Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 10 Octobre 2025
Devenu à son insu instructeur extraordinaire de l'Ordre des chevaliers de Libério sur demande son ancienne apprentie la commandeure Allucia, Beryl tâche de s'acclimater à son nouveau quotidien à la capitale, en plus de faire de nouvelles rencontres et de retrouver certains de ses disciples. A l'issue du tome 1, après ses retrouvailles avec Ficelle, devenue une mage pleine de promesses, nous le laissions face à un nouveau danger, à savoir un familier de feu hostile à son égard... Qui est-il ? D'où vient-il ? Et surtout, qui est son propriétaire et pourquoi l'attaque-t-il ? En réalité, comme on pouvait s'y attendre, ce nouveau problème est assez vite conclu dans le début de ce deuxième volume et vise surtout à installer une nouvelle figure importante en la personne de Lucy Diamond, archimage de la brigade magique et donc magicienne la plus puissante du royaume, qui laisse une impression suffisamment forte malgré, une nouvelle fois, son côté bien cliché autant niveau caractère que niveau apparence: dites bonjour à la fille au physique d'enfant sûre d'elle et capricieuse, ça ne fait jamais qu'un poncif de plus parmi le casting féminin qui ne compte que des stéréotypes pour l'instant.
Néanmoins, si vous n'avez pas encore fait d'indigestion de ce type de clichés, il faut avouer que l'oeuvre semble petit à petit décoller un peu plus au fil des pages suivantes qui lancent enfin quelque chose d'un brin plus consistant, dès lors que Beryl est chargé, avec Surena, de veiller au bon déroulement d'une mission d'escorte de jeunes aventuriers dans un donjon qui abrite peut-être un monstre non-identifié et qui dégage une activité magique étrange. Après un petit duel rapide mais efficace contre son ancienne disciple pour faire ses preuves auprès de ceux qui douteraient encore de lui, voici notre héros et son petit groupe partis pour cette exploration qui, évidemment, va rapidement se révéler assez périlleuse. Certes, l'ensemble reste très classique du genre, et même assez prévisible: les auteurs insistent tellement sur la relation Porta-Nidly qu'on se doute largement de ce qui va arriver juste après pour amener un peu artificiellement de la tension, et au vu de la puissance de Surena et de Beryl (même s'il n'en a pas vraiment conscience) il n'y a pas de réel suspense à ce stade de l'oeuvre. Néanmoins, il y a de quoi rester séduit par les faits d'avoir en personnage principal l'habituelle figure du "mentor", de voir à quel point Beryl pense à ses protégés et est heureux de voir ce qu'ils sont devenus, et surtout de découvrir un efficace focus sur Serina elle-même, fille autrefois craintive avant d'être recueillie par Beryl et de devenir une héroïne réputée dans le monde entier: ses traumatismes d'enfance, ce qu'elle doit à notre héros, ses facultés, ce qu'implique son statut d'aventurière de rang noir... sont autant de choses que, mêmes si elles sont abordées rapidement, on découvre avec un certain attachement. Et puis, au-delà du classicisme (voire du côté cliché, comme déjà dit) de ses designs, il faut avouer que Kazuki Satô livre ici des séquences d'action tout à fait limpides !
Le choix de publier simultanément les deux premiers tomes en France était donc le bon, car après un premier volume de mise en place clair mais basique l'oeuvre montre déjà un peu plus de choses ici et devrait, en toute logique, continuer de monter en intérêt. Hormis pour les quelques spécificités de son personnage principal, Beryl - De paysan à maître d'armes n'a rien de spécialement original pour l'instant (et joue même souvent sur de gros poncifs, surtout dans son casting féminin, au cas où on ne l'aurait pas déjà assez dit), mais la série devrait avoir de quoi trouver son public.
Enfin, après deux volumes, on peut dire que le bilan de l'édition française est convaincant, si l'on excepte un peu de moirage sur certaines planches: on a droit a des jaquettes soignées, à un logo-titre bien imaginé par Lucie Archambault, à une traduction très claire, vivante et naturelle de la part de Vincent Marcantognini, à une adaptation graphique soignée du Studio Charon, à une bonne qualité d'impression effectuée en France chez Dupliprint, et à un papier à la fois souple et suffisamment opaque.