Bienvenue au Gamurakan Vol.1 - Actualité manga

Bienvenue au Gamurakan Vol.1 : Critiques

臥夢螺館

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 30 Décembre 2009

Après Don Giovanni et le Jour du Loup et avant Voyage à Uroshima du même auteur, les éditions Casterman nous proposaient Bienvenue au Gamurakan, série en deux tomes et unique série de l'auteur parue en France à l'heure où j'écris ces lignes, les trois autres oeuvres étant des one-shot.

Un jour, l'avocat Aoi Midorikawa voit débarquer dans son bureau une vieille femme venue lui demander de faire expulser un locataire d'un appartement dont il ne paie pas le loyer depuis plusieurs mois. Arrivé sur place, il se retrouve face à une porte verrouillée par plusieurs cadenas et dont la poignée est couverte d'un étrange liquide collant. Bien qu'il préfèrerait rentrer chez lui, il finit par apercevoir par la fenêtre d'étranges petits êtres à l'apparence d'angelots, entièrement nus et volant dans les airs. Poursuivant son enquête, il est victime de ces curieuses créatures qui prennent possession de son corps et commencent à se répandre...

Si les autres titres de Yôji Fukuyama étaient déjà atypiques, Bienvenue au Gamurakan est sans conteste le plus étrange de tous.

Commençant comme une enquête fantastico-horrifique, ce premier tome en vient rapidement à nous faire suivre l'invasion des angelots dans le monde des humains, ces derniers se retrouvant totalement pris au dépourvu et démunis face à l'irruption de ces éléments fantastiques que l'on a encore du mal à cerner. Ainsi, de multiples questions apparaissent durant la lecture: que sont exactement ces angelots ? Qu'est-ce que le Gamurakan ? Qui sont les deux mystérieux individus qui apparaissent régulièrement sur les lieux où se trouvent les angelots ? Autant de mystères que tente de résoudre la police, mais également, en parallèle, Midorikawa, au sujet duquel on se demande bien s'il parviendra à s'en sortir et à sauver sa petite soeur.

Enquête teintée d'une forte dose de fantastique et d'horrifique, Bienvenue au Gamurakan n'est pourtant pas effrayant pour un sou, et ce n'est clairement pas le but de l'auteur, qui s'attarde surtout à nous montrer les réactions d'humains pris au dépourvu face aux angelots avec une volonté très claire de faire dans le divertissement et l'humour. Un humour particulier, surtout pour une histoire de ce genre, qui donne dans le burlesque en nous offrant un nombre important de situations invraisemblables: Midorikawa se retrouvant avec la tête dans un ordinateur, un patron coincé au milieu d'une vitre du building où il travaille, les morts se réveillant pour d'étranges raisons, les angelots prenant plaisir à mordre le nez des humains... sont autant d'éléments comiques venant se superposer à l'aspect plus horrifique, pour un mélange des genres unique et curieusement très plaisant. L'auteur ne nous épargne aucun délire, allant même, dans ses retranchements les plus extrêmes, à évoquer très vaguement des sujets comme l'inceste ou la nécrophilie sur le même ton. Certains crieront peut-être au mauvais goût, d'autres seront conquis par le ton résolument unique du mangaka.

C'est sur le plan visuel que le volume prend toute son ampleur: comme toujours avec Fukuyama, les délires visuels, les sous-entendus et le symbolisme (notamment au sujet du fameux liquide blanc collant, qui en évoque un autre lors de certains passages...) et les plans audacieux sont légion et s'avèrent parfois frappants. La clarté et le simplisme tout relatif du trait de l'auteur confèrent à l'ensemble un dynamisme indéniable, et offrent aux angelots un aspect pur qui contraste avec leurs faits et gestes, ainsi qu'un côté hypnotique renforcé par leurs yeux ronds, à la fois très enfantins et diaboliques.

Avec ce premier volume de Bienvenue au Gamurakan, Yôji Fukuyama fait plus que jamais parler son style unique en mélangeant allègrement les genres pour nous offrir une bien savoureuse étrangeté. Le titre ne plaira pas à tout le monde, mais est à essayer pour celles et ceux désirant lire quelque chose qui sort des sentiers battus.

Au programme de cette édition, un grand format, quatre pages en couleurs, une traduction correcte et une bonne qualité d'impression, mais également un lettrage et une adaptation graphique qui ne convainquent pas totalement.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs