Dvd Chronique cinéma - Liz et l'Oiseau Bleu
L'année 2019 s'annonce très jolie pour l'animation japonaise dans les cinémas français: Des Enfants de la Mer à Je veux manger ton pancréas, en passant par Wonderland et (normalement) Penguin Highway, les mois à venir seront riches... mais en ce mois d'avril, elles commencent déjà très bien grâce au distributeur Eurozoom, qui nous propose de découvrir Liz et l'Oiseau Bleu, un long-métrage sorti au Japon le 21 avril 2018. Ce film a été réalisé par Naoko Yamada, cinéaste qui a été largement remarquée pour son précédent long métrage A Silent Voice, et qui se base ici sur un script signé Reiko Yoshida. Futoshi Nishiya a signé le character design tandis que Kensuke Ushio s'est occupé de la bande originale.
Avant d'aborder le film en lui-même, il est bon de noter une chose, à savoir que Liz et L'Oiseau Bleu fait partie d'une saga bien connue des fans d'animation: Sound! Euphonium, à la base une série animée en deux saisons (disponibles en France sur la plateforme Crunchyroll - la saison 1 est également sortie en physique chez @Anime) nous faisant suivre l'avancée du club de fanfare d'un lycée vers le rêve de titre au concours national, avec ce que cela implique de relations, de rivalités, d'amitiés, de moments magnifiques ou de coups plus durs. Pour être plus précis, Liz et l'Oiseau Bleu est le 2e film basé sur la saison 2. Le premier, Sound! Euphonium 2 the Movie, est sorti au Japon le 30 Septembre 2017, et n'est rien d'autre qu'un récapitulatif de la saison 2. Quant au 3e film, Sound! Euphonium – Chikai no Finale, il est sorti dans son pays d'origine il y a quelques jours, le 19 avril 2019, et est la suite directe de la saison 2. Dans tout ceci, Liz et l'Oiseau Bleu est un cas un peu à part: le design est différent, et le récit peut se suivre totalement indépendamment de Sound! Euphonium dans la mesure où il raconte sa propre histoire, celle de deux personnages secondaires de la série, Mizore Yoroizuka et Nozomi Kasaki, qui vivent leur propres tourments parallèlement à l'intrigue de Sound! Euphonium. Les néophytes peuvent donc suivre sans le moindre problème ce film, tandis que celles et ceux ayant vu Sound! Euphonium se plairont à voir ces deux personnages secondaires approfondis, ou à repérer les moments-clés des saison 1 et 2 (enfin, surtout de la saison 2) qui redéfilent vite fait ainsi que les personnages-clés de la série qui font diverses apparitions souvent secondaires.
Tout commence par un bref conte: celui de Liz und ein Blauer Vogel (Liz et l’Oiseau Bleu), narrant la rencontre d'une jeune femme nommée Liz avec une étrange et attachante jeune fille qu'elle décide d'héberger. Tandis qu'une amitié forte naît entre les deux demoiselles, Liz finit par comprendre que son amie est en réalité un oiseau de couleur bleue, capable de s'envoler seule. Par amitié, elle décide alors de ne pas la retenir chez elle et de lui permettre de s'envoler à nouveau. C'est cette histoire que l'orchestre du lycée Kita Uji commencer à préparer en vue d'une compétition musicale, et parmi les nombreux instruments, la flûte de Nozomi et le hautbois de Mizore ont un rôle essentiel, si bien qu'ils doivent être en parfaite osmose. L'osmose, c'est aussi ce qui lie les deux jeunes adolescentes dans leur relation: elles sont profondément amies depuis l'époque du collège. Mais là où Nozomi est une jeune fille extravertie et populaire auprès des autres en plus d'être une flûtiste talentueuse, Mizore, elle, est depuis toujours une jeune fille effacée et timide, qui ne serait même pas entrée dans la fanfare sans la proposition de Nozomi, et qui, depuis, voue envers son amie une profonde admiration et une affection surpassant tout. Seulement, Mizore voudrait que cette période ne s'arrête jamais. Que le lycée ne s'achève jamais. Que la compétition musicale n'arrive jamais. Car plus le temps passe, et plus elle a peur que la fin de leur dernière année de lycée soit aussi la fin de leur histoire...
En se réappropriant le contexte et les deux personnages de Sound! Euphonium, Naoko Yamada, Reiko Yoshida et le reste du staff offrent un récit trouvant sa propre voie et se focalisant avant tout sur les doutes et incertitudes de deux adolescentes très liées malgré leurs différences, et où l'une représente absolument tout pour l'autre. Entre amitié pure et presque fusionnelle, difficulté à se révéler soi-même, peur de quitter l'adolescence, crainte face aux choix d'avenir, espoirs, désillusions, et désir des deux jeunes filles de révéler le talent de leur amie et leur propre talent, le film livre avant tout un instantané fin et subtil de toute une facette des tourments adolescents. Fin et subtil, car le récit offre une jolie et poétique métaphore de la situation des deux jeunes filles à travers le conte de Liz et L'oiseau Bleu, un conte qui intervient à quelques reprises dans le long-métrage. La seule chose que l'on pourra regretter, c'est que par instants l'oeuvre, notamment par la voix de Nozomi, martèle un peu trop cette métaphore, au lieu de laisser le spectateur la comprendre par lui-même (d'autant plus qu'elle se comprend très facilement).
Le tout est emballé dans une réalisation qui s'avère réellement ravissante, et dont on comprend le style dès le départ, rien qu'en voyant cette scène d'introduction muette (seuls les bruits comme les pas s'entendent) où Mizore, attend silencieusement Nozomi au bord de l'escalier, se lève quand elle arrive de façon pimpante, puis la suite discrètement en observant les mouvements presque hypnotiques de sa queue de cheval... Liz et L'Oiseau Bleu est le genre de film qui ne va aucunement jouer sur de gros rebondissements (c'est simple: il n'y en a pas), et qui va accorder toute son attention sur ce genre de petites détails, afin de nous faire ressentir une atmosphère douce, poétique et un peu mélancolique. Dans les détails, on retrouve des petits gimmicks assez typiques du studio Kyoto Animation comme des plans sur des parties du corps en mouvements (les jambes en tête), mais ici tout est fait pour entretenir cette atmosphère. L'ensemble cherche à capter chaque petit instant pouvant être important pour Nozomi et surtout pour Mizore, en y distillant un mélange de grâce et de fragilité, comme si toute la beauté des instants chéris par Mizore pouvait s'envoler dès le lendemain, à l'approche de la fin du lycée. Cette sensation de grâce/fragilité, on la ressent également très bien à travers le design de ce film, différent de la série: plus affiné, plus élancé, avec également des couleurs plus douces et plus claires. A côté de ça, on appréciera les petites variations de style dès qu'on assiste à des passages du conte. Et que ce soit côté bruitages ou côté musiques, les performances sonores accompagnent et soulignent bien toute l'atmosphère du récit.
Liz et l'Oiseau Bleu est, en somme, une oeuvre belle, sensible, poignante, délicate et tout en retenue, sur l'amitié puissante et ambiguë entre deux jeunes filles représentant tout l'une pour l'autre, à une période essentielle de leur vie, le tout emballé dans une réalisation en état de grâce si tant est que l'on ne soit pas allergique aux tranches de vie où il ne se passe rien de très concret.
De Nekoshiraii [511 Pts], le 28 Avril 2019 à 16h30
Ouf ! Ça me rassure qu'on n'est point obligé de voir Sound ! Euphonium pour regarder ce film. :)
De cm17, le 26 Avril 2019 à 15h06
Etant un grand fan de ce genre d'ambiance, je vais me précipiter sur le dvd/bluray : je sais que je ne serai pas déçu ! Merci pour cette chronique Koiwai !!!
De Koiwai [12807 Pts], le 25 Avril 2019 à 09h56
@Meriadon: comme dit dans la chronique, il n'y a aucunement besoin de connaître Sound! Euphonium pour pouvoir suivre ce film :-)
De akiko [5480 Pts], le 25 Avril 2019 à 08h14
J'ai vu Liz sans avoir pris connaissance de l'anime en parallèle, je ne me suis absolument pas senti perdu ou dans l'incompréhension.
Je penserai a regarder l'anime.
Pour moi cest une animation totalement merveilleuse de douceur.
Toute l'action du film réside dans le fait de suivre les sentiments d'amitié et d'amour, qui evoluent et s'entrechoquent, le tout guidé par une douce symphonie.
Liz est une ode aux sentiments et aux couleurs de la vie.
Les couleurs du contes sont un voyage a elles seule.
Les mots sont importants et cest avec une belle justesse qu'ils sont offerts ici.
De Meriadon, le 24 Avril 2019 à 20h23
Moi c'est surtout : a-t-on besoin d'avoir vu Hibike Euphonium pour le voir ?
De Blood [2541 Pts], le 24 Avril 2019 à 20h14
Ça c'est clair qu'il ne se passe pas grand chose dans ce film ! Si vous êtes allergiques au style tranche de vie et aux récits progressant par petites touches, ce n'est même pas la peine de le voir. Mais si l'ambiance décrite par Koiwai dans sa chronique vous tente, surtout n'hésitez pas !