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Manga Chronique Manga - Love Baka

Samedi, 10 Février 2018 à 14h00 - Source :Chronique Manga

Sakurai Shushushu est davantage connue dans le milieu du manga en tant qu'auteure de BL. Mais comme certaines de ses consœurs, telles Junko ou Shinba Rize, elle fait aussi du shoujo comme avec la série Love Baka sortie chez nous chez Kurokawa.

Sakura Suzu est une jeune mangaka de shoujo. Pas très consciencieuse, pas ponctuelle, elle a même tendance à partir dans de grands délires qui ne l'aident absolument pas à avancer dans ses projets. Alors qu'elle se présente pour la énième fois en retard, son responsable éditorial lui annonce qu'il va la laisser entre les mains d'un tout nouvel arrivant. Ce dernier, Hasegawa Osamu, a été transféré du magazine shounen Sun Cruise au magazine shoujo Daisy, suite à un différend avec son supérieur. Se montrant d'abord charmant, il va rapidement se révéler très intransigeant. Et entre son caractère sérieux et l'indolence de sa dessinatrice, il va y avoir des étincelles.


Toute ressemblance avec une personne ayant réellement existé [...] serait purement fortuite » lit-on parfois dans des romans ou des mangas. Et bien là, on apprend rapidement que la plupart des déboires et comportements stupides de l'héroïne sont carrément inspirés de ceux de sa créatrice ! A l'appui, les discussions entre les responsables éditoriaux qui ont eu affaire à elle, sous forme d'apartés, que l'on rencontre en début de chapitres. Ou encore les strips parfois glissés entre eux.

Du coup, cette mise en abîme est assez marrante. On ne parvient pas à croire que tout ce qu'on lit est véridique, que ce soit le fait d'arriver en retard de 24 heures ou encore de sécher le travail pour un concert sans en parler à ses responsables. Ce n'est pas le premier manga qui nous montre l'envers du décor, du point de vue des mangaka ou des éditeurs, avec par exemple Sekaiichi Hatsukoi ou Bakuman. Et bien que dans tous ces mangas il y a des exagérations scénaristiques, pour romancer un peu tout ça, le caractère délirant de Suzu donne au récit une touche plus burlesque, faisant passer la chronique sociale au second plan.



Seulement, à en faire trop, on casse le rythme. Ça manque parfois de cohérence, nous faisant rire à une page pour se demander pourquoi ça se passe comme ça ensuite. Et non pas par déception à cause d'un retournement de situation, genre ascenseur émotionnel, mais avec une impression de maladresse. Et l'apparition de certains personnages donne le sentiment qu'ils n'ont rien à faire là. C'est bien de découvrir chaque membre de l'édition qui participe à l'élaboration d'une œuvre, que ce soit artistiquement ou financièrement. Mais en trois volumes, c'est bien trop court pour avoir le temps de leur donner de la consistance, et donc de l'intérêt. Et les crises de délire intempestif de Suzu gâchent quelques fois le récit. Oui, c'est son caractère et ça n'en fait pas un mauvais personnage. Juste que ses interventions dans certaines circonstances font que le rythme est trop hiératique, nous empêchant de garder le cap.

En fait, le découpage ou les élans émotionnels exagérés des héros font un peu penser à la manière dont Higashimura Akiko (Princess Jellyfish) traite son histoire et ses personnages, bien que Sakurai Shushushu l'a toujours fait dans ses BL tournés vers l'humour et le non-sens. Bizarrement, ici, ça ne fonctionne pas. On peut aussi reprocher le traitement du côté fleur bleu et histoire d'amour qui sont une base du shoujo. Car le moteur de cette comédie romantique, ce sont les sentiments amoureux de Suzu pour Osamu.
Malheureusement, il n'est jamais utilisé au bon moment. Ou alors il s'écrase immédiatement après quand il est en action. On est en droit de se demander si l'influence de l'auteure sur son héroïne n'aurait pas suspendu cette trame scénaristique au détriment de l'autobiographie fantasmée ?

En ce qui concerne le dessin, on retrouve bien la patte de l'auteure. Les codes qu'elles utilisent dans son genre de prédilection se retrouvent ici aussi, avec les personnages qui se tordent lorsqu'ils en font trop. Ou encore cette raideur que certains rencontrent. On sait donc qu'on lit du Sakurai Shushushu. Cependant, on sent qu'elle est plus habituée aux hommes qu'aux femmes. Tous les hommes qui apparaissent plusieurs fois sont vraiment des beaux gosses, ou au moins jolis à regarder. Même le précédent responsable éditorial de l'héroïne, que l'on voit seulement au début du volume 1, est typiquement son genre de « vieux » en BL. Ils sont vraiment taillés de la même manière que ceux qu'on retrouve dans ses BL. Par contre, les filles sont des filles parce que...elles y ressemblent. Elles ne sont pas laides, et de toute façon ce n'est pas non plus un concours de beauté, mais on sent que ça ne l'intéresse pas plus que ça.
Par exemple, Yuma Saiko, la rédactrice en chef adjointe, ressemble à un transsexuel. Un joli transsexuel, certes, mais avec l'idée qu'il s'agissait d'un homme avant. Enfin, il faut reconnaître que c'est souvent le talon d'Achille des dessinatrices de BL, d'avoir du mal à faire des femmes.


Même les mini BD sous la jaquette de chacun des tomes sont ennuyeuses. C'est beaucoup trop particulier pour éveiller un rire. On sait que c'est sans doute pour parodier toutes les fois où des scénarios ridicules ont été proposés (sûrement par l'auteure elle-même), mais ça n'a pas de sens. Quand on lit Love Baka, on est pris d'un sentiment paradoxal qui nous fait dire « c'est bien elle qui dessine, pas de doute, chouette » d'un côté et de l'autre « mais que s'est-il passé au milieu du manga ?! ». C'est assez dérangeant comme sensation. Rien ne fait rêver comme dans la plupart des shoujo. Aucun garçon n'a vraiment de charisme ou attire l'oeil. Pourtant c'est ce qui arrive souvent. On a toujours tendance à préférer bidule à truc, et à hurler à l'héroïne de le choisir lui. Ici, on s'en fout complètement...

Au final, on oscille entre un manga trop délirant au point d'empêcher de s'y plonger correctement, avec quelques maladresses dans le dessin qui ne sont pas insurmontable, et une série rigolote tant l'héroïne est fofolle, mais qui bouffe les autres personnages en sa présence. Quant à la conclusion, on est laissé à moitié mort de faim sur le bord de la route.
L'avis du chroniqueur
Persmegas

Samedi, 10 Février 2018
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