Jeux Video Test du jeu Yakuza 3
L'Europe accueille le 12 mars 2010 - exclusivement sur Playstation 3 - le troisième épisode de la série des Yakuza, sorti plus d'un an auparavant au Japon. Saga forte d'un scénario alambiqué coupable de nombre de prises d'antalgiques, Yakuza se démarque notamment par un souci du détail proche de l'obsession. L'aventure de Kazuma Kiry - souvent comparée, à tort ou à raison, à celle de Ryo Hazuki, héros de Shenmue - a-t-elle suffisamment de souffle pour s'imposer ?
Yaku-sitter
Le polar prend place alors que Kazuma Kiry - héros des deux opus précédents -, rangé de toute vie criminelle, s'occupe d'un orphelinat en bord de plage sur l'île d'Okinawa. Chemise à fleurs, cheveux gominés à la perfection et soleil se reflétant sur une mer d'un bleu azur : Yakuza se "délocalise" ?
L'on se rend vite compte que tout ceci n'est qu'un prétexte pour mieux contraster avec la déferlante d'embrouilles au cœur desquelles Kazuma va une nouvelle fois se retrouver impliqué (nous y reviendrons). Les quelques premières heures de jeu sont donc placées sous le signe du farniente, à jongler entre pêche et problèmes juvéniles. Si l'intention de racheter l'âme du bad guy est louable, on a du mal à croire qu'un ancien yakuza, dont les pattes sont certainement plus rouges que blanches, s'intéresse au problème de racket de sandwich à la récré. Et pourtant... Naïfs à souhait, les dialogues paraissent tout droit sortis d'un soap des années 80.
Étouffé sous un tombereau de clichés faciles, le scénario d'entrée de ce Yakuza 3 fait peine à voir.
Aniki, mon frère
Heureusement, passé les huit premières heures, le titre offre une tournure placée sous de meilleurs auspices. Pour ne pas trop spoiler l'aventure, nous n'irons qu'à l'essentiel : Yakuza 3, malgré un changement de scénariste, ne renie pas ses origines et offre une trame digne de la vie d'un gangster japonais. Entre meurtres, histoires d'argent, trahisons et révélations improbables, que les aspirines se rassurent, le dernier rejeton des studios Sega leur promet pérennité.
Kazuma reprend donc du service et c'est avec plaisir qu'on le retrouve dans son meilleur rôle : la distribution sans concession de bourre-pifs. Violentes, les échauffourées n'en gardent pas moins une saveur délicieuse, avec utilisation d'objets inédits et finish moves "Tarantinesques" au menu. Les ennemis s'y mettent souvent à plusieurs pour vous défaire, heureusement la panoplie de coups est suffisamment étoffée pour que vous puissiez surmonter les pires racailles de Tokyo sans trop de difficultés.
Une jauge se remplit en fonction des combos que vous effectuez, vous permettant ainsi de passer à l'équivalent d'un mode rage : vos coups deviennent alors beaucoup plus puissants et vous permettent d'enclencher des actions spéciales ; autant dire qu'à ce moment du combat l'on ne donnera pas cher de la peau de vos opposants. En combat, Kazuma peut également prendre pratiquement tout ce qui lui tombe sous la main : vélo, pancartes et autres objets incongrus sont autant de prétextes à un délire proche d'un bon Dead Rising.
Les rixes -imposées- durent en général une poignée de secondes, permettant ainsi d'équilibrer un rythme perturbé par une narration perfectible. Pas inutiles non plus, puisqu'elles vous permettront d'engranger de l'expérience servant à débloquer de nouveaux mouvements ou à booster les capacités du héros.
L'on regrette simplement que les combats, pourtant réguliers, mettent autant de temps à s'initier.
Take your time, baby
Et du temps, il vous en faudra pour ressentir pleinement le potentiel du titre. Marchant dans les traces poussiéreuses du précédent volet, Yakuza 3 accuse le coup : ce qui était acceptable il y a quelques années, ne l'est plus forcément aujourd'hui. Un exemple, l'abondance de dialogues poussifs et creux comme l'illustre - parmi tant d'autres - cet extrait : « Merci, tu vas me manquer. », « Prenez soin de vous. », « Merci beaucoup. », « Venez nous voir un de ces quatre. », « Merci, c'est gentil de proposer. », « Mais de rien, c'est bien normal. », « À bientôt, et merci encore ! ». L'envie irrépressible de zapper le tout pour se satisfaire uniquement des cinématiques se fait alors très vite sentir. Ce qui est fort regrettable, car les dialogues renferment une volonté de bien faire : prolonger l'expérience réaliste dans laquelle on se retrouve plongé. Mais le rythme, totalement brisé, est le premier à en pâtir et les moments de combats ou de mini-jeux sont accueillis avec un souffle de soulagement par le joueur, qui aura gaspillé trois bonnes minutes à dialoguer avec un inconnu ayant perdu ses clés de casier au complexe sportif.
My name is Kiry, Kazuma Kiry
Malgré une trame décousue, Yakuza 3 arrive à nous accrocher au pad.
Plongé au cœur de quartiers de Tokyo, on se surprend à flâner dans les rues, entrer dans les nombreuses échoppes (clin d'œil au Club Sega) et regarder les passants vaquer à leurs occupations.
L'erreur serait de comparer Yakuza 3 à Grand Theft Auto IV, car ici pas de ville ouverte ni de véhicules, seulement des portions de la capitale japonaise.
Le titre offre une expérience plus intime que l'on retrouvait, il est vrai, dans Shenmue, sorti sur Dreamcast. De l'intérieur des boutiques minutieusement modélisé aux mini-jeux, les ressemblances avec son ancêtre à demi-caché sont frappantes. Le contexte même de l'aventure ne nous permet cependant pas de nous identifier à Kazuma Kiry autant qu'il était possible de le faire avec Ryo Hazuki. Mais dans le gameplay, les mécaniques et les similitudes sont bien là et on le note également dans le système de combat, alliant QTE et frappes à la Virtua Fighter. De quoi rêver d'un Shenmue nouvelle génération !
Tokyo, ville carrée
Le retard pris par Yakuza 3 pour sortir en France s'observe avant tout au niveau graphique. Si les cinématiques gardent un certain charme (qui pourra paraître désuet aux yeux de certains), les phases de jeu témoignent de leur âge : aliasing et clipping sont aussi récurrents que les coups de poing donnés par le héros. Par ailleurs, le parti pris de ne modéliser qu'une infime partie de la métropole pourra ennuyer les joueurs avides de grands espaces. Mais l'on se rend très vite compte que ce choix a finalement donné aux développeurs la possibilité de pousser au maximum le niveau de détails des quartiers. Souffrant d'un espace d'exploration réduit et de graphismes en deçà du standard actuel, Yakuza 3 offre malgré tout de nombreuses opportunités d'évasion.
Yakuza qui compte ?
La grande force de ce troisième volet réside dans sa facilité à placer le joueur dans des situations radicalement différentes. Par exemple le héros, alors pris à partie dans une rixe des plus sanglantes, peut aisément finir deux minutes plus tard dans un bowling ou un karaoké. Et c'est dans ce mélange brut des deux genres que le titre porte le coup de grâce. La caricature reste présente tout au long de l'aventure, mais distillée au compte-gouttes, elle permet à l'environnement de garder son empreinte réaliste. Pêcher, jouer au golf, au baseball, acheter de la nourriture, tout ou presque est prétexte à un mini-jeu qui, la plupart du temps, est vraiment bien fichu.
Nous ne passerons que très rapidement sur l'amputation de la version européenne des bars à hôtesses ou de certains mini-jeux, car ce serait passer outre la chance que les Européens ont de découvrir un titre destiné avant tout au marché oriental.
Offert en pâture
À qui se destine Yakuza 3 ? Assurément aux amoureux du Japon. Les autres joueurs ne supporteront certainement pas les carences techniques, vrai point faible du soft. Quant à la localisation, intégralement en anglais, elle détournera du titre les gamers anglophobes, et ce malgré un doublage japonais de haute volée. Il est également évident que Sega ne compte pas faire de son rejeton un hit marketing, en témoigne la difficulté rencontrée pour le trouver le jour de sa sortie. Pour information, le magasin où nous l'avons acheté n'en avait reçu que deux. Coincé entre les sorties de Final Fantasy XIII et de God of War III, Yakuza 3 ne trouvera clairement pas de place où tisser sa toile, c'est un fait.
Cependant, si vous aimez l'archipel nippon et que votre niveau d'anglais est correct, il serait dommage de passer à côté d'une expérience des plus rafraîchissantes, dotée d'un contenu additionnel non négligeable. En effet, la version française du titre est accompagnée d'un CD d'OST contenant pas moins de 31 pistes, d'un code de téléchargement pour du DLC ainsi que d'un descriptif des personnages du jeu, lisible sur PC. Malgré de nombreuses tares techniques et narratives, la magie de Yakuza 3 opère. Comptez une vingtaine d'heures pour en voir le bout, et une poignée supplémentaire si vous voulez en découvrir toutes les finesses de gameplay.
[Nous aimons...]
L'atmosphère des quartiers de Tokyo
Les combats
L'aspect cinématographique
Les nombreux mini-jeux proposés
[Nous n'aimons pas...]
L'ultra-naïveté de l'entrée en matière
La narration, souvent poussive
La réalisation dépassée
Intégralement en anglais
15/20
Yaku-sitter
Le polar prend place alors que Kazuma Kiry - héros des deux opus précédents -, rangé de toute vie criminelle, s'occupe d'un orphelinat en bord de plage sur l'île d'Okinawa. Chemise à fleurs, cheveux gominés à la perfection et soleil se reflétant sur une mer d'un bleu azur : Yakuza se "délocalise" ?
L'on se rend vite compte que tout ceci n'est qu'un prétexte pour mieux contraster avec la déferlante d'embrouilles au cœur desquelles Kazuma va une nouvelle fois se retrouver impliqué (nous y reviendrons). Les quelques premières heures de jeu sont donc placées sous le signe du farniente, à jongler entre pêche et problèmes juvéniles. Si l'intention de racheter l'âme du bad guy est louable, on a du mal à croire qu'un ancien yakuza, dont les pattes sont certainement plus rouges que blanches, s'intéresse au problème de racket de sandwich à la récré. Et pourtant... Naïfs à souhait, les dialogues paraissent tout droit sortis d'un soap des années 80.
Étouffé sous un tombereau de clichés faciles, le scénario d'entrée de ce Yakuza 3 fait peine à voir.
Aniki, mon frère
Heureusement, passé les huit premières heures, le titre offre une tournure placée sous de meilleurs auspices. Pour ne pas trop spoiler l'aventure, nous n'irons qu'à l'essentiel : Yakuza 3, malgré un changement de scénariste, ne renie pas ses origines et offre une trame digne de la vie d'un gangster japonais. Entre meurtres, histoires d'argent, trahisons et révélations improbables, que les aspirines se rassurent, le dernier rejeton des studios Sega leur promet pérennité.
Kazuma reprend donc du service et c'est avec plaisir qu'on le retrouve dans son meilleur rôle : la distribution sans concession de bourre-pifs. Violentes, les échauffourées n'en gardent pas moins une saveur délicieuse, avec utilisation d'objets inédits et finish moves "Tarantinesques" au menu. Les ennemis s'y mettent souvent à plusieurs pour vous défaire, heureusement la panoplie de coups est suffisamment étoffée pour que vous puissiez surmonter les pires racailles de Tokyo sans trop de difficultés.
Une jauge se remplit en fonction des combos que vous effectuez, vous permettant ainsi de passer à l'équivalent d'un mode rage : vos coups deviennent alors beaucoup plus puissants et vous permettent d'enclencher des actions spéciales ; autant dire qu'à ce moment du combat l'on ne donnera pas cher de la peau de vos opposants. En combat, Kazuma peut également prendre pratiquement tout ce qui lui tombe sous la main : vélo, pancartes et autres objets incongrus sont autant de prétextes à un délire proche d'un bon Dead Rising.
Les rixes -imposées- durent en général une poignée de secondes, permettant ainsi d'équilibrer un rythme perturbé par une narration perfectible. Pas inutiles non plus, puisqu'elles vous permettront d'engranger de l'expérience servant à débloquer de nouveaux mouvements ou à booster les capacités du héros.
L'on regrette simplement que les combats, pourtant réguliers, mettent autant de temps à s'initier.
Take your time, baby
Et du temps, il vous en faudra pour ressentir pleinement le potentiel du titre. Marchant dans les traces poussiéreuses du précédent volet, Yakuza 3 accuse le coup : ce qui était acceptable il y a quelques années, ne l'est plus forcément aujourd'hui. Un exemple, l'abondance de dialogues poussifs et creux comme l'illustre - parmi tant d'autres - cet extrait : « Merci, tu vas me manquer. », « Prenez soin de vous. », « Merci beaucoup. », « Venez nous voir un de ces quatre. », « Merci, c'est gentil de proposer. », « Mais de rien, c'est bien normal. », « À bientôt, et merci encore ! ». L'envie irrépressible de zapper le tout pour se satisfaire uniquement des cinématiques se fait alors très vite sentir. Ce qui est fort regrettable, car les dialogues renferment une volonté de bien faire : prolonger l'expérience réaliste dans laquelle on se retrouve plongé. Mais le rythme, totalement brisé, est le premier à en pâtir et les moments de combats ou de mini-jeux sont accueillis avec un souffle de soulagement par le joueur, qui aura gaspillé trois bonnes minutes à dialoguer avec un inconnu ayant perdu ses clés de casier au complexe sportif.
My name is Kiry, Kazuma Kiry
Malgré une trame décousue, Yakuza 3 arrive à nous accrocher au pad.
Plongé au cœur de quartiers de Tokyo, on se surprend à flâner dans les rues, entrer dans les nombreuses échoppes (clin d'œil au Club Sega) et regarder les passants vaquer à leurs occupations.
L'erreur serait de comparer Yakuza 3 à Grand Theft Auto IV, car ici pas de ville ouverte ni de véhicules, seulement des portions de la capitale japonaise.
Le titre offre une expérience plus intime que l'on retrouvait, il est vrai, dans Shenmue, sorti sur Dreamcast. De l'intérieur des boutiques minutieusement modélisé aux mini-jeux, les ressemblances avec son ancêtre à demi-caché sont frappantes. Le contexte même de l'aventure ne nous permet cependant pas de nous identifier à Kazuma Kiry autant qu'il était possible de le faire avec Ryo Hazuki. Mais dans le gameplay, les mécaniques et les similitudes sont bien là et on le note également dans le système de combat, alliant QTE et frappes à la Virtua Fighter. De quoi rêver d'un Shenmue nouvelle génération !
Tokyo, ville carrée
Le retard pris par Yakuza 3 pour sortir en France s'observe avant tout au niveau graphique. Si les cinématiques gardent un certain charme (qui pourra paraître désuet aux yeux de certains), les phases de jeu témoignent de leur âge : aliasing et clipping sont aussi récurrents que les coups de poing donnés par le héros. Par ailleurs, le parti pris de ne modéliser qu'une infime partie de la métropole pourra ennuyer les joueurs avides de grands espaces. Mais l'on se rend très vite compte que ce choix a finalement donné aux développeurs la possibilité de pousser au maximum le niveau de détails des quartiers. Souffrant d'un espace d'exploration réduit et de graphismes en deçà du standard actuel, Yakuza 3 offre malgré tout de nombreuses opportunités d'évasion.
Yakuza qui compte ?
La grande force de ce troisième volet réside dans sa facilité à placer le joueur dans des situations radicalement différentes. Par exemple le héros, alors pris à partie dans une rixe des plus sanglantes, peut aisément finir deux minutes plus tard dans un bowling ou un karaoké. Et c'est dans ce mélange brut des deux genres que le titre porte le coup de grâce. La caricature reste présente tout au long de l'aventure, mais distillée au compte-gouttes, elle permet à l'environnement de garder son empreinte réaliste. Pêcher, jouer au golf, au baseball, acheter de la nourriture, tout ou presque est prétexte à un mini-jeu qui, la plupart du temps, est vraiment bien fichu.
Nous ne passerons que très rapidement sur l'amputation de la version européenne des bars à hôtesses ou de certains mini-jeux, car ce serait passer outre la chance que les Européens ont de découvrir un titre destiné avant tout au marché oriental.
Offert en pâture
À qui se destine Yakuza 3 ? Assurément aux amoureux du Japon. Les autres joueurs ne supporteront certainement pas les carences techniques, vrai point faible du soft. Quant à la localisation, intégralement en anglais, elle détournera du titre les gamers anglophobes, et ce malgré un doublage japonais de haute volée. Il est également évident que Sega ne compte pas faire de son rejeton un hit marketing, en témoigne la difficulté rencontrée pour le trouver le jour de sa sortie. Pour information, le magasin où nous l'avons acheté n'en avait reçu que deux. Coincé entre les sorties de Final Fantasy XIII et de God of War III, Yakuza 3 ne trouvera clairement pas de place où tisser sa toile, c'est un fait.
Cependant, si vous aimez l'archipel nippon et que votre niveau d'anglais est correct, il serait dommage de passer à côté d'une expérience des plus rafraîchissantes, dotée d'un contenu additionnel non négligeable. En effet, la version française du titre est accompagnée d'un CD d'OST contenant pas moins de 31 pistes, d'un code de téléchargement pour du DLC ainsi que d'un descriptif des personnages du jeu, lisible sur PC. Malgré de nombreuses tares techniques et narratives, la magie de Yakuza 3 opère. Comptez une vingtaine d'heures pour en voir le bout, et une poignée supplémentaire si vous voulez en découvrir toutes les finesses de gameplay.
[Nous aimons...]
L'atmosphère des quartiers de Tokyo
Les combats
L'aspect cinématographique
Les nombreux mini-jeux proposés
[Nous n'aimons pas...]
L'ultra-naïveté de l'entrée en matière
La narration, souvent poussive
La réalisation dépassée
Intégralement en anglais
15/20
De Daigo [922 Pts], le 02 Mars 2015 à 22h44
J'ai lu des critiques assez incisives envers le jeu... Et cette chronique ne me rassure pas vraiment. Quand je vois que les transitions entre les combats prennent du temps comme sur PS2, j'hallucine. Alors si en plus l'histoire du début n'est pas crédible...
De Jeex95 [563 Pts], le 02 Mars 2015 à 17h53
n'étant pas bon du tout en anglais j'ai toujours regretté qu'il n'y ai jamais eu de traduction dans les jeux yakuza...dommage!