Durarara - Light Novel Vol.3 : Critiques

Mikado Ryûgamine, lycéen, et leader des Dollars.

Masaomi Kida, lycéen, et chef du gang des Turbans Jaunes, un vestige des "color gangs".

Anri Sonohara, lycéenne sous l'emprise de la lame maudite Saika. Tous ignorent qu'elle est, bien malgré elle, le mystérieux "pourfendeur".

Ces trois adolescents sous tous au même lycée à Ikebukuro, et sont des amis proches. C'est même sur proposition de son ami d'enfance Masaomi que Mikado a décidé de venir poursuivre ses études à Tokyo, afin de vivre des choses extraordinaires. En venant en aide à Anri à la rentrée, ils se sont tout naturellement rapprochés d'elle, et la jeune fille ne manque pas de plaire aux deux garçons.

Mais tous les trois, comme beaucoup de monde sauf un certain informateur, ignorent qui sont réellement leurs amis. Et les relations entre les Dollars et les Turbans Jaunes étant de plus en plus tendues, que se passerait-il si la vérité venait à éclater ?

A l'issue d'un deuxième roman rondement mené et ayant bien développé les personnages de Shizuo Heiwajima et surtout d'Anri Sonohara, nous avions laissé les héros de DuRaRaRa!! à l'aube d'une situation de crise. Attaqués par le "Pourfendeur", certains membres des Turbans Jaunes se sont persuadés que l'agresseur est forcément le leader des Dollars, et cette situation de crise entre les deux groupes pourrait profiter à certains visages pas forcément bienveillants, à commencer par un homme projetant de prendre le pouvoir au sein des Turbans Jaune, et par un autre qui, grâce à ses nombreuses informations que lui seul connaît, prend un malin plaisir à tirer les ficelles.

Le tome suit un schéma assez classique au niveau de ses rebondissements, où tout converge petit à petit vers la découverte de la vérité par les trois lycéens... Comment encaisseront-ils le choc ? Ryohgo Narita ne prend finalement pas beaucoup de risque concernant cette vérité, car on pouvait facilement attendre un peu plus de tiraillement entre ces trois adolescents, amis proches das la vie normale, mais faisant partie de groupes différents. Par contre, le romancier assure sur tout le reste, surtout quand il s'agit d'exploiter sa vaste palette de personnages. Ainsi, tout en se voulant protectrice d'Anri, la dullahan motarde sans tête Celty pourrait enfin apprendre définitivement qui est à l'origine de la disparition de sa tête. Shingen Kishitani, le père de Shinra, trouve alors une place intéressante dans la série. Quant à Shizuo Heiwajima, l'homme le plus fort d'Ikebukuro, il pourrait payer cher sa proximité avec les dollars. On est également content de voir Simon trouver un peu plus de présence, et de suivre les choix importants du groupe de Kadota, partagé entre différents camps. Enfin, difficile de ne pas se régaler devant les manipulations d'un Izaya encore en grande forme, et d'une certaine jeune femme devenue son assistante. L'informateur reste à la fois dans tous les camps et dans aucun d'entre eux, cherchant surtout son intérêt et son propre amusement... Ce bonhomme-là aime-t-il vraiment l'humanité, comme il l'affirme, ou joue-t-il avec elle ?

Entre manipulations et coups de théâtre où certains personnages avancent et doivent choisir leur camp, Narita nous offre 320 pages prenantes, où il marie surtout son sens du spectacle à un développement qui était évidemment très attendu : après Mikado Ryûgamine dans le tome 1 et Anri Sonohara dans le volume 2, c'est au tour de Masaomi Kida, leader tout juste révélé des Turbans Jaunes, d'avoir droit à son approfondissement... et quel approfondissement ! Car sous ses allures de dragueur insouciant, le jeune garçon cache bel et bien un passé difficile, lié à son rôle dans les Turbans Jaunes à l'époque où il était collégien, et à une certaine Saki Mikajima. L'auteur nous invite alors à découvrir tout ce qui lui est arrivé de difficile depuis deux ans, ce qui vient beaucoup le nuancer. On découvre un garçon qui a fait de terribles erreurs avec lesquelles il doit vivre... mais peut-être aura-t-il l'occasion d'enfin surmonter son passé, à moins qu'il ne soit destiné qu'à vite rester un simple souvenir sans avenir. Après tout, la jungle urbaine d'Ikebukuro est une jungle comme une autre.

Si les développements de Narita sont aussi efficaces autour de Masaomi, des différents conflits, des manipulations, des ambitions personnelles et de l'inévitable collision entre les trois factions représentées par les trois lycéens, c'est aussi parce que Narita conserve une écriture très emballante. Ici, en plus d'alterner très souvent les points de vue comme à son habitude, le romancier offre également plus de jeux dans le temps à des époques plus ou moins longues et plus ou moins lointaines (on peut aller d'un flashback de deux ans en arrière, à simplement un flashback des événements ayant eu lieu 20 minutes avant). L'écriture n'est jamais statique, jamais linéaire, tout au plus pourra-t-on y regretter d'y retrouver moins d'allusions à l'actualité d'alors. L'immersion dans Ikebukuro est également un peu moins forte, mais c'est pour le bien d'une intrigue qui s'accélère autour des personnages, jusqu'à conclure une première grande partie.

Le premier grand arc de Drrr!!, autour des trois lycéens, s'achève donc avec réussite, Narita ayant pour lui une palette de personnages savoureuse, un excellent univers, et une écriture toujours aussi astucieuse. Autant dire que l'on attend avec impatience la suite et les nouvelles aventures à venir !