Ciné-Asie Chronique - L'évaporation de l'homme
Voici la chronique de L'évaporation de l'homme de Shohei Imamura, disponible chez l'éditeur Choses vues.
C’est peu de dire que la sortie du DVD de l’évaporation de l’homme était attendue par les cinéphiles, le film n’ayant été projeté que dans une seule salle à paris. Cette œuvre permet d’éclairer les choix esthétiques et narratifs du cinéaste Shohei Imamura qui est souvent qualifié à juste titre d’enfant terrible du cinéma japonais et de chef de file de la nouvelle vague Japonaise.
Tourné en 1967, l’évaporation de l’homme doit se lire comme un manifeste qui pose les bases d’un cinéma qui n’a pas peur des tabous, de la crudité qui regarde frontalement toutes les couches de la société nippone avec une prédilection pour les classes moyennes, ouvrières et les femmes qui tentent de vivre librement au sein d’une société souvent machiste et conservatrice. Y annonce clairement son intérêt pour le documentaire, le cinéma à caractère social et anthropologique.
L’évaporation de l’homme apparaît comme un objet hybride qui brouille les pistes des genres et de la narration, vrai faux documentaire sur le thème de la disparition, sujet sensible au Japon au même titre que celui du suicide. Le cinéaste prend comme prétexte un fait-divers et enquête sur la disparition d’un certain Monsieur Oshima emmenant une équipe de tournage pour filmer les lieux et interroger les témoins à la demande de la fiancée du disparu. L’aspect du documentaire est à priori respecté sauf que le mystère s’épaissit au fil des séquences, le disparu devient presque secondaire, en fait le cinéaste ausculte les travers de la société : le culte des apparences , les conventions sociales , le carcan familial , les classes sociales. L’évaporation de l’homme est un film gigogne autant qu’un exercice de style , le cinéaste pose un certain nombre de questions qui concerne autant la société que le cinéma : est ce que le cinéma est un art de la manipulation ou instrument pour la quête de la vérité ou des vérités ? Quel est l’impact des images et le rôle du cinéaste ?
À ce titre l’évaporation de l’homme fait figure de cinéma d’anticipation et fait écho à notre actualité médiatique avec la question de la télé réalité , de la toute puissance de l’image et l’omniprésence de la représentation, ce qui rend le propos extrêmement moderne et fort. L’esthétique obéit à la grammaire du documentaire, l’image volontairement imparfaite mais en réalité parfaitement maîtrisée encore une fois joue avec les codes et avec le spectateur. En 1968, il réalise le profond désir des dieux, une enquête sur les rites shintoïstes d’une île du sud du Japon confrontée à la brutalité du modernisme. Ces deux réalisations confirment son intérêt pour le genre documentaire et plus encore pour le naturalisme. L’éditeur propose d’ailleurs en bonus un court-métrage documentaire intitulé les pirates de Bubuan et des extraits de trois documentaires du cinéaste, ce qui est assez rare et donc précieux.
L’évaporation de l’homme n’est certes pas facile de prime abord , mais il intéressera ceux qui considèrent que le cinéma constitue un outil de réflexion autant que de divertissement. Faisant écho à la nouvelle vague française ainsi qu’au cinéma expérimental, il est facile dès lors de comprendre comment Imamura a pu influencer la nouvelle génération des cinéastes Japonais, notamment Takashi Miike qui fût son premier assistant et Hirokazu Kore – Eda, lui-même documentariste.
Ladymusaraki
C’est peu de dire que la sortie du DVD de l’évaporation de l’homme était attendue par les cinéphiles, le film n’ayant été projeté que dans une seule salle à paris. Cette œuvre permet d’éclairer les choix esthétiques et narratifs du cinéaste Shohei Imamura qui est souvent qualifié à juste titre d’enfant terrible du cinéma japonais et de chef de file de la nouvelle vague Japonaise.
Tourné en 1967, l’évaporation de l’homme doit se lire comme un manifeste qui pose les bases d’un cinéma qui n’a pas peur des tabous, de la crudité qui regarde frontalement toutes les couches de la société nippone avec une prédilection pour les classes moyennes, ouvrières et les femmes qui tentent de vivre librement au sein d’une société souvent machiste et conservatrice. Y annonce clairement son intérêt pour le documentaire, le cinéma à caractère social et anthropologique.
L’évaporation de l’homme apparaît comme un objet hybride qui brouille les pistes des genres et de la narration, vrai faux documentaire sur le thème de la disparition, sujet sensible au Japon au même titre que celui du suicide. Le cinéaste prend comme prétexte un fait-divers et enquête sur la disparition d’un certain Monsieur Oshima emmenant une équipe de tournage pour filmer les lieux et interroger les témoins à la demande de la fiancée du disparu. L’aspect du documentaire est à priori respecté sauf que le mystère s’épaissit au fil des séquences, le disparu devient presque secondaire, en fait le cinéaste ausculte les travers de la société : le culte des apparences , les conventions sociales , le carcan familial , les classes sociales. L’évaporation de l’homme est un film gigogne autant qu’un exercice de style , le cinéaste pose un certain nombre de questions qui concerne autant la société que le cinéma : est ce que le cinéma est un art de la manipulation ou instrument pour la quête de la vérité ou des vérités ? Quel est l’impact des images et le rôle du cinéaste ?
À ce titre l’évaporation de l’homme fait figure de cinéma d’anticipation et fait écho à notre actualité médiatique avec la question de la télé réalité , de la toute puissance de l’image et l’omniprésence de la représentation, ce qui rend le propos extrêmement moderne et fort. L’esthétique obéit à la grammaire du documentaire, l’image volontairement imparfaite mais en réalité parfaitement maîtrisée encore une fois joue avec les codes et avec le spectateur. En 1968, il réalise le profond désir des dieux, une enquête sur les rites shintoïstes d’une île du sud du Japon confrontée à la brutalité du modernisme. Ces deux réalisations confirment son intérêt pour le genre documentaire et plus encore pour le naturalisme. L’éditeur propose d’ailleurs en bonus un court-métrage documentaire intitulé les pirates de Bubuan et des extraits de trois documentaires du cinéaste, ce qui est assez rare et donc précieux.
L’évaporation de l’homme n’est certes pas facile de prime abord , mais il intéressera ceux qui considèrent que le cinéma constitue un outil de réflexion autant que de divertissement. Faisant écho à la nouvelle vague française ainsi qu’au cinéma expérimental, il est facile dès lors de comprendre comment Imamura a pu influencer la nouvelle génération des cinéastes Japonais, notamment Takashi Miike qui fût son premier assistant et Hirokazu Kore – Eda, lui-même documentariste.
Ladymusaraki
De kabony [163 Pts], le 06 Février 2012 à 19h14
De goldtime9 [1426 Pts], le 06 Février 2012 à 19h05
chronique symphatique .