsain dans cette histoire, nous avons plus affaire à une chasse à l'homme qui va prendre une tournure assez crue, le couple étant prêt à tout pour s'emparer de la cagnotte. Il est intéressant du coup de voir aussi cet aveugle prendre peur peu à peu car il sait qu'il va mourir et que tout le monde veut son dû.

L'ultime nouvelle est sans doute la plus malsaine et difficile du livre. On nous compte l'histoire d'une jeune fille accompagnée de son petit frère étrange, incapable de prononcer un mot et d'être conscient de quoi que ce soit. La pauvre fille a vu sa mère mourir très jeune et son père s'est rabiboché avec une méchante femme qui prend plaisir à rendre malheureuse l'héroïne. Mais un jour, l'enfant surprend son père discuter avec un ami à lui qui lui propose de vendre sa fille et de donner le garçon à une foire afin qu'il en fasse un monstre pour attirer du public. Les deux enfants quittent le domicile et ainsi commence pour eux une vie d'errance où la peur est constante...
Encore une histoire difficile tant la vie des enfants est douloureuse, d'autant plus que le garçon ne s'en rend pas compte alors que pendant ce temps la fille est obligée de vendre son corps pour réussir à vivre et à s'occuper de son petit frère. Ici les adultes sont placés en tant que personnages malsains et cruels et l'on prend du coup vite part à la triste vie des deux héros.

A la fin de la lecture de ce recueil, autant vous dire directement que si vous êtes fan de l'auteur vous serez forcément un peu déçu. Si L'enfer en bouteille est un bon recueil et propose tout de même des histoires bien différentes et toutes aussi intéressantes, celles-ci ne vont pas assez loin et le travail de Maruo semble limité. Autant tout est plutôt bien illustré, autant il manque de la richesse au niveau du scénario : tout est abordé de façon plutôt légère et la fin des histoires vient bien trop rapidement. Personnellement, j'ai eu l'impression d'être coupé en pleine lecture à chaque fin de récit, ce qui est plutôt frustrant ! On n'y trouve donc pas de véritables morales qui nous font réfléchir en fin d'histoire et le tout manque donc du petit quelque chose qui rendrait le recueil vraiment passionnant, c'est fort dommage.
Cependant, L'enfer en bouteille reste quand même un titre plaisant à lire : pas très complexe, plus facile d'accès, le manga pourra tout à fait convenir si vous voulez avoir un aperçu léger de l'oeuvre de Maruo.

Concernant l'édition, c'est du tout bon puisque le livre a un prix correct, l'objet en soi est de très bonne qualité et le titre contient même une préface de Moebius publiée il y a longtemps dans une revue.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Kiraa7
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs