Ciné-Asie Critique - Tai-Chi Master
Notre critique de la semaine vous fait découvrir le point de vue de Rogue sur Tai-Chi Master, film de kung fu dans lequel on retrouve Jet li et Michelle Yeoh !
Zhang Junbao (Jet Li) et Dang Tianbao (Chin Siu-Hou) sont bonzes, élevés au temple de Shaolin. Ils y apprennent les arts martiaux. Junbao est droit et généreux, Tianbao a soif de reconnaissance et de conquête. Leurs caractères opposés ne les empêchent pas de devenir les meilleurs amis. Lorsqu'une injustice les conduit à quitter Shaolin, une nouvelle vie commence parmi les civils. Ils feront des rencontres, dont la belle et mélancolique Siu Lin (Michelle Yeoh). Mais cela marquera aussi leur séparation.
Sorti en 1993 à Hong Kong et en 2002 en France (10 ans après, ça fait beaucoup), « Tai Chi Master » est réalisé par Yuen Woo-Ping, connu en Occident pour être le chorégraphe de la trilogie Matrix et de Tigre et Dragon, et auteur de nombreux films du genre wu xia pian dans les années 1980-90, qui ont rarement franchi les frontières. On apprécie de pouvoir avoir accès à ce « Tai Chi Master », qui, s'il n'est pas dénué de défauts, reste assez agréable.
Commençons par les qualités de ce film ancré dans la tradition wu xia pian... Il n'y en a en fait que deux, qui rattrapent à elles seules toutes les maladresses et les gros défauts. La première tient évidemment dans les chorégraphies superbes de Yuen Woo-Ping. Le plus appréciable, c'est sans nul doute leur nombre et leur variété. Aucune déception de ce côté-là : on n'a pas à supporter de fuites frustrantes ou de dialogues pompeux pour masquer une pauvreté de moyens ou un manque d'envie, car chaque situation amène un combat. Cela a toujours été le point fort du réalisateur, jamais chiche dès qu'il faut se mettre à table. « Tai Chi Master » rentre donc aisément dans le top 10 des meilleures chorégraphies martiales des années 1990, juste derrière « Fist of legend » et « La secte du lotus blanc ». 20 ans déjà, et la virtuosité des combats n'a presque rien perdu. La seconde grosse qualité, c'est l'ambiance wu xia pian, qui, si elle demeure classique, est tout à fait efficace, avec des décors et costumes soignés.
Malheureusement, pas mal de points noirs viennent gâcher l'expérience. Le scénario tout d'abord es trop prévisible quant à son déroulement. Le potentiel dramatique est totalement sous-exploité, alors qu'il y avait de quoi faire avec une amitié volant en éclats et l'assassinat d'un personnage attachant en milieu de film. Yuen Woo-Ping a préféré un humour bon enfant, niais et lourdingue, où l'on voit bien que le film est calibré pour être une comédie familiale. Aucune ambition narrative donc, mais heureusement le film ne souffre d'aucune longueur. Autre déception : les chorégraphies ne sont pas exclusivement centrées sur le tai chi, faisant intervenir en masse d'autres arts martiaux, le titre étant donc quelque peu trompeur. Mais le point le plus dommageable, c'est que Yuen Woo-Ping a beau nous charmer avec ses chorégraphies, il n'a pas su s'entourer d'un bon metteur en scène, puisque l'esthétique et les angles de caméra n'ont rien d'original par rapport au reste de la production wu xia pian, ni d'un bon monteur, puisque ce Tai chi master est littéralement monté avec les pieds ! Le manque de fluidité est évident, ce qui gâche d'ailleurs les chorégraphies pourtant géniales puisque certains mouvements sortent de nulle part. Plus grave, les pépins techniques sont nombreux, comme l'apparition des câbles à l'écran !
L'heure est maintenant venue pour le gros coup de gueule. Je n'en passe pas beaucoup, mais là, c'est juste indispensable. Celui-ci concerne la bande-son. La piste audio de la VO est vraiment médiocre, avec un doublage en cantonais ne correspondant pas aux mouvements des lèvres des acteurs (à se demander si une vraie version originale n'a pas été tournée en mandarin) : ceci gâche littéralement l'ambiance ! Un point tout aussi surprenant, c'est qu'une grande majorité des dialogues ont lieu hors-champ : on ne voit pas les personnages parler, ce qui est particulièrement déroutant. Inutile de se rabattre sur une version américaine médiocre et une version française trop moyenne, qui, au passage, changent bizarrement les musiques.
Le casting fait tout juste ce qu'il faut, avec Jet Li (encore en début de carrière) qui laisse franchement à désirer dans un (trop long) interlude comique, et Michelle Yeoh s'adapte. Son personnage n'étant jamais mis en avant, sa présence ressemble trop à un long cameo plutôt qu'à un véritable retour en grâce. On les préfère évidemment tous les deux en train d'exceller en l'air ou sur terre lors des combats.
En ce qui concerne l'édition, notons que l'image n'est pas franchement bonne, et qu'une version restaurée en blu-ray serait peut-être opportune pour bien apprécier la maestria des chorés. Le premier DVD contient le film, quatre versions (2 françaises, une cantonaise et une américaine), et plusieurs bandes-annonces. Le second DVD est efficace avec un très long portrait de Jet Li (50 minutes) comprenant des interviews des membres de l'éditeur HK video, dont on apprécie le regard de spécialistes de cinéma asiatique, et une interview de Anya Meot, alors vice-présidente de la fédération de tai chi chuan en France, qui nous expose les bases de cet art martial. Ses propos sont très pertinents en évitant toute vulgarisation, précisant les différences sémantiques entre plusieurs notions confondues en Occident. Avec ceci, vous autre également droit à une petite galerie photos et aux traditionnelles filmographies. On aurait apprécié un véritable making-of et une interview de Yuen Woo-Ping, mais non, il faut se contenter de qu'on a.
La plus belle citation du film provient d'un précepte bouddhiste : « le passé est un ornement de la vie et non un fardeau ». La fardeau de ce « Tai Chi Master », c'est de n'avoir pas pu profiter d'un scénario, d'une mise en scène et d'un montage suffisamment originaux et propres pour tirer son épingle du jeu. Bref, c'est du cinéma d'action, et rien que du cinéma d'action. L'excellence des chorégraphies n'y change rien, le film de Yuen Woo-Ping est trop inégal pour séduire complètement.
Zhang Junbao (Jet Li) et Dang Tianbao (Chin Siu-Hou) sont bonzes, élevés au temple de Shaolin. Ils y apprennent les arts martiaux. Junbao est droit et généreux, Tianbao a soif de reconnaissance et de conquête. Leurs caractères opposés ne les empêchent pas de devenir les meilleurs amis. Lorsqu'une injustice les conduit à quitter Shaolin, une nouvelle vie commence parmi les civils. Ils feront des rencontres, dont la belle et mélancolique Siu Lin (Michelle Yeoh). Mais cela marquera aussi leur séparation.
Sorti en 1993 à Hong Kong et en 2002 en France (10 ans après, ça fait beaucoup), « Tai Chi Master » est réalisé par Yuen Woo-Ping, connu en Occident pour être le chorégraphe de la trilogie Matrix et de Tigre et Dragon, et auteur de nombreux films du genre wu xia pian dans les années 1980-90, qui ont rarement franchi les frontières. On apprécie de pouvoir avoir accès à ce « Tai Chi Master », qui, s'il n'est pas dénué de défauts, reste assez agréable.
Commençons par les qualités de ce film ancré dans la tradition wu xia pian... Il n'y en a en fait que deux, qui rattrapent à elles seules toutes les maladresses et les gros défauts. La première tient évidemment dans les chorégraphies superbes de Yuen Woo-Ping. Le plus appréciable, c'est sans nul doute leur nombre et leur variété. Aucune déception de ce côté-là : on n'a pas à supporter de fuites frustrantes ou de dialogues pompeux pour masquer une pauvreté de moyens ou un manque d'envie, car chaque situation amène un combat. Cela a toujours été le point fort du réalisateur, jamais chiche dès qu'il faut se mettre à table. « Tai Chi Master » rentre donc aisément dans le top 10 des meilleures chorégraphies martiales des années 1990, juste derrière « Fist of legend » et « La secte du lotus blanc ». 20 ans déjà, et la virtuosité des combats n'a presque rien perdu. La seconde grosse qualité, c'est l'ambiance wu xia pian, qui, si elle demeure classique, est tout à fait efficace, avec des décors et costumes soignés.
Malheureusement, pas mal de points noirs viennent gâcher l'expérience. Le scénario tout d'abord es trop prévisible quant à son déroulement. Le potentiel dramatique est totalement sous-exploité, alors qu'il y avait de quoi faire avec une amitié volant en éclats et l'assassinat d'un personnage attachant en milieu de film. Yuen Woo-Ping a préféré un humour bon enfant, niais et lourdingue, où l'on voit bien que le film est calibré pour être une comédie familiale. Aucune ambition narrative donc, mais heureusement le film ne souffre d'aucune longueur. Autre déception : les chorégraphies ne sont pas exclusivement centrées sur le tai chi, faisant intervenir en masse d'autres arts martiaux, le titre étant donc quelque peu trompeur. Mais le point le plus dommageable, c'est que Yuen Woo-Ping a beau nous charmer avec ses chorégraphies, il n'a pas su s'entourer d'un bon metteur en scène, puisque l'esthétique et les angles de caméra n'ont rien d'original par rapport au reste de la production wu xia pian, ni d'un bon monteur, puisque ce Tai chi master est littéralement monté avec les pieds ! Le manque de fluidité est évident, ce qui gâche d'ailleurs les chorégraphies pourtant géniales puisque certains mouvements sortent de nulle part. Plus grave, les pépins techniques sont nombreux, comme l'apparition des câbles à l'écran !
L'heure est maintenant venue pour le gros coup de gueule. Je n'en passe pas beaucoup, mais là, c'est juste indispensable. Celui-ci concerne la bande-son. La piste audio de la VO est vraiment médiocre, avec un doublage en cantonais ne correspondant pas aux mouvements des lèvres des acteurs (à se demander si une vraie version originale n'a pas été tournée en mandarin) : ceci gâche littéralement l'ambiance ! Un point tout aussi surprenant, c'est qu'une grande majorité des dialogues ont lieu hors-champ : on ne voit pas les personnages parler, ce qui est particulièrement déroutant. Inutile de se rabattre sur une version américaine médiocre et une version française trop moyenne, qui, au passage, changent bizarrement les musiques.
Le casting fait tout juste ce qu'il faut, avec Jet Li (encore en début de carrière) qui laisse franchement à désirer dans un (trop long) interlude comique, et Michelle Yeoh s'adapte. Son personnage n'étant jamais mis en avant, sa présence ressemble trop à un long cameo plutôt qu'à un véritable retour en grâce. On les préfère évidemment tous les deux en train d'exceller en l'air ou sur terre lors des combats.
En ce qui concerne l'édition, notons que l'image n'est pas franchement bonne, et qu'une version restaurée en blu-ray serait peut-être opportune pour bien apprécier la maestria des chorés. Le premier DVD contient le film, quatre versions (2 françaises, une cantonaise et une américaine), et plusieurs bandes-annonces. Le second DVD est efficace avec un très long portrait de Jet Li (50 minutes) comprenant des interviews des membres de l'éditeur HK video, dont on apprécie le regard de spécialistes de cinéma asiatique, et une interview de Anya Meot, alors vice-présidente de la fédération de tai chi chuan en France, qui nous expose les bases de cet art martial. Ses propos sont très pertinents en évitant toute vulgarisation, précisant les différences sémantiques entre plusieurs notions confondues en Occident. Avec ceci, vous autre également droit à une petite galerie photos et aux traditionnelles filmographies. On aurait apprécié un véritable making-of et une interview de Yuen Woo-Ping, mais non, il faut se contenter de qu'on a.
La plus belle citation du film provient d'un précepte bouddhiste : « le passé est un ornement de la vie et non un fardeau ». La fardeau de ce « Tai Chi Master », c'est de n'avoir pas pu profiter d'un scénario, d'une mise en scène et d'un montage suffisamment originaux et propres pour tirer son épingle du jeu. Bref, c'est du cinéma d'action, et rien que du cinéma d'action. L'excellence des chorégraphies n'y change rien, le film de Yuen Woo-Ping est trop inégal pour séduire complètement.
De dkrevenge [2696 Pts], le 04 Août 2012 à 14h37
il me tentait bien à l'époque
De skippy [807 Pts], le 03 Août 2012 à 01h52
j'aime bien l'histoire et je kiff le poster !
De anemone [10712 Pts], le 02 Août 2012 à 19h36
j'aime!! et le poster est beau :)