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Manga Nouvelle rencontre avec Ein Lee

Lundi, 02 Novembre 2015 à 19h00 - Source :Rubrique interviews

Pour fêter comme il se doit leurs cinq ans d'existence, les éditions nobi nobi! avaient l'honneur d'accueillir à nouveau à Japan Expo l'une de leurs artiste-phares : Ein Lee. L'occasion pour nous de partir une nouvelle fois à la rencontre de la talentueuse illustratrice, afin d'aborder son dernier album le Mot qui arrêta la guerre, mais également le Secret de la grue blanche, son rôle sur la création des personnages de l'anime RWBY, et ses autres domaines d'activités.



Quelle est la genèse du Mot qui arrêta la guerre ? Comment s'est déroulée la collaboration avec Audrey Alwett ?

Ein Lee : nobi nobi! cherchait une illustratrice pour mettre en image le scénario d'Audrey qui était déjà écrit. Etant donné que nobi nobi! fêtait ses 5 ans et que sa toute première sortie fut mon album Princesse Pivoine, il est apparu logique pour l'éditeur que je signe les illustrations de ce nouveau projet que je sois de nouveau invitée à Japan Expo pour marquer l'événement. Merci à eux !

A partir de là, le texte d'Audrey a été traduit dans ma langue pour que je puisse le comprendre et calquer mon travail dessus.


Par rapport à vos précédents albums, l'univers du Mot qui arrêta la guerre est plus masculin, peut-être aussi plus réaliste et moins féérique.

Les personnages sont exclusivement masculins, et rien que ça, ça apportait déjà une ambiance très différente. Et effectivement, le récit ne comporte aucun élément magique ou fantastique. Je dirais également que c'est une histoire qui a beaucoup plus de coeur et qui prend plus aux tripes, de par le message humain qu'elle veut faire passer.



Est-ce que ce changement de registre a eu une incidence sur vos illustrations ?

Le ton étant plus réaliste, j'ai dû choisir une palette de couleurs plus "froide". J'ai également dû apporter beaucoup plus de contrastes entre les couleurs, ce que je faisais beaucoup moins avant.


Contrairement à vos précédents albums qui s'inspiraient de contes japonais, ici il s'agissait d'une histoire totalement originale, et pour la création des personnages vous n'aviez donc pas de base. Sur ce plan-là, avec-vous reçu des consignes de la part d'Audrey ou de nobi nobi! ?

A ma grande surprise, je n'ai reçu aucune consigne et ai eu carte blanche, parce que je pense que désormais l'éditeur me fait confiance au vu de mes précédents albums. C'était à la fois un peu stressant et très gratifiant (rires). J'ai pu donner libre cours à mon imagination.



Du coup, comment vous y êtes-vous prise pour les créer ? Quels traits de leur caractère souhaitiez-vous le plus faire ressortir ?

Leur personnalité ressort sur la façon dont ils sont habillés. Je ne voulais surtout pas me limiter à travailler leur physique, et souhaitais que leurs vêtements reflètent ce qu'ils renferment en eux. C'est sur cette idée maîtresse que je les ai dessinés.


Justement, entre les vêtements des daimyô, les kimonos ou les bâtiments, beaucoup d'éléments ont une forte connotation historique. Avez-vous eu des sources d'inspiration particulières pour retranscrire ces éléments ?

Pour mon précédent album, j'avais déjà fait beaucoup de recherches sur les genres de kimonos qui étaient portés selon les périodes historiques. Cette fois-ci, l'histoire d'Audrey étant intemporelle, je me suis dit qu'il était mieux de partir sur des créations de vêtements complètements différentes et imaginées, afin justement de ne pas fausser les lecteurs. L'objectif était que le lecteurs ne situent l'histoire à aucune période précise.



Dans l'album, la calligraphie a un rôle primordial. Avez-vous dû effectuer un travail particulier pour retranscrire ces scènes de la façon la plus juste possible ?

Absolument. Je n'ai pas de base en calligraphie, mais je possède chez moi des livres sur le sujet qui ont été une bonne source d'inspiration. Il ne s'agit pas uniquement de peindre des mots, mais aussi de les peindre de façon très esthétique. Ca m'a demandé beaucoup de travail, car au départ je privilégiait beaucoup trop l'esthétique sur la lisibilité, et j'ai dû recommencer de nombreuses fois. C'est là qu'on se rend compte que les calligraphes font un travail époustouflant !


Combien de temps vous a-t-il fallu pour boucler l'album ?

J'ai été contactée par nobi nobi! en septembre 2014, pour une remise des planches en février 2015.



Revenons désormais sur votre deuxième album, le Secret de la grue blanche. Pour cet album-ci, comment s'est déroulée la collaboration ?

Le déroulement fut sensiblement le même que pour Le mot qui arrêta la guerre ! Cela dit, c'est le livre sur lequel j'ai rencontré le plus de difficultés, parce que j'étais toujours en période d'apprentissage et que l'histoire était un peu plus sombre, donc la palette de couleur était très différente de ce que je fais habituellement. Nobi nobi! m'a donc guidée beaucoup plus sur cet album que sur les autres.


Avez-vous connu d'autres difficultés pour la conception de cet album ?

C'était mon deuxième livre, donc je n'étais pas encore au point sur toutes les techniques. Ce fut une expérience très éprouvante, mais en même temps ce fut l'une des plus formatrices pour moi.



Depuis quelques années, en quoi diriez-vous que votre style et votre expérience ont évolué ?

La période où j'ai le plus évolué est celle entre Princesse Pivoine et le Secret de la grue blanche. Cela dit, pour la Princesse au bol enchanté et le Mot qui arrêta la guerre le format des albums a changé : c'est une plus grande échelle, qui m'a demandé un plus gros travail de composition et où j'ai pu mettre plus de détails.


Vous êtes également connue pour avoir créé le design des personnages de la série animée RWBY. Comment avez-vous abordé ce projet ?

Monty Oum, le regretté producteur de la série qui a malheureusement disparu cette année, a vu mon travail sur DeviantArt, l'a apprécié et m'a contacté pour savoir si ça me plairait de créer le design de ses personnages. J'ai tout de suite accepté car c'était pour moi une expérience totalement différente.


Justement, étant donné que c'était pour vous une toute nouvelle expérience, avez-vous dû revoir votre façon de travailler ?

Le processus de création ne m'a pas demandé de modifier ma façon de travailler. Nous avons travaillé de façon très rapprochée pour définir à la fois le physique des personnages, leur vêtements et leur mental. C'est le mental qui est d'abord né puis qui a influencé la création des vêtements, et je procédais déjà ainsi sur mes albums créés pour nobi nobi!. En plus, cette fois-ci je n'avais pas à me soucier de l'histoire : je devais juste créer les personnages.



Vous avez également illustré des jeux de cartes, des jeux de société... Comment abordez-vous ces projets-là ?

Quand je dois dessiner des personnages animés le travail ne diffère en rien. Par contre, je dois parfois créer des petits monstres, et ça change complètement de mon style habituel ! Ca me permet d'apprendre beaucoup et de m'essayer à d'autres styles.


Pouvez-vous nous parler de la conception de vos artbooks ?

J'ai créé mon premier artbook en 2011 après avoir été contactée par la boutique japonaise Toranoana qui cherchait des artistes étrangers, et c'est donc à cette période que j'ai commencé à participer à des conventions. C'est grâce à leur implication et à la sortie de mon premier livre que j'ai pu découvrir le milieu des salons.


Pour finir, avez-vous déjà des nouveaux projets ?

Je vais me remettre au chara design, pour un jeu vidéo taïwanais en cours de développement. Ce sera encore une nouvelle expérience pour moi !


Un grand merci aux éditions nobi nobi!, à Sarah Marcadé en qualité d'interprète, et à Ein Lee. Vous pouvez retrouver Ein Lee sur sa page DeviantArt, sur sa page Facebook, et sur son site Fishbone !
  


commentaires

Minkunette

De Minkunette [6811 Pts], le 04 Novembre 2015 à 09h45

Les dessins qu'elle fait sont vraiment magnifique.

anemone

De anemone [10714 Pts], le 03 Novembre 2015 à 15h22

C'est chouette !

 

Bobmorlet

De Bobmorlet [5629 Pts], le 02 Novembre 2015 à 21h01

Une belle rencontre!

saorikido53

De saorikido53 [1567 Pts], le 02 Novembre 2015 à 20h25

Vraiment génial l'interview. J'aime beaucoup les dessins d'Ein Lee. Je vous recommande en effet le mot qui arrêta la guerre que j'ai trouvé magnifique à lire. Il est un de mes préférés avec le secret de la grue blanche (superbe et la fin est triste, ça ma mise sur les fesses ! ;D) et  la princesse au bol enchanté. Le format du livre le mot qui arrêta la guerre est nettement mieux que les autres livres. Je vous recommande cette collection, vous ne le regretterez pas, c'est à la fois plaisant pour les petits et les grands. :D

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