Interview de Di Nianmiao, l'auteur d'Ultramarine Magmell- Actus manga
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Manga Interview de Di Nianmiao, l'auteur d'Ultramarine Magmell

Mardi, 24 Septembre 2019 à 18h00 - Source :Rubrique Interviews

A l’occasion de Japan Expo, les éditions Ototo Manga accueillaient Di Nianmiao, l’auteur d’Ultramarine Magmell, l’un de leurs jolis lancements de 2019, dont le 3e tome paraît cette semaine.

Fan de shônen depuis sa plus tendre enfance, ce jeune artiste chinois a commence sa carrière de mangaka au milieu des années 2000, dans les magazines spécialisés de son pays. Lançant en 2014 la prépublication d'Ultramarine Magmell, il a très vite été repéré par l'éditeur japonais Shûeisha, qui a lancé la version japonaise de l'oeuvre la même année dans le Jump+. En 2015, il est devenu le premier auteur non-japonais à être publié à la fois en tant que scénariste et dessinateur dans le célèbre magazine Shônen Jump, le magazine qui a accueilli ses idoles, avec le one-shot Koroshiya Domino.

Après une version vidéo élaborée par nos amis de La Bande Animée, nous vous proposons aujourd’hui la version textuelle de notre interview de cet auteur, que l’on sentait timide mais sympathique !


  

Di Nianmiao, merci d’avoir accepté cette interview. Pour commencer, qu'est-ce qui vous a attiré vers le milieu du dessin, du manhua, et quelle formation avez-vous suivie pour ça ?

Di Nianmiao : Depuis tout petit j’adore lire des mangas. C’est pour ça que j’ai eu envie de créer mes propres histoires et que j’ai commencé à dessiner. Mais je n’ai pas suivi d’études particulières pour ça, je suis autodidacte.


On vous sait fan depuis l'enfance des grandes sagas d'aventure du Shônen Jump. Lesquelles en particulier, et qu'est-ce qui vous attirait dedans ?

Il y en a énormément donc c’est un peu dur de tous les énumérer, mais parmi les principaux il y a bien sûr Dragon Ball, ainsi que Hunter x Hunter et Touch.


Comment avez-vous été repéré par l'éditeur japonais Shûeisha, si peu de temps après avoir lancé Magmell en Chine ?

C’est mon éditeur chinois qui m’a recommandé auprès de la maison d’édition japonaise. A présent, on collabore tous ensemble sur l’oeuvre.

  

En 2015 vous êtes devenu le premier auteur non-japonais à être publié à la fois en tant que scénariste et dessinateur dans le Shônen Jump, avec le one-shot Koroshiya Domino. Qu'avez-vous ressenti à cet instant-là, en étant publié en tant qu'auteur étranger dans le magazine qui a bercé votre enfance ?

C’était vraiment une chance inespérée d’être publié dans le Shônen Jump. Tous les gens de ma génération ont grandi avec ce magazine japonais.


Et pouvez-vous nous dire quelques mots sur Koroshiya Domino ?

C’est un peu compliqué à expliquer car c’est un récit très court. C’est un peu comme un thriller, on va dire.


Le fait d'être publié à la fois en Chine et au Japon change-t-il votre façon de travailler ? Par exemple, Shûeisha vous impose-t-il de tenir un certain rythme de publication qu'il n'y aurait pas en Chine, ou encore vous demande-t-il de changer des éléments par rapport à la version chinoise ?

Non, je n’ai pas ressenti de différence majeure, puisque je dessine toujours d’après mon intérêt, et selon mon rythme. On me laisse assez libre dans ma création. Je ne ressens pas vraiment de différence entre le travail avec l’éditeur chinois et celui avec l’éditeur japonais.

  

Aujourd'hui, de ce que vous pouvez en voir en tant que mangaka chinois, quel est l'impact du manga sur la création de BD chinoise ?

L’influence du Japon est vraiment énorme sur les mangakas chinois, puisque la majeure partie des gens de ma génération ont grandi avec les mangas japonais. On peut dire que ces mangas japonais ont en quelque sorte éduqué cette génération de mangakas chinois.


Parlons à présent de votre série Ultramarine Magmell en elle-même. Comment vous est venue l'idée de cet univers, ainsi que les différents éléments que vous installez peu à peu dans les deux premiers tomes ?

C’est assez difficile à dire précisément, je ne me rappelle plus très bien comment j’ai imaginé tout ça, mais c’est vraiment venu petit à petit dans mon esprit. Ce monde, ce personnage principal qui va sauver les aventuriers sur un nouveau continent, etc... Tout ceci s’est développé dans ma tête au fur et à mesure.


Sur ses 2 premiers tomes, votre série donne l'impression d'un démarrage à la Hunter x Hunter. Une fois les premières bases posées, vous ne vous embarrassez jamais de longues et lourdes phases de présentation des différents concepts. Vous ne prenez pas le lecteur par la main, et lui laissez le loisir de découvrir des bribes d'informations au gré des aventures de vos héros. C'est donc surtout en suivant Yin et Zero dans leurs missions qu'on cerne peu à peu toutes les possibilités qui s'ouvrent, et que l'on cerne l'essentiel à savoir. Est-ce un choix volontaire de votre part ?

C’est vrai que dans mon œuvre il y a beaucoup d’influences de Hunter x Hunter, puisque c’est mon manga préféré et que Yoshihiro Togashi est mon mangaka favori. Par contre, dans la publication de Hunter x Hunter il y a justement un nouveau continent qui vient d’apparaître, le continent des ténèbres, et celui-ci n’a vraiment pas eu d’influence sur moi car à ce moment-là je venais tout juste de finir le premier chapitre d’Ultramarine Magmell. Ce point-là est une coïncidence.

  

Vous auriez pu, comme beaucoup de shônen d'aventures, prendre pour héros un jeune garçon partant à la découverte du monde et ayant soif d'aventure, tels Gon dans HxH ou Luffy dans One Piece par exemple. Or votre héros Yin Yô n'est pas comme ça : il vient en aide et tente de sauver des dangers ceux qui, justement, partent en quête d'aventures et de découvertes, et il semble déjà très fort. Pourquoi ce choix ?

J’ai choisi ce genre de personnage car en réalité, le sujet principal d’Ultramarine Magmell ce ne sont pas les aventures en elles-même. C’est un peu difficile à expliquer maintenant car c’est quelque chose qu’on verra plus tard, quand les volumes suivants sortiront. Je peux dire que le sujet principal, ce serait plutôt les relations entre l’homme et la nature, des choses comme ça.


Le personnage de Zero est assez fun. Comment avez-vous imaginé cette fillette rousse à la mine taciturne, un peu geek sur les bords et obsédée par l'idée d'avoir une grosse poitrine ?

Yin Yô, le personnage principal, a plutôt le caractère d’une personne âgée : il est un peu lent, n’aime pas le changement ni les aventures, mais aime bien aller sauver des aventuriers car ça lui rappelle un peu la fougue de la jeunesse. Zero est un personnage qui lui fait écho : c’est certes une petite fille, mais elle espère devenir adulte. Elle est le contraire de Yin Yô, et ainsi ils se répondent très bien. L’histoire de la grosse poitrine, c’est pour montrer à quel point elle veut devenir adulte plus tôt que prévu. C’est un peu comme les enfants qui cherchent à être adultes en s’habillant comme leurs parents, par exemple.


Magmell, puis le Pays des Illusions dans le tome 2, bénéficient de leurs propres faune et flore. Comment faite-vous pour imaginer les créatures et plantes de votre univers et pour concevoir leurs spécificités ? Y a-t-il des influences particulières pour ça, ou vous laissez-vous guider à 100% par votre imagination ?

Pour ce qui est des influences, ça doit être inconscient car je n’y pense pas. Pour les monstres et la végétation, c’est très très simple : il suffit de laisser son imagination gambader, d’y aller en quelque sorte au hasard, à l’instinct.

  

Et concernant l'archipel Kusiku, comment en avez-vous imaginé la forme en archipel, la géographie et les bâtiments ?

J’ai juste cherché des villes qui étaient près de la mer dans la réalité, je les ai un peu toutes combinées ensemble, et ça a donné Kusiku. Une nouvelle fois, c’est l’imagination qui a fait le travail.


Niveau dessin, vous semblez accorder autant d'importance aux personnages qu'au bestiaire, à la flore ou aux décors. Si bien que vos planches ne sont jamais pauvres. Comment pensez-vous une planche ? Au niveau de l’équilibre personnages/décors, de l’action…

Je ne passe pas trop de temps à m’occuper des décors, ils sont vraiment là pour accompagner les personnages et je les dessine donc plus rapidement que les personnages.


Êtes-vous seul à dessiner ou avez-vous des assistants ?

Auparavant je dessinais seul, je faisais juste appel à quelqu’un de temps en temps quand j’en avais besoin. A présent, j’ai deux assistants qui m’épaulent régulièrement.


Que font-ils ?

Ils peuvent s’occuper de tout, même de commander à manger (rires). La plupart du travail c’est moi qui le fais, et eux s’occupent surtout de ce qu’il y a autour.

  

La série propose une idée de pouvoir très intéressante : la matérialisation, où Yin Yô et Zero, chacun à leur façon, peuvent donner naissance à des objets à partir de leur imagination. Comment est née cette idée ? Est-ce pour vous un moyen de souligner le pouvoir que peut avoir l'imagination ?

Il y a en effet un peu de ça concernant le pouvoir de l’imagination. Mais on verra plus tard dans la série d’où ça vient. Le pouvoir de matérialiser les choses viendrait de notre compréhension de la réalité, alors que notre capacité à imaginer viendrait de notre mauvaise compréhension de l’imaginaire. Mais on verra ça dans la suite de la série, ce sera mieux expliqué (rires).


Du coup, que représente l'imagination pour vous ?

Pour moi, l’imagination, c’est comme un rêve, ou alors une autre façon de faire un rêve, une autre manière de rêver. J’aime beaucoup voir les rêves des autres mangakas.


Interview réalisée par Koiwai. Remerciements à Di Nianmiao, à son interprète Loïc Aloisio (également traducteur de la série), à l’équipe d’Ototo Manga, et à Japan Expo.
 

commentaires

Oline59

De Oline59, le 25 Septembre 2019 à 14h14

Merci beaucoup pour cette interview

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