Promare - Actualité anime

Critique de l'anime : Promare

Publiée le Lundi, 29 Juillet 2019

L'été 2019, voire l'année entière, se révèle particulièrement exceptionnelle en ce qui concerne le cinéma d'animation japonais en France. Le début d'année fut marqué par le très stylisé Dragon Ball Super Broly, sans oublier Mirai, ma petite sœur de Mamoru Hosoda. C'est maintenant l'été qui nous en fait voir de toutes les couleurs avec l'acclamé Les Enfants de la mer, les prochains Wonderland : Le royaume sans pluie et Le Mystère des Pingouins. Cette fin de mois de juillet marque aussi le retour d'un réalisateur apprécié, et cette fois dans nos salles obscures : Hiroyuki Imaishi. Son dernier bébé en date se nomme Promare, un film créé en tandem avec son compère Kazuki Nakashima, l'alchimie du duo ayant abouti auparavant à Gurren Lagann et Kill La Kill. Forcément, on en attendait beaucoup du projet, notamment parce que les trailers et images dévoilaient déjà un long-métrage visuellement inventif, et porté par le souffle épique qu'on connait chez le duo. Plusieurs avant-premières se sont tenues en amont de la sortie nationale, dont une à Japan Expo, de quoi permettre aux plus impatients de s'offrir un premier visionnage. Nous avons eu la chance de pouvoir assister à l'une de ces séances, de quoi nous confirmer les promesses du distributeur Eurozoom dans sa communication : Promare est le spectacle visuel et l'expérience intensivement extrême que nous attendions.



Un scénario tout feu, tout flamme

30 ans auparavant sont apparus les Burnish, des mutants dotés de pouvoirs de flammes exceptionnels, qui ont mis le feu à la moitié des villes du monde. Trois décennies plus tard, ces derniers restent craints, notamment parce qu'un groupe de terrorristes pyromanes nommé Mad Burnish sème le trouble. Éteindre leurs incendies et tenter de mettre la bande aux arrêts, telle est la mission de la Burning Rescue, pompiers modernes équipés d'une technologie dernier cri. Parmi eux figure Galo Thymos, tête brûlée du groupe prête à tout pour stopper les crimes des Mad Burnish. Lorsqu'un nouveau violent incendie criminel frappe un building, c'est l'occasion pour Galo et la Burning Rescue d'affronter de nouveau leurs ennemis...




Imaishi et Nakashima ont le don pour créer un scénario d'action à partir d'élément singuliers. Dans Kill La Kill, ils nous offraient un superbe nekketsu utilisant comme motif de pouvoirs les... vêtements. Ici, le concept phare vient du feu dans sa dimension crédible, à savoir les incendies et les pyromanes. Par crédible, entendez bien l'idée qu'on peut se faire du feu dans notre réalité, puisque le scénario de Promare va s'emparer de cette idée pour en faire quelque chose de très Imaishiien. Certains l'ont cité comme point faible tandis que d'autres prendront ça comme une des forces du film : le scénario jouit des ficelles que peuvent bâtir le tandem dans son déroulement. L'ennemi n'est parfois pas celui que l'on croit, une menace plus extrême que celle implantée au départ se trame en toile de fond, de multiples révélations parsèment le film qui arrive même à prendre une dimension stéllaire et démesurée par moment, et le manichéisme de plusieurs personnages est régulièrement balayé pour créer quelques surprises et des alchimies particulièrement saisissantes. Pour quiconque aurait apprécié les formules Gurren Lagann et Kill La Kill, la démesure progressive du scénario ne sera pas un frein, ni même le déroulement qui rappelle régulièrement celui des deux séries. Au contraire, même : c'est véritablement là la patte du duo, une saveur qu'on aime donc retrouver et qu'on appréciera d'une autre manière dans une salle obscure, notamment parce que le scénario est surtout au service de l'esthétique du long-métrage. Ceux qui n'ont pas cru à l'intrigue de Promare n'ont peut être pas compris ces intentions, car le scénario du film est autant un moyen de faire bouillir le sang des fans des œuvres précédentes du tandem, que d'avoir des justificatifs pour présenter une expérience visuelle ahurissante qui justifie amplement le visionnage dans un cinéma.



Un spectacle visuel, et un spectacle qui a du sens

Le scénario, c'est bien beau, mais l'argument le plus fort de Promare vient de sa facette visuelle et de la réalisation sans limites du long-métrage. Non pas que l'écriture du film n'ait pas d'importance, loin de là ! Elle apporte aussi une âme au film, notamment dans le duo central qui fera mille étincelles dans la seconde partie du long-métrage. Mais là où Promare nous bluffe d'entrée de jeu, c'est par toutes ses qualités visuelles, allant aussi bien de l'animation extrêmement dynamique, la réalisation qui s'offre des effets de caméra à tout va, des jeux de couleur à nous en exploser la rétine, ou cette vision artistique particulièrement brillante visant à multiplier les formes et polygones bien colorés dans les phases d'action, rendant la représentation des flammes hautement inventive. Un bien beau pied de nez pour les quelqu'un uns qui ont moqué la présence du feu comme outil d'action majeur du film : C'est justement pour sa forme insolente que l'élément a été choisi, les limites de sa représentation dépendant alors de l'imagination du réalisateur. Et de l'imagination, Imaishi et toute son équipe n'en manquent jamais dans Promare, à aucun instant.




Et si ce n'était qu'une question de flammes, peut-être que le film trouverait sa limite, à un moment. Multipliant les hommages aux œuvres précédentes du binômes Imaishi X Nakashima, le film ne propose pas que des affrontement à base de flammes et multiplie ses orientations, se dirigeant parfois vers la SF en passant par le scénario catastrophe. L'alchimie des concepts amène un renouveau permanent de la technique et de la mise en scène, et aucune séquence d'action ne ressemble à la précédente dans Promare. C'est en ce sens que le rythme effréné du long-métrage, qui ne se pose jamais vraiment, est une réussite totale : Chaque séquence à quelque chose à nous montrer, y compris des instants plus posés où il est question du développement de l'intrigue ou des personnages. La réalisation sert le spectacle mais aussi le propos, aussi il faudra certainement quelques visionnages de Promare pour en saisir l'ensemble des nuances, et il est fort probable que chaque retour en salle amènera au spectateur un quelque chose de nouveau, plus qu'une énième séance spectaculaire de plus 100 minutes.




Enfin, saluons au passage le travail musical de Hiroyuki Sawano qui parvient à s'adapter à toute la dimension épique du film. Le compositeur continue de jongler entre les pistes purement orchestrales et celles chantées, comme dans beaucoup de ses travaux, ce qui ici est plutôt bien vu. Avec une esthétique aussi stylisée, la patte Sawano est totalement cohérente et retranscrit habilement la démesure de Promare, les dimensions multiples des personnages et les changements de registre opérés durant le long-métrage. Certes, Sawano ne renouvelle pas vraiment son style, mais il l'utilise de la meilleure des manières.


Conclusion épique

En ce sens, il y aurait beaucoup à dire sur Promare pour en détailler les perceptions et les intentions de réalisation. C'est pourquoi le film aura le droit à son dossier sur le site, ultérieurement, une fois le long-métrage proposés en supports physiques chez nous. En attendant, on ne peut que vous conseiller de vous ruer sur le film en salle, si salle projetant Promare il y a à proximité. Car Eurozoom multiplie les efforts pour promouvoir le long-métrage, mais tous les cinémas ne sont pas enclins à accueillir un tel divertissement. C'est donc le public mais aussi les curieux et ceux qui soutiennent l'animation qui doivent démontrer leur avis. Sachant que, pour toutes les qualités que nous avons tenté de décortiquer au mieux dans cet écrit, Promare a le potentiel pour séduire un beau nombre et de différentes façons, on ne peut que conseiller chacun de tenter l'expérience en cinéma pour une immersion optimale. Certains seront émerveillés par la réalisation et la puissance visuelle présente, d'autres subjigués par des personnages forts, tandis que d'autres n'adhèreront peut-être pas au parti-pris scénaristique. Mais dans tous les cas, Promare ne devrait pas laisser indifférent.
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

18 20

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