Ciné-Asie Critique - Crazy Stone
Aujourd'hui, RogueAerith nous propose sa critique du film Crazy Stone, sorti en DVD en septembre dernier chez Spectrum Films.
Chongqing, Chine. Les employés d’une vieille usine au bord de la faillite découvrent un pendentif en jade à la valeur inestimable, pour lequel ils vont organiser une exposition afin de le vendre au plus offrant. Mais l'objet suscite la convoitise. Protégée par un chef de la sécurité plus ou moins zélé, la pierre attirera toutes les catégories de voleurs : amateurs, professionnels... Mais les meilleurs ne sont pas toujours ceux que l'on croit !
Sorti en septembre 2013 chez Spectrum Films, « Crazy Stone » est une comédie d’action réalisée en 2006 par Ning Hao, déjà à l'origine de « Mongolian Ping Pong » en 2004. Le film avait de quoi attirer l'attention, car ayant rencontré un gros succès auprès des spectateurs chinois et ayant pour producteur un certain Andy Lau... Quel verdict pour ce film mélangeant comédie et action ?
Ses premières limites sont techniques. On voit bien que le réalisateur a dû composer avec un budget faible. Lorsque Ning Hao tente de la jouer original, avec des angles de caméra en vue subjective ou des caméras à l'épaule pour dynamiser l'action, l'ensemble fait penser à un film amateur plus qu'autre chose, même si, heureusement, l'image reste propre.
Les autres limites, rédhibitoires, se situent dans... tout le reste. Ning Hao souhaitant selon toute vraisemblance prendre des airs de Guy Ritchie (réalisateur entre autres de « Snatch » ou « Arnaques, crimes et botanique »), il cherche à faire des retournements de situation de haute volée, à concevoir des personnages brillants, à poser un scénario à tiroirs. Or, ici, les retournements de situation n'en sont pas (puisque prévisibles), les personnages ni franchement dingos, ni fraîchement cabotins, ne font pas rire, n'impressionnent pas, trop classiques, trop clichés pour convaincre, et le scénario est sans surprise, le rythme affligeant, le film étant au final d'un ennui mortel.
D'autres chroniques que celle présentée ici ont mis en exergue le caractère quasi-révolutionnaire (oui, oui, vu et lu) du film de Ning Hao, son mélange de comédie et d'action étant censé bouleverser le cinéma humoristique chinois. Ils oublient que Hong Kong a été rétrocédé à la Chine en 1997, et qu'à Hong Kong sévit un génie de la comédie d'action, un certain Johnnie To. Même les récents Tsui Hark, films à grand spectacle, sont largement plus divertissants que ce pauvre reliquat de comédie filmé certes avec du cœur, mais sans talent. Tout au plus peut-on se satisfaire dans ce « Crazy Stone » d'une narration basée sur un intéressant système multipliant les points de vue, façon effet papillon (une scène est filmée avec le regard d'un personnage, puis, quelques minutes après, avec le regard d'un autre). Néanmoins, même si le réalisateur maîtrise bien l'ensemble, les situations n'étant jamais confuses, cela transpire le déjà-vu, et, surtout, cette idée n'est jamais poussée à l'extrême : comprenez que Ning Hao n'ira pas jusqu'à transcender ce système de replay en nous pondant LA scène l'utilisant à son meilleur. De plus, n'oublions pas que le film repose pour l'essentiel sur un schéma très classique, et que les scènes vues sous plusieurs angles n'interviennent qu'à certains moments. Si le début du film laisse penser qu'il y a du potentiel, même si on peine à bien identifier qui est qui, le scénario devient extrêmement classique passée la première heure, avec des voleurs qui se pourchassent entre eux. Le réalisateur va même jusqu'à la jouer un peu prétentieux : souhaitant apparemment enrichir ses personnages pourtant clichés au possible, il nous gratifie de dizaines de scènes sans doute voulues comme intimistes... dans les toilettes et les bains. Super...
L'aspect le plus raté du film reste incontestablement le burlesque, qui ne fonctionne pas, mais alors pas du tout. Est-ce l'écart culturel qui joue ? Certainement pas. Les films de Johnnie To font mouche chez beaucoup de gens, mais « Crazy Stone » n'a clairement pas le génie d'un « Sparrow », jouant dans la même catégorie. Plus encore, « Crazy Stone » fait vraiment pitié face aux ténors du genre, tels que « Triangle » (coréalisé par Johnnie To, Ringo Lam et Tsui Hark), « Snatch » qu'il essaie souvent d'imiter, ou la trilogie « Ocean's ». « Crazy Stone » n'a ni le casting, ni le charme, ni l'intelligence des dialogues, ni les situations fantasques, ni tout simplement la classe des films précités. La bande-son n'arrange rien, avec de l'électro pop chinoise insupportable, reprenant aussi bien les Chemical Brothers que le Lac des cygnes...
Mauvaise pioche donc pour Spectrum Films, qui, heureusement, nous propose d'autres œuvres bien meilleures. Fallait-il être indulgent face à cette œuvre manifestement de bonne volonté, à budget réduit, ayant tout du film de potes ? Je ne le crois pas. Pas avec un potentiel gâché de cette façon, pas avec ce scénario et ces personnages ultra-classiques, pas avec cet humour qui n'a rien de noir, pas quand l'ennui guette le spectateur du début à la fin.
Chongqing, Chine. Les employés d’une vieille usine au bord de la faillite découvrent un pendentif en jade à la valeur inestimable, pour lequel ils vont organiser une exposition afin de le vendre au plus offrant. Mais l'objet suscite la convoitise. Protégée par un chef de la sécurité plus ou moins zélé, la pierre attirera toutes les catégories de voleurs : amateurs, professionnels... Mais les meilleurs ne sont pas toujours ceux que l'on croit !
Sorti en septembre 2013 chez Spectrum Films, « Crazy Stone » est une comédie d’action réalisée en 2006 par Ning Hao, déjà à l'origine de « Mongolian Ping Pong » en 2004. Le film avait de quoi attirer l'attention, car ayant rencontré un gros succès auprès des spectateurs chinois et ayant pour producteur un certain Andy Lau... Quel verdict pour ce film mélangeant comédie et action ?
Ses premières limites sont techniques. On voit bien que le réalisateur a dû composer avec un budget faible. Lorsque Ning Hao tente de la jouer original, avec des angles de caméra en vue subjective ou des caméras à l'épaule pour dynamiser l'action, l'ensemble fait penser à un film amateur plus qu'autre chose, même si, heureusement, l'image reste propre.
Les autres limites, rédhibitoires, se situent dans... tout le reste. Ning Hao souhaitant selon toute vraisemblance prendre des airs de Guy Ritchie (réalisateur entre autres de « Snatch » ou « Arnaques, crimes et botanique »), il cherche à faire des retournements de situation de haute volée, à concevoir des personnages brillants, à poser un scénario à tiroirs. Or, ici, les retournements de situation n'en sont pas (puisque prévisibles), les personnages ni franchement dingos, ni fraîchement cabotins, ne font pas rire, n'impressionnent pas, trop classiques, trop clichés pour convaincre, et le scénario est sans surprise, le rythme affligeant, le film étant au final d'un ennui mortel.
D'autres chroniques que celle présentée ici ont mis en exergue le caractère quasi-révolutionnaire (oui, oui, vu et lu) du film de Ning Hao, son mélange de comédie et d'action étant censé bouleverser le cinéma humoristique chinois. Ils oublient que Hong Kong a été rétrocédé à la Chine en 1997, et qu'à Hong Kong sévit un génie de la comédie d'action, un certain Johnnie To. Même les récents Tsui Hark, films à grand spectacle, sont largement plus divertissants que ce pauvre reliquat de comédie filmé certes avec du cœur, mais sans talent. Tout au plus peut-on se satisfaire dans ce « Crazy Stone » d'une narration basée sur un intéressant système multipliant les points de vue, façon effet papillon (une scène est filmée avec le regard d'un personnage, puis, quelques minutes après, avec le regard d'un autre). Néanmoins, même si le réalisateur maîtrise bien l'ensemble, les situations n'étant jamais confuses, cela transpire le déjà-vu, et, surtout, cette idée n'est jamais poussée à l'extrême : comprenez que Ning Hao n'ira pas jusqu'à transcender ce système de replay en nous pondant LA scène l'utilisant à son meilleur. De plus, n'oublions pas que le film repose pour l'essentiel sur un schéma très classique, et que les scènes vues sous plusieurs angles n'interviennent qu'à certains moments. Si le début du film laisse penser qu'il y a du potentiel, même si on peine à bien identifier qui est qui, le scénario devient extrêmement classique passée la première heure, avec des voleurs qui se pourchassent entre eux. Le réalisateur va même jusqu'à la jouer un peu prétentieux : souhaitant apparemment enrichir ses personnages pourtant clichés au possible, il nous gratifie de dizaines de scènes sans doute voulues comme intimistes... dans les toilettes et les bains. Super...
L'aspect le plus raté du film reste incontestablement le burlesque, qui ne fonctionne pas, mais alors pas du tout. Est-ce l'écart culturel qui joue ? Certainement pas. Les films de Johnnie To font mouche chez beaucoup de gens, mais « Crazy Stone » n'a clairement pas le génie d'un « Sparrow », jouant dans la même catégorie. Plus encore, « Crazy Stone » fait vraiment pitié face aux ténors du genre, tels que « Triangle » (coréalisé par Johnnie To, Ringo Lam et Tsui Hark), « Snatch » qu'il essaie souvent d'imiter, ou la trilogie « Ocean's ». « Crazy Stone » n'a ni le casting, ni le charme, ni l'intelligence des dialogues, ni les situations fantasques, ni tout simplement la classe des films précités. La bande-son n'arrange rien, avec de l'électro pop chinoise insupportable, reprenant aussi bien les Chemical Brothers que le Lac des cygnes...
Mauvaise pioche donc pour Spectrum Films, qui, heureusement, nous propose d'autres œuvres bien meilleures. Fallait-il être indulgent face à cette œuvre manifestement de bonne volonté, à budget réduit, ayant tout du film de potes ? Je ne le crois pas. Pas avec un potentiel gâché de cette façon, pas avec ce scénario et ces personnages ultra-classiques, pas avec cet humour qui n'a rien de noir, pas quand l'ennui guette le spectateur du début à la fin.
De Nabouro [689 Pts], le 26 Février 2014 à 17h07
Ce film à l'air de péter.....tout de même