Dvd Chronique - Cowboy Bebop (Film)

Voici la chronique du film Cowboy Bebop, réalisé par Shinichiro Watanabe !
 

 
 
La série Cowboy Bebop créée par Shinichirô Watanabe a connu un succès planétaire suite à sa diffusion. Malgré tout, elle n’a pas été déclinée à tout-va comme l’a pu l’être Evangelion, par exemple. En matière d’animation, on ne compte que ce film, "Knockin on Heaven’s Door", sorti dans les salles obscures japonaises en 2001. Il a été renommé en occident "Cowboy Bebop le Film" pour des questions de droit, le titre original faisant référence à la célèbre chanson de Bob Dylan.

On retrouve l’équipage du Bebop entre les épisodes 22 et 23 de la série, qui sont confrontés à un terroriste inquiétant sur Mars. Alors que Faye sillonnait l’autoroute à bord de son vaisseau à la recherche d’un hacker à capturer, elle est témoin d’une violente explosion d’un camion abandonné par un individu suspect, qui disparait rapidement dans la nature. Cette explosion a laissé s’échapper un virus extrêmement agressif. Les autorités ne tardent pas à coller une prime alléchante sur la tête du malfaiteur, pour le plus grand bonheur du Bebop dont les ressources financières sont alarmantes.

Si vous n’avez jamais vu la série, vous ne serez pas perdu. La structure scénaristique est telle que n’importe qui peut voir et apprécier le film en tant que one shot (même si, à bon entendeur, on peut le situer dans la série). La première chose qui frappe, dès l’opening, c’est la qualité de l’animation. Si déjà la série se classait dans la moyenne haute du genre sur ce point, celle du film est autrement supérieure. Les mouvements sont nombreux et fluides, notamment dans les séquences d’action. La scène d’introduction, lors du braquage du supermarché, et le duel dans le monorail apparaissent alors comme un festival visuel, où rien n’est laissé de côté, pour le plus grand plaisir de nos pupilles.

Le scénario en lui-même, par contre, ne présente pas beaucoup de surprises. On met rapidement un nom et un visage à l’antagoniste, reste à décrypter son passé pour mieux le vaincre. Malgré tout, il y a quelques longueurs, mais relativement peu, et on passe un bon moment. Cette légère faiblesse est d’ailleurs compensée par ce qui faisait la qualité de la série, à savoir un rythme intelligent, alternant les passages calmes avec des passages plus soutenus, et une grande richesse d’univers et de décors. On retiendra notamment la virée dans le quartier arabe, paysage qui n’a pas vraiment été vu dans la série. Tout cela est mis en valeur par les musiques de Yoko Kanno. Comme pour la série, attendez-vous à un cocktail de jazz des plus enivrants.

En revanche, certains arguments plus négatifs peuvent être retenus, surtout pour ceux qui ont vus la série. Watanabe a opté pour une histoire qui se suffit à elle-même, tout comme la plupart des épisodes de la série. Mais comme cela a été évoqué plus haut, le scénario lui-même n’est pas très ambitieux. Pourquoi donc ne pas avoir préféré d’étoffer la ligne principale de l’intrigue de la série ? On ne sait toujours que très peu de chose sur le passé de Spike, et quasiment rien sur Vicious, personnage à potentiel énorme, mais trop peu exploité, et absent de ce film. Un petit manque d’ambition, c’est une des caractéristiques de ce film, qui n’est qu’un petit prolongement du plaisir de la série, et non pas un réel approfondissement de l’univers.

Maintenant, plus grave, en ce qui concerne l’exploitation des personnages. Spike a toujours une dégaine fringante, un style inimitable, mais il a des réactions dans le film qui peuvent étonner le fan de la première heure, et pas dans le bon sens du terme. Ici, il n’hésite pas à draguer une inconnue parce qu’il la trouve à son gré, ou à se moquer de la vie des civils par au moins deux reprises. Pour le premier point, cela ne colle pas du tout au personnage pour une raison que ceux qui ont vu la série le savent : il connait déjà la femme de sa vie. Pour le second point, cela ne frappe le spectateur tout de suite, car Spike a toujours été quelqu’un en marge de la société, comme tous les chasseurs de prime. Mais il ne semblait pas avoir ce type de réaction de manière aussi prononcée auparavant. Pour le coup, il perd une part de son capital sympathie, et pour un tel personnage, aussi charismatique, c’est franchement dommage. Les deux personnages créés exclusivement pour le film, Vincent et Electra, sont quant à eux réussis au niveau du design, mais n’ont pas la prestance des autres personnages originaux. Faye est revanche fidèle à elle-même, sensuelle et maline, très présente dans l’intrigue, tout comme Ed, toujours aussi exubérante. Jet est toutefois un peu mis à l’écart.

L’édition du DVD de Columbia Tristar est très fournie en bonus. On peut y trouver des documentaires sur les personnages et l’univers animés par les interviews des créateurs et des doubleurs japonais et américains de la série. Sont présents aussi des galeries de croquis sur les personnages, les décors et les objets ; les clips de l’opening et de l’ending ; un comparatif vidéo de certaines scènes et de leur storyboard ; et des fiches descriptives des personnages principaux. La qualité de l’image est excellente, tout comme le son qui rend à merveille les musiques de Yoko Kanno.

Au final, ce film de Cowboy Bebop permet un prolongement du plaisir, on peut revoir ces héros si attachants l’espace d’un long-métrage. On aurait toutefois préféré quelque chose de plus virevoltant, de plus osé au niveau du scénario et qui aurait permis d’approfondir l'univers de la série.
 
 
Raimaru