Nouvelle rencontre avec Yôko Hanabusa à l'occasion du retour de Gwendoline- Actus manga
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Manga Nouvelle rencontre avec Yôko Hanabusa à l'occasion du retour de Gwendoline

Mercredi, 03 Février 2016 à 18h00

Il y a un peu plus de trois ans, nous profitions d'une édition automnale de Paris Manga pour rencontrer la mangaka Yôko Hanabusa. En ce temps-là, son oeuvre phare Lady!! était essentiellement connue par son adaptation animée, et avait connu une version française aussi partielle que discrète. Mais tandis qu'elle continuait d'arpenter de nombreux salons en France avec son acolyte Harumo Sanazaki, l'artiste a refait l'actualité avec le retour de Lady!! chez l'éditeur Isan Manga, sous le titre Gwendoline. Aussi avons-nous souhaité nous entretenir à nouveau avec la mangaka, invitée au salon Japan Touch en novembre dernier.
   
   
    
     
Bonjour Mme Hanabusa et merci de nous accorder cet entretien. Nous vous retrouvons aujourd'hui avec une nouvelle édition de Gwendoline. Pour commencer, pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’œuvre et sur ce retour chez Isan Manga ?
  
Bonjour ! Cette série, qui s'appelle Lady au Japon, a été d'abord connue en France sous le nom de Gwendoline dans sa version animée. Il y avait eu une première édition française partielle sous le nom de Lady Gwendoline, mais Isan Manga est revenue vers moi pour cette nouvelle édition. Je suis d'ailleurs comblée par ce nouveau format !
  
  
Le personnage de Gwendoline se caractérise par sa double nationalité, anglaise et japonaise. Pourquoi avoir choisi d'avoir une héroïne métisse, qu'est-ce que cela vous a apporté ?
   
J'ai commencé l'écriture de la série lors d'une visite de la princesse Diana au Japon, et j'étais fascinée par cette femme. Je voulais donc que mon héroïne parte s'installer en Angleterre, mais il fallait qu'elle soit d'origine japonaise, afin que les jeunes lectrices puissent s' y identifier.
  
  
Bien que la série se passe dans un Japon contemporain, on découvre une société anglaise très aristocratique, qui serait presque restée au 19ème siècle. Etait-ce une vision fantasmée qui vous vouliez dépeindre, ou une envie d'accentuer le clivage entre les deux mondes ?
   
Une fois encore, je me suis mise à la place de mes lectrices, et j'ai essayé de représenter l'image de l'Angleterre que peut avoir une jeune fille japonaise. Pour le Japon, je me suis effectivement basé sur un contexte de vie assez courant, même si vous noterez que la grand-mère de Gwendoline porte encore le kimono. Pour moi, c'est l'image typique d'une grand-mère japonaise, même si cela a tendance à disparaître au fil des ans.
  
  
Lady gwendoline manga visual 1 
  
   
Bon nombre d'auteurs de votre époque ont été inspirées par la culture occidentale, en proposant des adaptations d’œuvres européennes, ou en présentant des origines issues du Vieux Continent. Paradoxalement, à l'heure de la mondialisation, la tendance s'est perdue avec les dessinatrices d'aujourd'hui. Comment l'expliquez-vous ?
  
Après la Seconde Guerre Mondiale, le Japon a connu une très forte influence occidentale et s'est ouvert à beaucoup d’œuvres qu'il ne connaissait pas. Il y a donc eu à l'époque cette vague d'adaptations, mais comme toutes les modes, celle-ci a eu tendance à lasser les lecteurs une fois qu'elle s'est généralisée. Aujourd'hui, je pense que les auteurs cherchent plutôt à remettre en avant le Japon traditionnel, et les valeurs qui ont pu être oubliées dans la seconde moitié du 20ème siècle. Mais je pense qu'à l'avenir, on reviendra à une balance plus équilibrée entre les deux thèmes, et qu'ils finiront par se rejoindre.
  
   
Dans notre précédente interview, vous disiez avoir été marquée par des artistes de votre génération, comme Sumika Yamamoto ou Moto Hagio. Aujourd'hui, avec votre recul et votre expérience d'enseignante, suivez-vous certaines jeunes auteurs de shôjo ?
   
En fait, aujourd'hui je ne lis plus de shojo : ma lecture du moment, c'est l'Attaque des Titans ! (rires)
  
  
Existe-t-il certaines personnalités d'aujourd'hui qui vous inspirent, comme a pu vous inspirer Lady Di par le passé ?
   
Pour être honnête, c'est plutôt le contraire : j'ai étudié l'Histoire à l'Université et au cours de ma carrière j'ai réalisé de nombreuses fictions historiques. En ce moment, je m'intéresse à The Scarlet Pimpernell (série de romans anglais écrit par la Baronne Orczy, traduit en français par Le Mouron Rouge, ndlr), qui revisite la période de la révolution française, mais du point de vue des anglais.
  
  
Cela veut-il dire qu'il n'y a plus de princesses aujourd'hui ? Ou y en aura-t-il toujours ?
   
Les princesses existeront toujours, car les femmes ont encore au fond d'elle leur âme de petite fille qui croit au prince charmant ! (rires)
  
  
Lady gwendoline manga visual 6
  
  
Vous avez également officié comme enseignante, et dans ce registre vous proposez depuis quelques années des masterclass dans divers festivals en France. Les élèves français sont-ils plus ou moins assidus que les japonais ?
  
Je ressens surtout l'amour des français pour le manga. Je me souviens d'un jeune artiste, qui passait son temps à reproduire des planches de manga, et qui m'a demandé comment trouver son originalité. C'est pour moi ce qui distingue les élèves français : ils ne sont pas seulement sérieux, ils cherchent à trouver leur propre style. Au Japon, cette question n’apparaît pas avant d'entrer dans le monde professionnel. D'ailleurs, je pense que ce n'est qu'une question de temps avant que l'on voit apparaître de nombreux auteurs français au Japon.
  
  
L'occident influencé par le Japon, c'est un juste retour des choses pour vous ?
  
Lorsqu'on travaille comme mangaka, on n'a pas vraiment le temps de se rendre compte de la portée de nos œuvres, au Japon comme dans le reste du Monde. Ainsi, voir autant d'engouement par l'Occident pour la culture japonaise, c'est quelque chose de très réjouissant ! C'est aussi pour ça que je vais aussi souvent à la rencontre des lecteurs français, en espérant assister un jour à l'émergence d'un manga français au Japon. A terme, si nos cultures s'influencent l'une et l'autre, tout cela ne peut être que bénéfique, et peut-être verra-t-on surgir un tout nouveau style issu de ces deux mondes.
  
  
Remerciements à Yôko Hanabusa, à son interprète et aux éditions Isan Manga.
  

commentaires

Lady!!!

De Lady!!!, le 06 Février 2016 à 19h53

Je suis trop fan de cette série ! Ma mère m'a appelée comme ça parceque elle adore le dessin animé ! 
Vivement la sortie du 2 volume !!! 

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