Enfant et le maudit (l') Vol.3 - Actualité manga
Enfant et le maudit (l') Vol.3 - Manga

Enfant et le maudit (l') Vol.3 : Critiques

Totsukuni no Shoujo - Siúil a Rún

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 26 Octobre 2017

Alors que Sheeva perdait petit à petit l'espoir de revoir sa tante, celle-ci est apparue devant elle dans le monde de l'extérieur, et l'emmène, escortée dans la forêt, sur un chemin qui paraît bien sombre. Mais à l'heure où la fillette devrait être heureuse, elle peine à l'être, car on ne lui laisse pas l'occasion de revoir le "Professeur" avant son départ. Emmenée de force, s'éloignant du "Professeur" qui la poursuit pour essayer de la rattraper, quel destin attend la petite fille immaculée dans le monde de l'intérieur ?


"Sans toi, je..."


La toute fin du deuxième tome, superbement mise en scène de par le chemin sombre qui s'ouvrait devant les pas de Sheeva et de sa tante, laissait sur de très fortes promesses, et ça ne manque pas. Le début de ce troisième volume nous offre un moment de tension indescriptible, via, une petite course-poursuite où Nagabe joue les choses à merveille : la violence des soldats face au "Professeur", la manière qu'il a de toujours se relever pour reprendre sa course où l'on devine un certain désespoir, Sheeva qui regarde derrière elle son "Professeur", mais qui, traînée de force, ne peut le rejoindre... le tout dans une mise en scène toujours aussi léchée, notamment via l'alternance entre les vues sur le "Professeur" et celles sur Sheeva et sur le chariot qui s'éloigne petit à petit... Une séparation fracassante, cruelle et touchante, qui est le point de départ de nouvelles choses.


D'un côté, voici donc le "Professeur" laissé seul, et chez qui les questions se bousculent. Sauver Sheeva, la rendre à sa tante, quelque part c'est bien ce qu'il voulait. Alors, quelle est cette crainte qui l'anime ? Pourquoi sa tante est-elle arrivée pile maintenant ? Que faisait-elle avant, pour ne pas venir chercher Sheeva ? Pourquoi les soldats qui ont tiré sur la fillette auparavant se sont soudainement mis à la protéger ? L'enfant est-elle vraiment en sécurité désormais ? Le lecteur, qui a un petit coup d'avance sur les principaux personnages, sait déjà que quelque chose se trame dans les hautes instances du monde de l'intérieur, et cela se confirme. Ces informations en tête, c'est avec une crainte toute particulière que l'on attend de voir ce qui attend la fillette.


Pendant ce temps, Sheeva, de son côté, retrouve donc sa tante, et entame avec elle un nouveau quotidien dans un village de l'est. Ce passage offre ce qui est à ce jour la plus forte immersion au sein du monde de l'intérieur, où l'on découvre somme toute des habitants humains normaux et s'adonnant à leurs tâches. Nagabe parvient sans mal à offrir à ce grand village un parfum ancien ou, en tout cas, hors du temps, comme dans un conte. Mais à l'heure où Sheeva devrait se réjouir de pouvoir entamer un nouveau quotidien avec sa tata, son coeur reste incertain : il y a la joie de retrouver la douceur de sa seule famille, mais aussi ses pensées encore tournées vers le non-humains qui l'avait recueillie si affectueusement. Mais, surtout, il y a la cruauté qui pourrait s'abattre plus fortement que jamais, un simple petit mensonge enfantin risquant de tout faire basculer...


A partir de là, on n'en dira pas plus, pour ne pas en révéler trop, mais on peut dire que Nagabe touche encore avec une force rare, en nous faisant ressentir toute la cruelle condition de cette toute petite fille ballotée par les événements en n'ayant rien demandé, alors qu'elle est pourtant si innocente et fragile. A l'instar du "Professeur" dans l'en des plus jolies scènes du tome, on aimerait tant la serrer dans nos bras, mais on ne le peut pas. La petite Sheeva attire vraiment sur elle un profond attachement.


Et pour porter son récit, Nagabe a toujours ses talents pour les décors riches en contrastes, pour ses silhouettes diffuses, pour ses découpages souvent captivants (ah, cette façon de décortiquer la réaction de Sheeva p90), pour son application à attirer le regard sur des petites choses ou des petits gestes (une tarte posée sur une table, des feuilles mortes balayées d'un banc avec un revers de main...). Difficile, également, de ne pas souligner ses réguliers angles de vues parfaitement trouvés pour entretenir toute l'atmosphère, même discrètement : la vue sur Sheeva et sa tante p44 entre les poutres, ou le placement depuis les branches p140 aux côtés des "oiseaux", en sont des exemples.


Le récit de Nagabe, toujours aussi superbement dépeint, avance plutôt bien, en nous plongeant toujours aussi efficacement dans cet univers fascinant et cruel, aux côtés de ce non-humain et de cette fillette plus attachants que jamais.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs