Evènemen Fuyumi Soryo en conférence au Salon du livre
Entre autres invités prestigieux, le Salon du Livre de Paris 2013 accueillait Fuyumi Soryo, mangaka renommée qui a dépassé les 30 années de carrière (elle a débuté en avril 1982), à qui l'on doit le shôjo Mars et le thriller psychologique ES – Eternal Sabbath, et qui venait présenter dans notre pays son projet en cours, l'ambitieux Cesare, qui projette de dépeindre la vie du célèbre Cesare Borgia avec une grande rigueur historique. Pour l'occasion, Mme Soryo était accompagnée de son superviseur historique, Motoaki Hara, professeur d'université émérite. C'est à l'occasion d'une conférence publique, animée par Rémi du site Bodoï, que les deux auteurs répondirent à différentes interrogations posées par l'animateur avant de se prêter à un très court jeu de questions-réponses avec le public.
Après un petit retard, la conférence débuta sous les applaudissements du public.
Mme Soryo, vous avez une carrière plutôt atypique puisqu'avant le seinen historique Cesare, vous avez réalisé Mars qui est une série plutôt destinée à un public féminin. Pourquoi avoir commencé par le shôjo ? Qu'est-ce qui vous plaisait dans ce genre ? Puis pourquoi être passé du shôjo au seinen avec ES – Eternal Sabbath ?
Fuyumi Soryo : A la base, j'étais plus intéressée par les sujets complexes que l'on trouve aujourd'hui dans le seinen, mais à l'époque où j'ai commencé ma carrière ce genre à proprement parler n'existait pas vraiment, et a été créé un peu plus tard par les magazines.
C'est en voyant mon style de dessin que les éditeurs ont trouvé qu'il correspondait plus au shôjo. A l'époque je sortais d'études de Beaux-Arts et était déjà très intéressée par la Renaissance, mais dans le genre shôjo il n'était pas vraiment possible de développer une histoire sur ce sujet.
Motoaki Hara, vous êtes le superviseur historique de Cesare. Avant cette collaboration, quel était votre rapport au manga ? En lisiez-vous ?
Motoaki Hara : Avant cette collaboration, j'aimais déjà beaucoup les mangas, et j'en lisais même beaucoup quand j'étais étudiant. Ensuite je suis devenu chercheur en littérature italienne, spécialisé dans la Divine Comédie de Dante, et comme cet ouvrage est très long, je me suis mis à étudier un peu des mangas longs pour comparer un peu la narration des deux genres. En quelque sorte, le manga est alors devenu un outil de travail, pour voir comment raconter une longue histoire et pour analyse la Divine Comédie sous un autre angle.
Quand j'étais étudiant, j'étais fan du manga sportif sur le vélo Shakariki de Masahito Soda (auteur de Subaru Danse vers les Etoiles, ndlr), et quand je travaillais je prenais également beaucoup de références dans Slam Dunk.
Avec Cesare, on est bien dans un contexte historique détaillée qu'est celui de la Renaissance italienne, et nous sommes plongés dans une Italie où le Pape a un immense pouvoir politique, et qui est divisée en plusieurs territoires contrôlés par des grandes familles comme les Médicis, les Orsini, et bien sûr les Borgia où Cesare est le fils de Rodrigo, un homme qui deviendra le Pape Alexandre VI. Mme Soryo, depuis quand portez-vous ce projet ? Quelle en est la genèse ? Qu'est-ce qui vous a le plus intéressée, entre la valeur historique du sujet, la période de la Renaissance, les personnages...
FS : Il y a une vingtaine d'années, j'avais déjà envie de raconter une histoire ancrée dans la Renaissance, mais à l'époque j'étais plutôt portée sur Léonard de Vinci. Mais cet homme est déjà tellement connu qu'il n'y avait rien de nouveau à raconter sur lui. Puis en faisant des recherches sur Léonard de Vinci, j'ai découvert le personnage de Cesare Borgia qui avait engagé de Vinci comme stratège. Puis en faisant quelques recherches sur ce Cesare, j'ai vu qu'il y avait deux opinions totalement contradictoires : les très mauvaises, et les bonnes où l'on trouvait notamment celles de Machiavel. Ce personnage paraissait donc très énigmatique, ça a attiré ma curiosité et je me suis lancé dans le projet Cesare. Mais je n'arrivais pas à déterminer son vrai visage, car je n'avais pas de matière historique suffisante pour bien cerner cela. C'est mon éditeur qui m'a alors parlé de Mr Motoaki Hara, avec lequel j'ai alors voulu collaborer.
Mme Soryo, à partir de quel moment avez-vous ressenti le besoin d'avoir un superviseur historique ?
FS : J'ai ressenti le besoin d'avoir un superviseur dès mes préparatifs pour lancer la série.
D'ailleurs je me souviens encore de la toute première question que j'ai posée à Mr Hara : à l'époque, est-ce que c'était le Pape ou le dirigeant politique qui était le plus puissant ? Je comprenais encore mal l'équilibre politique de l'époque.
Et quel est le rôle précis de chacun de vous deux sur la série ? Comment fonctionne votre collaboration ? Peut-on considérer Mr Hara comme un scénariste à proprement parler ?
FS : Mr Hara me renseigne sur les sources et les raisons d'un fait historique et sur ce qui en résulte, mais il ne sa charge pas de ce qui se passe entre les différents événements historiques, comme la psychologie des personnages, etc...
C'est un professeur qui connaît les archives historiques, mais il ne connaît pas les personnages... et moi non plus d'ailleurs, puisqu'ils sont morts depuis des siècles (rires). De ce fait, on fait des profilings, en analysant les personnages et en leur offrant une psychologie à partir de leurs faits historiques.
Pensez-vous que le manga est un bon moyen pour démocratiser des informations historiques et l'histoire en général ?
FS : Je ne peux pas répondre à ça. A mon échelle, je me contente de me concentrer sur mon œuvre et sur son écriture.
Avec Cesare vous voulez offrir le point de vue historique le plus crédible possible sur la vie énigmatique de Cesare Borgia. Tout est très documenté, il y a même un superviseur historique, mais la série n'oublie pas non plus d'être divertissante. Comment fait-on la part des choses entre divertissement et récit historique ?
FS : Être fidèle aux faits historiques est un travail de professeur, de mon côté je suis mangaka. Mon travail est d'offrir des émotions aux lecteurs. La mise en scène est alors primordiale pour un mangaka.
Beaucoup de personnages gravitant autour de Cesare sont assez flous dans l'Histoire, comme Michelotto sur lequel on trouve très peu d'informations.. Comment faites-vous pour combler ces manques et rester la plus crédible possible historiquement parlant ?
FS : C'est un personnage qui est là pour mettre Cesare en avant. De même, Cesare doit rendre Michelotto très attirant. En réalité, il y a tellement peu d'informations sur lui que c'est un personnage que j'ai quasiment inventé afin de rendre l'histoire plus intéressante, mais il faut quand même tâcher de le rendre crédible, réaliste. C'est aussi ça qui est intéressant dans le processus de création de la série.
Si la documentation au niveau des peintures ou des fresques doit être assez simple puisque celles-ci existent toujours, comment faites-vous pour la documentation autour des habits et de l'architecture ? Par exemple, dans Cesare vous représentez la Chapelle Sixtine avant qu'elle ne soit ornée par les peintures de Michel-Ange... Où avez-vous trouvé les informations ?
FS : D'abord, Mr Hara m'a apporté des archives qui décrivaient la chapelle avant l'arrivée de Michel-Ange. On savait donc qu'il y avait sous la voûte un ciel étoilé qui a ensuite été rasé par Jules II. En fait, chaque Pape différent faisait des travaux, et il y a des archives sur chaque.
Pour laisser le temps à Mme Fuyumi Soryo de réaliser un dessin public, l'animateur enchaîna ensuite avec des questions adressées à Mr Motoaki Hara.
Mr Hara, de votre côté, pensez-vous que faire du manga historique peut aider à démocratiser l'histoire auprès du grand public ?
MH : Je pense que c'est un très bon moyen. Mais on n'écrit pas Cesare pour que son histoire soit reconnue par tout le monde, ce n'est pas notre but.
Tout à l'heure, Mme Soryo disait qu'elle séparait bien sa part du travail et la vôtre. L'avez-vous déjà vue en train de dessiner ?
Oui.
Est-ce que le fait de travailler sur un manga historique a changé votre vision du métier d'historien ?
J'ai effectivement ressenti un changement. Moi je suis professeur spécialisé en littérature, et ma pensée est linéaire. Depuis que j'ai commencé la collaboration avec Mme Soryo, je visualise mieux les interrogations du type "Où ? Comment ? Pourquoi ?".
Dans ce sens, j'ai appris quelque chose grâce à Mme Soryo. Après le tome 2, dans l'histoire on parle des politiciens, des grands personnages importants se souciant des questions politiques... et à côté de ça Mme Soryo a quand même pensé aux enfants mourant de faim à l'époque. En étant historien, j'avais une vision un peu plus étroite et n'envisageais pas ce genre de problème.
Au commencement du projet, vous vous disiez que le personnage de Cesare était très énigmatique. A présent vous en êtes au dixième volume, alors avez-vous réussi à vous faire une image plus précise de ce personnage ?
Je pense que oui. Je me suis rendu compte que le personnage est énigmatique parce qu'il est un peu "bizarre", très ambivalent. Par exemple, à un moment une description dit qu'il s'entend très bien avec son frère, tandis qu'une autre archive va jusqu'à dire qu'il l'a tué. A force de travailler sur Cesare, je pense qu'on arrive à démêler le vrai du faux sur ce genre de points.
Et comment procédez-vous ? Recherchez-vous à travers de multiples documents jusqu'à réussir à déterminer le vrai du faux, ou au bout d'un moment décidez-vous avec Mme Soryo de trancher la chose ?
On essaie de récolter le plus d'archives possible, c'est le travail de l'historien. Et pour un personnage comme Cesare Borgia ça demande tellement de travail que ça peut retarder la parution de la série.
Un peu plus de cinq minutes avant la fin de la conférence, l'heure des questions-réponses avec le public fut alors arrivé, les questions s'adressant à Mr Hara en attendant que Mme Soryo termine son dessin.
Tout à l'heure vous avez dit étudier des longs mangas pour voir comment faire une histoire longue, et cela m'a un peu étonné. Êtes-vous le seul professeur à procéder ainsi au Japon ?
Je pense qu'il doit y en avoir d'autres qui s'inspirent du manga.
Avez-vous été critiqué par des confrères historiens pour certaines interprétations ?
Oui, ça m'est arrivé. C'est vrai qu'on a un point de vue très différent de ce qu'on avait avant sur Cesare Borgia, donc ceux qui aimaient le point de vue d'avant préfèrent rester dans leur image de Cesare Borgia.
Des applaudissements du public s'élevèrent ensuite pour saluer Fuyumi Saryo, qui venait de terminer son dessin et prit le relai pour répondre aux deux dernières questions du public.
Vous êtes-vous inspirée de l'iconographie et des tableaux d'époque pour dessiner les personnages ?
Oui, je l'ai pris comme référence, mais comme au début de la série Cesare a 16 ans, au départ j'ai dû laisser aller mon imagination.
Pour faire Cesare, vous intéressez-vous aux multiples adaptations qu'il y a autour des Borgia ? Films, séries...
J'ai regardé 5 épisodes de la série américaine.
Après un petit retard, la conférence débuta sous les applaudissements du public.
Mme Soryo, vous avez une carrière plutôt atypique puisqu'avant le seinen historique Cesare, vous avez réalisé Mars qui est une série plutôt destinée à un public féminin. Pourquoi avoir commencé par le shôjo ? Qu'est-ce qui vous plaisait dans ce genre ? Puis pourquoi être passé du shôjo au seinen avec ES – Eternal Sabbath ?
Fuyumi Soryo : A la base, j'étais plus intéressée par les sujets complexes que l'on trouve aujourd'hui dans le seinen, mais à l'époque où j'ai commencé ma carrière ce genre à proprement parler n'existait pas vraiment, et a été créé un peu plus tard par les magazines.
C'est en voyant mon style de dessin que les éditeurs ont trouvé qu'il correspondait plus au shôjo. A l'époque je sortais d'études de Beaux-Arts et était déjà très intéressée par la Renaissance, mais dans le genre shôjo il n'était pas vraiment possible de développer une histoire sur ce sujet.
Motoaki Hara, vous êtes le superviseur historique de Cesare. Avant cette collaboration, quel était votre rapport au manga ? En lisiez-vous ?
Motoaki Hara : Avant cette collaboration, j'aimais déjà beaucoup les mangas, et j'en lisais même beaucoup quand j'étais étudiant. Ensuite je suis devenu chercheur en littérature italienne, spécialisé dans la Divine Comédie de Dante, et comme cet ouvrage est très long, je me suis mis à étudier un peu des mangas longs pour comparer un peu la narration des deux genres. En quelque sorte, le manga est alors devenu un outil de travail, pour voir comment raconter une longue histoire et pour analyse la Divine Comédie sous un autre angle.
Quand j'étais étudiant, j'étais fan du manga sportif sur le vélo Shakariki de Masahito Soda (auteur de Subaru Danse vers les Etoiles, ndlr), et quand je travaillais je prenais également beaucoup de références dans Slam Dunk.
Avec Cesare, on est bien dans un contexte historique détaillée qu'est celui de la Renaissance italienne, et nous sommes plongés dans une Italie où le Pape a un immense pouvoir politique, et qui est divisée en plusieurs territoires contrôlés par des grandes familles comme les Médicis, les Orsini, et bien sûr les Borgia où Cesare est le fils de Rodrigo, un homme qui deviendra le Pape Alexandre VI. Mme Soryo, depuis quand portez-vous ce projet ? Quelle en est la genèse ? Qu'est-ce qui vous a le plus intéressée, entre la valeur historique du sujet, la période de la Renaissance, les personnages...
FS : Il y a une vingtaine d'années, j'avais déjà envie de raconter une histoire ancrée dans la Renaissance, mais à l'époque j'étais plutôt portée sur Léonard de Vinci. Mais cet homme est déjà tellement connu qu'il n'y avait rien de nouveau à raconter sur lui. Puis en faisant des recherches sur Léonard de Vinci, j'ai découvert le personnage de Cesare Borgia qui avait engagé de Vinci comme stratège. Puis en faisant quelques recherches sur ce Cesare, j'ai vu qu'il y avait deux opinions totalement contradictoires : les très mauvaises, et les bonnes où l'on trouvait notamment celles de Machiavel. Ce personnage paraissait donc très énigmatique, ça a attiré ma curiosité et je me suis lancé dans le projet Cesare. Mais je n'arrivais pas à déterminer son vrai visage, car je n'avais pas de matière historique suffisante pour bien cerner cela. C'est mon éditeur qui m'a alors parlé de Mr Motoaki Hara, avec lequel j'ai alors voulu collaborer.
Mme Soryo, à partir de quel moment avez-vous ressenti le besoin d'avoir un superviseur historique ?
FS : J'ai ressenti le besoin d'avoir un superviseur dès mes préparatifs pour lancer la série.
D'ailleurs je me souviens encore de la toute première question que j'ai posée à Mr Hara : à l'époque, est-ce que c'était le Pape ou le dirigeant politique qui était le plus puissant ? Je comprenais encore mal l'équilibre politique de l'époque.
Et quel est le rôle précis de chacun de vous deux sur la série ? Comment fonctionne votre collaboration ? Peut-on considérer Mr Hara comme un scénariste à proprement parler ?
FS : Mr Hara me renseigne sur les sources et les raisons d'un fait historique et sur ce qui en résulte, mais il ne sa charge pas de ce qui se passe entre les différents événements historiques, comme la psychologie des personnages, etc...
C'est un professeur qui connaît les archives historiques, mais il ne connaît pas les personnages... et moi non plus d'ailleurs, puisqu'ils sont morts depuis des siècles (rires). De ce fait, on fait des profilings, en analysant les personnages et en leur offrant une psychologie à partir de leurs faits historiques.
Pensez-vous que le manga est un bon moyen pour démocratiser des informations historiques et l'histoire en général ?
FS : Je ne peux pas répondre à ça. A mon échelle, je me contente de me concentrer sur mon œuvre et sur son écriture.
Avec Cesare vous voulez offrir le point de vue historique le plus crédible possible sur la vie énigmatique de Cesare Borgia. Tout est très documenté, il y a même un superviseur historique, mais la série n'oublie pas non plus d'être divertissante. Comment fait-on la part des choses entre divertissement et récit historique ?
FS : Être fidèle aux faits historiques est un travail de professeur, de mon côté je suis mangaka. Mon travail est d'offrir des émotions aux lecteurs. La mise en scène est alors primordiale pour un mangaka.
Beaucoup de personnages gravitant autour de Cesare sont assez flous dans l'Histoire, comme Michelotto sur lequel on trouve très peu d'informations.. Comment faites-vous pour combler ces manques et rester la plus crédible possible historiquement parlant ?
FS : C'est un personnage qui est là pour mettre Cesare en avant. De même, Cesare doit rendre Michelotto très attirant. En réalité, il y a tellement peu d'informations sur lui que c'est un personnage que j'ai quasiment inventé afin de rendre l'histoire plus intéressante, mais il faut quand même tâcher de le rendre crédible, réaliste. C'est aussi ça qui est intéressant dans le processus de création de la série.
Si la documentation au niveau des peintures ou des fresques doit être assez simple puisque celles-ci existent toujours, comment faites-vous pour la documentation autour des habits et de l'architecture ? Par exemple, dans Cesare vous représentez la Chapelle Sixtine avant qu'elle ne soit ornée par les peintures de Michel-Ange... Où avez-vous trouvé les informations ?
FS : D'abord, Mr Hara m'a apporté des archives qui décrivaient la chapelle avant l'arrivée de Michel-Ange. On savait donc qu'il y avait sous la voûte un ciel étoilé qui a ensuite été rasé par Jules II. En fait, chaque Pape différent faisait des travaux, et il y a des archives sur chaque.
Pour laisser le temps à Mme Fuyumi Soryo de réaliser un dessin public, l'animateur enchaîna ensuite avec des questions adressées à Mr Motoaki Hara.
Mr Hara, de votre côté, pensez-vous que faire du manga historique peut aider à démocratiser l'histoire auprès du grand public ?
MH : Je pense que c'est un très bon moyen. Mais on n'écrit pas Cesare pour que son histoire soit reconnue par tout le monde, ce n'est pas notre but.
Tout à l'heure, Mme Soryo disait qu'elle séparait bien sa part du travail et la vôtre. L'avez-vous déjà vue en train de dessiner ?
Oui.
Est-ce que le fait de travailler sur un manga historique a changé votre vision du métier d'historien ?
J'ai effectivement ressenti un changement. Moi je suis professeur spécialisé en littérature, et ma pensée est linéaire. Depuis que j'ai commencé la collaboration avec Mme Soryo, je visualise mieux les interrogations du type "Où ? Comment ? Pourquoi ?".
Dans ce sens, j'ai appris quelque chose grâce à Mme Soryo. Après le tome 2, dans l'histoire on parle des politiciens, des grands personnages importants se souciant des questions politiques... et à côté de ça Mme Soryo a quand même pensé aux enfants mourant de faim à l'époque. En étant historien, j'avais une vision un peu plus étroite et n'envisageais pas ce genre de problème.
Au commencement du projet, vous vous disiez que le personnage de Cesare était très énigmatique. A présent vous en êtes au dixième volume, alors avez-vous réussi à vous faire une image plus précise de ce personnage ?
Je pense que oui. Je me suis rendu compte que le personnage est énigmatique parce qu'il est un peu "bizarre", très ambivalent. Par exemple, à un moment une description dit qu'il s'entend très bien avec son frère, tandis qu'une autre archive va jusqu'à dire qu'il l'a tué. A force de travailler sur Cesare, je pense qu'on arrive à démêler le vrai du faux sur ce genre de points.
Et comment procédez-vous ? Recherchez-vous à travers de multiples documents jusqu'à réussir à déterminer le vrai du faux, ou au bout d'un moment décidez-vous avec Mme Soryo de trancher la chose ?
On essaie de récolter le plus d'archives possible, c'est le travail de l'historien. Et pour un personnage comme Cesare Borgia ça demande tellement de travail que ça peut retarder la parution de la série.
Un peu plus de cinq minutes avant la fin de la conférence, l'heure des questions-réponses avec le public fut alors arrivé, les questions s'adressant à Mr Hara en attendant que Mme Soryo termine son dessin.
Tout à l'heure vous avez dit étudier des longs mangas pour voir comment faire une histoire longue, et cela m'a un peu étonné. Êtes-vous le seul professeur à procéder ainsi au Japon ?
Je pense qu'il doit y en avoir d'autres qui s'inspirent du manga.
Avez-vous été critiqué par des confrères historiens pour certaines interprétations ?
Oui, ça m'est arrivé. C'est vrai qu'on a un point de vue très différent de ce qu'on avait avant sur Cesare Borgia, donc ceux qui aimaient le point de vue d'avant préfèrent rester dans leur image de Cesare Borgia.
Des applaudissements du public s'élevèrent ensuite pour saluer Fuyumi Saryo, qui venait de terminer son dessin et prit le relai pour répondre aux deux dernières questions du public.
Vous êtes-vous inspirée de l'iconographie et des tableaux d'époque pour dessiner les personnages ?
Oui, je l'ai pris comme référence, mais comme au début de la série Cesare a 16 ans, au départ j'ai dû laisser aller mon imagination.
Pour faire Cesare, vous intéressez-vous aux multiples adaptations qu'il y a autour des Borgia ? Films, séries...
J'ai regardé 5 épisodes de la série américaine.
De AngelMercury [1746 Pts], le 22 Avril 2013 à 09h37
Conférence très intéressante, c'est assez fascinant d'apprendre comment se construit le manga historique. Et ça semble être un boulot titanesque, alors bravo à l'auteur et au superviseur !
De morigena [1031 Pts], le 21 Avril 2013 à 21h00
De shinob [127 Pts], le 21 Avril 2013 à 11h16
Manga666 : Une trentaine de tomes d'après ce que j'ai pu lire sur internet.
De manga666 [1710 Pts], le 19 Avril 2013 à 17h13
J'aurai aimé savoir combien de tome comportera la série.
De Moondrop [1284 Pts], le 19 Avril 2013 à 08h07
J'ai adoré lire cet article tellement intéressant! Fuyumi et Mr. Hara font un super boulot... 20 ans de carrière et c'est maintenant que je la découvre avec son magnifique Cesare!!! J'adore!
De Koiwai [12807 Pts], le 19 Avril 2013 à 01h42
Ce n'est pas une interview, c'est la conférence publique donnée par les auteurs pendant le Salon du Livre. L'interview arrivera un peu plus tard ^^
De Koiwai [12807 Pts], le 19 Avril 2013 à 01h38
Ce n'est pas une interview, c'est la conférence publique donnée par les auteurs pendant le Salon du Livre. L'interview arrivera un peu plus tard ^^
De Dim12 [4930 Pts], le 19 Avril 2013 à 00h11
J'aurai aimé y etre au salon du livre
De Ogui [2445 Pts], le 18 Avril 2013 à 21h56
Très bonne interview pour cette série grandiose.
De yukiijapan [474 Pts], le 18 Avril 2013 à 19h39
C'était vraiment bien j'en ai un très bon souvenir :)
De Daigo [922 Pts], le 18 Avril 2013 à 19h05
Merci pour l'interview! Je pense que je vais me pencher de plus près sur la série...