Rencontre avec la mangaka Tamekou- Actus manga
actualité manga - news illustration

Manga Rencontre avec la mangaka Tamekou

Vendredi, 09 Juin 2023 à 18h00 - Source :Rubrique interviews

En décembre dernier, la Y/Con de Villejuif et les éditions Akata avaient l'honneur d'accueillir Tamekou, une mangaka qui s'est taillé une belle petite réputation ces dernières années, que ce soit dans le boy's love avec le sulfureux You're my Sex Star et le bijou Rêve de coucou, ou dans d'autres styles. C'est, d'ailleurs, pour le lancement chez Akata de sa série plus "grand public" Mon petit ami genderless que l'autrice était présente dans notre pays. Manga-news a eu la chance de rencontrer cette sympathique artiste lors d'une interview, dont nous vous proposons ci-dessous le compte-rendu, à l'occasion de la sortie cette semaine du tome 3 de Mon petit ami genderless.





Tamekou, merci beaucoup d'avoir accepté cette interview. une question classique pour commencer: Qu'est-ce qui vous a attirée vers le métier de mangaka ?

Tamekou : Merci à vous de vous intéresser à mon oeuvre ! Déjà en primaire j'aimais beaucoup dessiner, c'est quelque chose qui m'est venu naturellement. Et mon premier manga, je l'ai aussi dessiné à cette époque ! J'avais environ 7 ans, et il s'agissait d'une parodie de Card Captor Sakura, sur laquelle j'ai fait un volume complet.


Votre carrière professionnelle a commencé en 2014, et vos premières années ont surtout été dans le yaoi. D'où vient votre intérêt pour ce genre en particulier ?

Au départ je faisais uniquement dans le doujinshi, puis un éditeur ayant repéré mon travail m'a proposé de faire des publications professionnelles dans ce genre. A l'origine, quand j'étais en primaire, je n'étais pas spécialement intéressée par le yaoi et étais plutôt branchée shôjo. Mais un jour, quand j'étais vers la dernière année d'école primaire, en lisant un manga (dont je ne me rappelle plus le nom) dans le magazine shôjo Hana to Yume des éditions Hakusensha, je me suis rendu compte que j'ai beaucoup accroché à une scène où deux garçons s'embrassaient. Je pense que c'est cette scène qui a commencé à faire germer en moi un intérêt pour ce genre. Par la suite, j'ai notamment découvert le manga Reincarnations - Please save my Earth, dans lequel il y a aussi des éléments de romance homosexuelle, et ça a confirmé cet intérêt.




Vos œuvres dans le domaine du yaoi jouent sur différents créneaux. Elles peuvent être très érotiques, sulfureuses comme dans You'r my Sex Star, mais aussi très psychologiques, émouvantes, ou même positives... Vous, qu'est-ce qui vous plaît le plus quand vous concevez ce genre d'histoire ?

Il n'y a pas vraiment un style d'histoire que je préfère. Tout dépend de mon état d'esprit sur le moment.


Personnellement il y a quelque chose que j'aime beaucoup dans ce genre, c'est mon impression que les mangakas y sont peut-être plus libres d'essayer des choses visuellement, de bien apposer leur patte. Ce sentiment de liberté dans le yaoi, diriez-vous qu'il est exact ?

Je ressens effectivement cette liberté, mais à titre personnel pas uniquement dans le yaoi. Par exemple, dans Mon petit ami genderless je me sens très libre aussi. De toute façon, je pense qu'il est plus intéressant de pouvoir dessiner librement en suivant son propre style et ses propres idées, et si le lectorat accroche c'est tant mieux.

Bruno Pham des éditions Akata, présent pendant l'interview, apporte quelques précisions.

Bruno Pham : Globalement, dans le domaine du boy's love, les éditeurs pensent qu'il est plus intéressant que les mangakas puissent dessiner librement ce qui leur plaît, et qu'ainsi leurs oeuvres auront plus de succès auprès du lectorat. Du coup, on ressent mieux leur style.





Parlons maintenant de Mon petit ami genderless. Comment vous est venue l'idée de cette série ? Comment est-elle née ?

Tamekou : Lors d'une réunion avec ma responsable éditoriale, nous nous sommes dit que ce qui serait vraiment bien, ce serait que je conçoive quelque chose que j'aime réellement beaucoup dessiner, tout simplement.


Le travail de Meguru dans la série permet d'aborder l'impact des influenceurs et des réseaux sociaux dans nos vies, avec autant de négatif que de positif. Vous, quel regard portez-vous personnellement dessus ? Si vous deviez peser le pour et le contre...

Plus qu'un travail pour Meguru, je vois en ses activités quelque chose qui est un plaisir pour lui, avant tout. J'imagine que si, un jour, cela ne lui plaisait plus, il arrêterait tout simplement. Mais à part ça, je vous avoue qu'en dessinant la série je n'ai pas réfléchi plus que ça au rôle des influenceurs et des réseaux sociaux. Et vous, quel serait votre avis sur la question ?


Personnellement, je ne suis plus sur les réseaux sociaux, du coup je ne suis aucun influenceur, et je dois avouer qu'à la base j'ai un a priori très négatif là-dessus. Mais quand je vois un personnage comme Meguru, ça me donnerait envie de m'y intéresser. Dans mon esprit, beaucoup d'influenceurs m'apparaissent en quelque sorte "faux" et surtout intéressés par l'aspect marketing, alors qu'en Meguru je vois quelqu'un de très naturel, qui peut donner le courage à d'autres personnes d'être elles-mêmes sans se cacher, et qui peut donc avoir un impact libérateur bénéfique sur des gens sortant du moule.

En fait, vous venez de résumer parfaitement ce que je veux véhiculer à travers Meguru ! Ecrivez ça, c'est très bien ! (rires) Le but de Meguru n'est pas d'être influenceur ou célèbre: il poste ses vidéos tel qu'il est, et c'est l'essentiel.





Meguru répond toujours par la sincérité et le refus de mentir dès lors que sa Wako adorée est concernée, de bons exemples étant quand il reçoit une déclaration d'amour d'une lycéenne de province ou quand des rumeurs le mettent en couple avec son meilleur ami.

C'est une chose à laquelle je fais effectivement très attention. Pour lui, Wako est beaucoup plus importante que sa popularité. Wako elle, souhaite le soutenir, éviter de le déranger dans ses activités, tant que cela plaît à Meguru. Et si Wako n'était pas là, j'imagine que Meguru arrêterait tout.


Je pense que dans l'oeuvre vous proposez avant tout le quotidien d'un couple qui sort certes un peu de la norme mais qui vit surtout une relation belle, sincère et forte, où l'on ressent en permanence à quel point Meguru et Wako sont juste heureux ensemble et s'aiment avec une tendresse infinie, sans se soucier du reste. Est-ce bien ce qui est le plus important pour vous, ou y a-t-il autre chose ?

C'est vrai qu'il serait facile d'écrire une histoire avec des hauts et des bas. Mais là, j'ai vraiment fait le choix de croquer cette belle relation, sans grosses choses tristes qui se passent.


Globalement, quel regard pensez-vous que la société japonaise porte actuellement sur les personnes genderless, voire plus généralement sur les personnes LGBTQ+ ?

En fait, ça dépend beaucoup des communautés et de l'âge. Les personnes jeunes sont plus ouvertes et tolérantes autour de la notion de genre. Et dans mon manga, j'ai souhaité présenter un monde où la tolérance et l'ouverture sont un peu plus avancées que dans notre réalité actuelle.




Visuellement, vous accordez notamment beaucoup d'importance aux expressions faciales ainsi qu'aux vêtements, en particulier ceux de Meguru...

Je ne dessine pas forcément des styles vestimentaires qui me plaisent à titre personnel. J'aime réfléchir aux expressions et aux looks des personnages au cas par cas. Je me dis que tel ou tel habit irait bien à tel personnage, etc. Et pour ça, Meguru est très intéressant pour moi.


La série a été adaptée en drama. Avez-vous participé à celui-ci ? Qu'avez-vous ressenti en voyant vos personnages prendre vie ?

En guise de participation, je donnais des retours sur le scénario et sur les textes. il m'est arrivé d'en corriger, parce que je n'imaginais pas mes personnages dire certaines choses. Quant à mon impression personnelle, j'ai trouvé ce drama frais et mignon. Bien sûr, ce n'est pas exactement la même oeuvre que le manga, mais chacun des deux supports a des qualités qui lui sont propres et j'ai eu un ressenti positif devant cette adaptation.




Interview réalisée par Koiwai. Un grand merci à Tamekou, à la convention Y/Con, à Bruno Pham des éditions Akata, et à l'interprète !

commentaires



Si vous voulez créer un compte, c'est ICI et c'est gratuit!

> Conditions d'utilisation