Rencontre avec Noriyuki Abe, réalisateur sur GTO, Bleach, Yuyu Hakusho, Black Butler...- Actus manga
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Dvd Rencontre avec Noriyuki Abe, réalisateur sur GTO, Bleach, Yuyu Hakusho, Black Butler...

Mercredi, 30 Janvier 2019 à 18h00 - Source :Rubrique Interviews

Parmi les noms des invités de la 26e édition de Paris Manga, Noriyuki Abe retenait l'attention. Réalisateur de séries animées populaires comme Bleach, GTO et Black Butler, l'artiste a un CV plus qu'intéressant. M. Abe nous a fait l'honneur d'une interview, l'occasion pour lui de revenir sur ses différents travaux.


Bonjour M. Abe. Pouvez-vous d'abord nous dire comment vous avez intégré le milieu de l'animation ? Qu'est ce qui vous a séduit dans ce secteur ?

Noriyuki Abe : Quand j'ai intégré le studio Pierrot, M. Nunokawa, fondateur du studio, avait pour ambition de former des metteurs en scène. Il avait organisé une sorte de cours de réalisation. C'est là que j'ai eu la chance d'intégrer le studio en tant qu'assistant réalisateur. J'aurais aussi pu travailler sur des productions live mais, aimant beaucoup l'animation, c'est vers ce milieu que je me suis tourné.

Vous avez été réalisateur sur l'anime Bleach, un de vos projets les plus importants. Quelles sont les difficultés quand on travaille sur une série aussi longue et ininterrompue ?

Noriyuki Abe : Cette longueur était évidemment compliquée, mais la plus grande difficulté vient du format d'adaptation animée d'un manga fleuve. Trois chapitres forment un seul épisode d'anime, il est donc rapide de rattraper l’œuvre originale. Aujourd'hui, on a tendance à découper les séries fleuves en saisons, et à faire des pauses en chaque. Mais à l'époque, le marketing voulait que la diffusion soit continue, il nous fallait donc marquer une pause dans l'intrigue principale avec des épisodes hors-série. La grande difficulté dans ces épisodes "fillers", c'est de ne pas trop faire évoluer les personnages, de manière à pouvoir reconnecter de manière cohérente l'intrigue principale là où on l'avait laissée. Ça nous forçait à nous limiter dans la créativité, et ce même si on avait des idées à développer en tête. Mais il fallait quand même rendre ces épisodes intéressants, c'était un challenge aussi amusant que compliqué à relever.


La narration de Tite Kubo sur Bleach est très détaillée, si bien que ses chapitres ressemblent parfois à de véritables storyboards. Comment avez-vous interprété cet aspect du manga ? Et comment avez-vous apporté votre propre touche artistique à l'anime Bleach ?

Noriyuki Abe : On a essayé de respecter le style de M. Kubo car, en tant qu'animateurs mais aussi dessinateurs, les mangaka nous inspirent forcément. A noter que, concernant les arcs fillers, nous en avons discuté avec l'auteur. Sur ces épisodes, ils nous a fallu créer tout un univers. Nous avons ainsi eu l'idée de l'arc des Zanpakutô. Il a aussi fallu repenser toute une mise en scène, vu qu'on ne s'inspirait plus du manga, et ainsi revoir la composition de l'image.

Vous avez aussi réalisé les films Bleach. Quelles étaient les différences par rapport à la réalisation de la série animée ?

Noriyuki Abe : La principale différence est que sur un film, vous pouvez vraiment faire ce que vous voulez. Le temps est limité, il est de 90 minutes en général, et il fallait trouver une histoire suffisamment prenante pour occuper ce laps de temps. En même temps, comme la série animée était diffusée en même temps, il y avait un côté festival dans ces films.

La série animée GTO est très populaire en France, elle est peut-être même plus connue que le manga chez nous. C'est une série à l'ambiance particulière, qui jongle entre des scènes décalées et d'autres plus sérieuses. Quels souvenirs gardez-vous de ce projet ?

Noriyuki Abe; GTO est une série scolaire, elle renvoie à d'autres œuvres comme Kinpachi Sensei, qui est vraiment culte au Japon. C'est une ambiance différente qui change par rapport à mes autres projets. La principale difficulté n'était pas de jongler entre les tons, elle se trouvait plutôt par rapport à l’œuvre originale. Entre le manga et l'anime, les contraintes sont différentes. Une série animée a une musique, un rythme et des images qui défilent. Un épisode parodie Ashita no Joe. Nous avons ainsi pu mettre la musique de Joe dans l'anime, un clin d’œil que ne pouvait pas faire le manga. C'est un côté "live" qui rajoute une plus-value.

Vous réalisez Black Butler depuis la série Book of the Circus, et notamment le film Book the the Atlantic tout récemment. La série avait déjà eu deux saisons auparavant. Ainsi, avez-vous rencontré des difficultés lorsque vous avez rejoint le projet ?

Noriyuki Abe : Les deux premières saisons ont eu des réalisateurs différents, mais leurs objectifs aussi étaient différents. La première saison a débutée peu après le lancement du manga. L'enjeu était de créer une fidélité chez les spectateurs et les lecteurs, et rendre le manga populaire. L'originalité était que Yana Toboso a, à l'époque, accepté que l'anime aille plus loin que le scénario du manga, avec la mort de Ciel. Il s'est écoulé quelques années entre les saisons 2 et 3, l'objectif n'était alors plus de créer une fidélité du spectateur mais de retranscrire le manga tel quel, afin de respecter la volonté de l'autrice.


Dans les années 90, vous avez réalisé un épisode pilote Hunter X Hunter, un an avant la première série animée. Quels souvenirs gardez-vous du projet ? D'une manière générale, est-ce difficile de se lancer dans l'adaptation animée d'un hit du Shônen Jump ?

Noriyuki Abe : C'était un projet particulier vu que ce pilote était réalisé pour le Jump Festa de l'époque, alors que le manga n'avait que quelques chapitres de publiés. L'équipe du Jump voulait un épisode pilote pour promouvoir le titre. Le problème était que la jeunesse du manga ne permettait pas d'entrevoir l'évolution des personnages. Il a fallu bien analyser ce qui se passait dans les quelques chapitres publiés pour combler ce manque, par exemple sur le personnage de Gon. Aussi, les couleurs des cheveux des personnages changent par rapport aux autres adaptations animées. Toutefois, nous avons travaillé le storyboard avec M. Togashi, on allait chez lui pour ça. Il a donc validé l'entièreté de l'épisode.

Vous êtes un habitué des adaptations des œuvres de Yoshihiro Togashi, puisque vous avez aussi réalisé Yuyu Hakusho. Vous avez repris le projet avec la réalisation du nouvel OAV, tout récemment. Comment se sont déroulées les retrouvailles avec l'univers ? Avez-vous participé à la remasterisation pour la sortie Blu-ray japonaise ?

Noriyuki Abe : J'ai juste eu un droit de regard sur la remasterisation, mais je n'y ai pas vraiment participé. Pour l'OAV, il y a eu une vraie volonté de retour aux sources. Le travail sur Hiei et Kurama est quelque chose que je voulais faire depuis le début, vu que ce sont des personnages populaires. C'est une sorte de cadeau pour les fans qui ont patienté longtemps. Dans l'autre OAV, il fallait mettre Yusuke. On aurait pu adapter le début du manga, l'histoire du détective fantôme par exemple, ce qui aurait impliqué l'absence de bon nombre de personnages. L'autre option était de créer un épisode se déroulant vers la fin de la série, de telle manière à réunir les personnages et faire un cadeau nostalgiques aux fans. Nous avons essayé d'être fidèles à la série animée mais, sachant que les méthodes de colorisations et d'autres techniques d'animation ont changé, il y a quand même un renouveau.

Cette année, vous avez réalisé le film Seven Deadly Sins. Comment vous êtes-vous retrouvé sur ce projet ? Sachant que vous aviez peu travaillé sur la série animée, avez-vous rencontré des difficultés particulières ?

Noriyuki Abe : Le producteur du film est le même que pour Black Butler, c'est pour ça que le projet m'a été confié. Seven Deadly Sins a commencé après les nouveaux projets Black Butler, j'ai donc simplement aidé sur la fin. Je pensais aussi que ce serait logique que l'équipe en charge de la série animée s'occupe du film mais vu qu'il fallait produire les deux formats en même temps, il a fallu prendre quelqu'un d'autre.

Nakaba Suzuki avait déjà écrit un plot scénaristique, il nous a fallu le retranscrire au format de scénario pour un film cinéma. J'étais intermédiaire, j'ai surtout équilibré la répartition du travail. Mon boulot était donc plus restreint par rapport à la réalisation de la série animée. (rires)


Vous êtes passé par de nombreux genres dans votre réalisations : de la comédie au fantastique en passant par l'aventure, et même par le magical girl avec Tokyo Mew Mew. Aimez-vous jongler entre les genres ? Y'en a-t-il un que vous appréciez plus qu'un autre ?

Noriyuki Abe : J'ai envie de renouveler mes expériences. Néanmoins, je ne considère pas que mes travaux si sont variés que ça. Par exemple, Tokyo Mew Mew propose beaucoup de combat et ne tombe pas dans la pure série moe pour public masculin. En générale, on ne me propose pas ce genre de séries. Mais j'aimerais me diversifier à l'avenir.


Interview réalisée par Takato et Koiwai. Remerciements à Noriyuki Abe, à son agent Emmanuel Bochew, à son interprète Andy Kimura, et à Amélie Nicolaud pour l'organisation de la rencontre.
  

commentaires

Zeik

De Zeik [2187 Pts], le 03 Février 2019 à 16h48

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