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Dvd Chronique animation - Rascal Does Not Dream of Bunny Girl Senpai

Samedi, 23 Mai 2020 à 18h00 - Source :Chronique Animation

Nous voyons paraître de plus en plus d'adaptations de light-novel, une mouvance caractérisée aussi bien dans le manga que dans l'animation japonaise. Si le médium concerne très souvent le genre de l'isekai, il est loin de se limiter à ça. Certaines tranches de vies ont vu le jour, dont quelques unes teintées de fantastique, comme un certain Durarara !!. Une autre œuvre du genre a récemment fait parler d'elle par ses adaptations : Seishun Buta Yarô wa Bunny Girl Senpai no Yume wo Minai, ou Rascal Does Not Dream of Bunny Girl Senpai en ce qui concerne le titre international.


Du light-novel à l'anime

Derrière cette longuette appellation se cache, initialement, le light-novel écrit par Hajime Kamoshida, et illustré par Keiji Mizoguchi. Lancée en 2014 aux éditions ASCII Mediaworks, la série de roman a aujourd'hui atteint les 10 volumes, le dernier opus en date ayant été publié le 7 février 2020 au Japon. Le format d'origine reste inédit chez nous, et ce sont par les adaptations que nous connaissons l’œuvre. Côté manga, c'est le manga éponyme de Tsugumi Nanamiya, adaptation du premier arc en deux tomes, que nous pouvons lire depuis peu. Mais ce n'est pas la première version de la licence a avoir atteint nos contrées.


En 2018, le jeune studio d'animation CloverWorks se penche sur le récit de Hajime Kamoshida pour son nouveau projet animé. Une autre adaptation, donc, après un Persona5 the Animation qui fut assez médiocre. Longue de 13 épisodes, la série animée est diffusée entre le 4 octobre et le 27 décembre 2018. Chez nous, c'est Wakanim qui propose la série en simulcast et VOD, tandis qu'aucune édition physique n'est pour le moment prévue chez nous.

A la direction du projet, Sôichi Masui, animateur qui a eu l'occasion d’œuvrer sur des projets particulièrement variés. Il fut notamment réalisateur de certains films Crayon Shin-chan mais aussi de Scrapped Princess et de l'anime Sakura Quest. L'écriture du scénario, autrement dit l'adaptation de l'intrigue des romans, a été confiée à Masahiro Yokotani, qui n'en n'est pas à son coup d'essai dans les adaptations de light-novel puisqu'il signe le scénario des différents volets de l'anime Re:Zero, en plus d'écrire l'histoire de la licence Free ! et de travailler ponctuellement sur les scripts de nombreux projets.


Un mal étrange...

Marginal de son lycée que tout le monde évite, le flegmatique Sakuta Azusagawa parcourt la bibliothèque de son établissement quand apparaît, face à lui, une superbe jeune fille de son âge, d'une tenue de bunny girl vêtue. Actrice dont la carrière est en hiatus, Mai Sakurajima, la fameuse fille lapin, rencontre un curieux problème : Personne ne peut la voir... exception faite de Sakuta. Une situation qui a une origine, celle du Syndrome de l'Adolescence. Ce mal frappe, ponctuellement, de jeunes gens, par des effets différents. La situation de Mai ne sera que la première, puisque l'encourage de Sakuta sera régulièrement les cibles de ce curieux fléau.


Une tranche de vie fantastique et sociale

Bunny Girl Senpai (nous appellerons ainsi la série tout le long de cette chronique, afin d'éviter une redondance) a tout d'abord l'allure d'un piège. La campagne promotionnelle, sur le plan visuel, a pris soin de mettre en avant Mai Sakurajima, l'un des deux protagonistes de l’œuvre, dans sa tenue de bunny girl. Dès lors, difficile de ne pas imaginer une histoire versant dans le fan-service, ce qui n'aurait rien de particulièrement étonnant aujourd'hui. Que la démarche soit volontaire ou non, c'est un magnifique attrape-nigaud que constitue cette première approche superficielle de la série. Car on le comprend rapidement : La tenue sexy de Mai n'est pas vouée à être utilisée plus de quelques minutes, et sert de prétexte à la rencontre entre les deux personnages centraux, ce qui plantera le cadre du récit.

Car la rencontre entre Sakuta et Mai, c'est celle d'un garçon qui va chercher à venir en aide à la fille pour laquelle il vient de craquer. Cette dernière est victime d'un mal étonnant, empêchant quiconque à part le garçon de la voir, la situation deviendra vite complexe, et un climat mystique s'installera dans la série. Par la suite, le découpage des 13 épisodes sera particulièrement simple : Pas moins de 5 arcs narratifs seront compilés, chacun abordant un cas de personnage subissant le Syndrome de l'Adolescence, et toujours dans l'entourage du héros.


L'intrigue originelle de Hajime Kamoshida nous offre ainsi une tranche de vie adolescente sur fond d'éléments fantastiques, un mélange qui sera l'une des grandes qualités du récit. Car par les situations surnaturelles dépeintes tout le long de la série, c'est une belle panoplie de personnages que nous sommes amenés à suivre. La série prend soin de les développer dans leur quotidien comme dans des aspects plus intimes, donnant à l'ensemble une certaine richesse côté écriture, mais nous aurons l'occasion de revenir sur ce casting ultérieurement.

Rapidement, le cocktail proposé fonctionne à merveille. Dans Bunny Girl Senpai, il ne s'agit pas de suivre les déboires ordinaires d'adolescents, mais leurs tracas dans des dimensions plus poussées. L'atmosphère du récit s'apprécie aussi bien pour son côté terre à terre, lorsqu'il ne sera pas question du Syndrome de l'Adolescence, que dans les instants plus mystérieux qui nécessiteront une réflexion de la part du héros, pour amener une résolution de la situation. Un cheminement classique mais très efficace en terme de scénario, puisque chaque arc a un point de départ et un point d'arrivée bien définis, les enjeux étant d'abord clairement définis puis résolus à chaque fois, sans laisser de zone d'ombre (à une ou deux exceptions près).


L'adolescence avec optimisme

Si le mal surnaturel omniprésent dans la série se nomme "Syndrome de l'Adolescence", c'est par pure thématique. Le concept est un peu abstrait, cette maladie surnaturelle frappant de différentes manières, que nous ne dévoilerons pas en ces lignes pour garder intact la révélation des enjeux de chaque arc. Au-delà de son efficacité en termes d'intrigue à divertissement, c'est surtout son idée qui interpelle à chaque épisode, tant elle fait sens. Le Syndrome de l'Adolescence est tout bonnement une allégorie de l'adolescence, période charnière de chaque individu. Chaque arc se centre alors sur des collégiens ou lycéens, en proie au changement dans leurs corps, dans leurs vies et dans leurs psychologies. La maladie phare de la série est presque une sorte de la matérialisation de leurs maux respectifs et personnels, et c'est en comprenant ces personnages que chaque enjeu pourra être résolu.

On trouve donc une certaine pertinence dans l'histoire racontée, puisque le récit de Hajime Kamoshida n'est ni plus ni moins qu'une compilation de chroniques adolescentes, où chaque arc narre un cas particulier. Rien de si impressionnant dans la forme, puisque la tranche de vie se prête parfaitement à la thématique, comme l'ont montré des mangakas comme Inio Asano, Shûzô Ôshimi ou encore Taiyô Matsumoto. Il convient donc d'apprécier le parti-pris de Bunny Girl, particulièrement optimiste. L'issue sera alors souvent positive, parfois un poil amère ou mélancolique, mais ne mettra jamais en retrait l'épanouissement des personnages ciblés. En ce sens, la série a un petit côté feel-good, dont l'efficacité est évidemment accru par rapport au capital sympathie du casting dépeint. Pour autant, cela n'empêchera pas quelques moments émotionnellement forts ou larmoyants, et l'ultime épisode en est un excellent exemple tant sa première partie a de quoi déchirer le cœur tout en nous questionnant sur le sens de la série et en faisant appel à notre affect des personnages. Mais derrière cette séquence, c'est bien les idées d'épanouissement, de regard vers le futur, et de la capacité de se relever après un drame, qui sont communiquées.


Bunny Girl Senpai, une critique sociale ?

Au fil des cas qui nous sont présentés au sein des treize épisodes, c'est un point de vue qu'on pourrait avoir. La série peut-être "simplement" se résumer à une chronique adolescente empreinte de fantastique ? Car au même rythme que se succèdent les arcs de la série, il devient de plus en plus difficile de nier que Bunny Girl Senpai aborde, en filigrane, les difficultés rencontrées par la jeunesse au sein de la société japonaise. A partir de là, bon nombre de thématiques seront passées au crible, du harcèlement simplifié par les réseaux sociaux à la critique du monde du show-business, en passant par la confrontation entre les grandes métropoles et le monde rural. Ce, via des personnages aux profils totalement différents. Le petit côtés politique de l’œuvre vient alors lui donner une profondeur supplémentaire, particulièrement saisissante aux yeux d'un spectateur occidental puisque la société nippone n'est jamais vraiment montrée sous ses aspects les plus reluisants. Le discours de la série a beau être positif à de nombreux moments, ses côtés critiques sont particulièrement incisif, sans pour autant trancher avec l'ambiance tant ils s'avèrent bien intégrés dans le récit et jamais vraiment mis au première plan, l'écriture générale comptant sur la capacité du spectateur à saisir le deuxième degré de lecture.


Un casting attachant et efficacement exploité

On l'a maintes fois évoquée, la bande de personnages de la série constitue l'un des arguments majeurs du visionnage. A plusieurs reprises, sa particularité est de partir de figures archétypées pour ensuite nous sortir de notre zone de confort, via des évolutions qui donneront beaucoup plus de nuance à ces protagonistes. Ce terme n'est d'ailleurs pas anodin, puisque quasiment chaque personnage est voué à être le point central de l'un des cinq arcs narratifs de la série.

Chaque épisode y va alors de son développement, jusqu'à rendre la figure ciblée plus attachante mais surtout plus intéressante. Les deux derniers épisodes sont un exemple flagrant, tant ils nous prennent au dépourvu vis à vis d'un certain personnage jusqu'ici mignon à croquer, mais qui prend une envergure étonnant en une seule révélation. Outre cette richesse, c'est par les petits caractères de chacun que le casting montre son efficacité. Sakuta est assez flegmatique et toujours un peu cynique, Mai est au contraire plus terre à terre, Futaba fait office de scientifique solitaire mais marquée par un dilemme amoureux, tandis que la petite sœur du protagoniste est une agoraphobe vouant un attachement étrangement pointu envers son frère. Tant de caractères finalement très crédibles, et c'est par cette capacité à verser dans des personnages plausibles que Bunny Girl Senpai sait établir un casting des plus savoureux.


Bunny Girl Senpai, la suite ?

La série animée, tirée du light-novel de Hajime Kamoshida, a largement plus d'une corde à son arc. Elle peut plaire au plus grand nombre aussi bien par ses attachants personnages, toujours plus fouillés via des arcs qui se renouvelle assez effacement, mais aussi pour son intrigue fantastique et ses petites pointes de critique sociale minutieusement disséminées. Le format de l’œuvre se prête aussi à un visionnage efficace : Chaque partie de l'histoire étant façonnée de deux ou trois épisodes, grand maximum, il est aisé de profiter d'une seule intrigue d'un seul coup, maintenant que la série est terminée.

La série, oui, car le projet d'adaptation animée s'est poursuivi le temps d'un long-métrage pour le moment. Sorti en juin 2019 au Japon (et aujourd'hui accessible sur Wakanim), Rascal Does Not Dream of a Dreaming Girl est la suite directe de la série. Les treize épisodes adaptant les 5 premiers volumes du light-novel, le film prend le sixième opus comme matériel d'origine. Une belle manière de poursuivre l'histoire qui garde encore bien des mystères sous le coude, ce que le spectateur comprendra à l'issu du dernier épisode qui reste volontairement évasif sur certains points. Forcément, le focus sur le fameux long métrage fera l'objet d'une chronique ultérieure.

L'avis du chroniqueur
Takato

Samedi, 23 Mai 2020
16 20

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