Pandemonium Vol.1 - Actualité manga
Pandemonium Vol.1 - Manga

Pandemonium Vol.1 : Critiques

Pandemonium - Majutsushi no Mura

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 02 Janvier 2015

Critique 1



Née en 2012, la collection Latitudes de Ki-oon s’enrichit d’un nouveau titre en cette fin d’année 2014. Après avoir édité en grand format des titres appréciés comme Bride Stories ou Emma, l’un des leaders du seinen en France nous propose cette fois une œuvre bien différente. Signé Sho Shibamoto, Pandemonium compte deux opus et est ainsi proposé en grand format, dans un sens de lecture français, et le tout entièrement en couleur.


Des entités presque divines hantent les cieux du monde où vit le jeune Zipher. En effet, il n’est pas rare que le firmament se déchaîne et impose ses cataclysmes çà et là. Redoutés de tous, ces individus se terreraient dans le monde des vivants, mais au cœur de contrées peu explorées ?


Zipher est dans la détresse après la mort de sa bien-aimée. C’est ainsi qu’il part en quête du « village des difformes », l’endroit où vivent ces créatures dotées de fabuleux pouvoirs, dont celui de ramener les morts à la vie. Mais le chemin est périlleux et Zipher manque de trépassé en route. Il est toutefois recueilli par Domika, une demoiselle aussi douce que bienveillante, l’occasion pour notre héros de découvrir que ces semi-divinités sont loin de l’idée qu’il se faisait.


L’univers de Pandemonium est doté d’un aspect enchanteur, mais pas comme un conte de fées pourrait l’être. On se trouve ici dans un univers original, fantastique, où le bestiaire serait à la croisée des chemins entre l’imagination de Tim Burton et celui de Hayao Miyazaki. Les premières pages sont d’ailleurs surprenantes : les personnages ne sont des pas Hommes, mais des animaux, souvent hybrides et symboles de croisement entre différentes espèces. Il en va de même pour l’univers qui, bien que reprenant les concepts de civilisations humaines, est de l’ordre du surnaturel, une dimension caractérisant d’ailleurs les « difformes » qui représentent la touche de mystère de Pandemonium.


Ce qui nous captive dans l’histoire, c’est évidemment Zipher et son douloureux passé. Le « jeune homme », si nous pouvons l’appeler ainsi, est dépourvu d’idées malsaines et seule la résurrection de sa petite amie constitue son leitmotiv, faisant de lui un héros attendrissant pour lequel on ne fait qu’espérer une issue heureuse. En parallèle nous est présentée une galerie de créatures composant le « village des sorciers », dont la charmante Domika. A ce titre, l’œuvre veut faire une opposition entre l’aspect monstrueux que la « société » cherche à leur donner et une construction foncièrement humaine, ce qui réussit étant donné qu’on s’attache autant à tous ces personnages qu’au pauvre Zipher. En associant ces deux éléments, le manga aboutit à une aventure résultant davantage de la découverte de la civilisation des sorciers, à laquelle Zipher va chercher à s’intégrer dans l’espoir de voir sa dulcinée revenir du monde des morts. Nous découvrons ce qui est appelé « village des difformes » au même titre que le protagoniste, ce qui ne manque pas de titiller notre curiosité. Mais si Zipher est obnubilé, à juste titre, par le retour de sa défunte moitié, ce qui anime notre enthousiasme est bien la découverte de ces créatures et leur environnement. De nombreuses questions sont d’ailleurs soulignées, mais c’est sans doute dans le second opus que les plus grandes réponses tomberont, ce premier volet servant avant tout à présenter l’univers et ses personnages, mais aussi à susciter notre intérêt par le parti-pris graphique du mangaka.


A ce titre, on répétera que le tout est en grand format, et surtout en couleur. Les teintes cuivrées ponctuent l’ambiance générale du titre, faisant de l’univers de Pandemonium un monde auquel nous ne pouvons identifier le nôtre, rendant le voyage encore plus évasif. Ce sont aussi les personnages et leur design qui donnent au titre sa dimension fantastique : que ce soit les individus « normaux » ou les « sorciers », tous ont la particularité d’être représentés de manière hybride en croisant différentes créatures et en les humanisant. Zipher est ainsi une sorte de félin blanc vêtu d’un chapeau, d’une veste et d’une écharpe tandis que Domika a des attraits de renard à la longue chevelure dorée, mais dont l’aspect monstrueux est symbolisé par des pattes écailleuses de dragon ou des jambes de volatiles. L’univers de Sho Shibamoto est vraiment à part et afin de nous désorienter davantage, il n’hésite pas à opter pour une narration peu conventionnelle pour du manga, inspirée parfois de procédés cinématographiques. Et rien que pour cet aspect de l’œuvre, Pandemonium vaut clairement le détour.


Le manga de Shibamoto se classe dans la collection Latitudes de Ki-oon, impliquant ainsi un grand format. Outre cela, les principaux attraits de l’édition sont un sens de lecture français, rendant le titre accessible aux novices de la littérature graphique japonaise, et sa colorisation générale très réussie. L’impression est, de manière cohérente, de qualité, du même du papier granuleux qui renforce la qualité de l’ouvrage. La couverture jouit d’un papier épais et mât, mais profitant d’un vernis pour mettre en relief Zipher et Domika qui caractérisent le visuel. La traduction est elle aussi sans bavure, et le vocabulaire soutenu employé est un bon choix de la part de l’éditeur tant il favorise l’aspect surnaturel du titre. En somme, le prix est amplement justifié par le format de l’ouvrage et sa qualité éditoriale.


Sur cette première moitié de l’histoire, Pandemonium s’impose déjà comme un voyage peu habituel pour un manga, dans un univers fantastique qui ne manque jamais de piquer notre curiosité. Entre ses personnages attachants et l’ambiance graphique envoûtante, le monde de Sho Shibamoto s’avère captivant, de la première à la dernière page. Pour les amateurs de beaux manga et d’épopées originales, Pandemonium est sans aucun doute un must-have à demander au pied du sapin pour les fêtes de fin d’année.


 


 


 


Critique 2


Sorti de nulle part, Ki-oon nous présente Pandemonium, cinquième et dernier ouvrage paru, à ce jour, dans la collection Lattitude. Mais la particularité de ce nouveau titre est qu'il est entièrement en couleur et pensée directement dans le sens occidental. Présenté comme un récit à l'ambiance Burtonienne, où le mignon côtoie la mort de prés, Pandemonium se montre déjà comme un récit à part.


La « foudre rectiligne » s'abat sur terre. Cette catastrophe qui frappe au hasard, sans qu'on ait le moindre moyen de la prévoir, terrifie les populations, qui se sont résignées à subir ce courroux. On murmure que cette menace viendrait de « Ceux qui hantent le ciel ». Des individus monstrueux aux terribles pouvoirs, se terrant dans leur village au milieu d'une montagne perdue, où personne n'ose s'aventurer. Personne, sauf Zipher. Désespéré par la mort de sa petite amie, frappée par la foudre, il transporte sa dépouille jusqu'au village maudit, dans l'espoir d'un miracle. A deux doigts du trépas, il réussit enfin à trouver le village. Mais rien ne pouvait le préparer à ce qu'il allait y vivre.


Dès les premières pages, le ton du récit est donné. Une population désespérément passive, qui attend que le courroux frappe. Zipher, au bord de la mort, dans une quête qui semble sans espoir. La menace de « Ceux qui hantent le ciel » planant sur la vie de chacun, sans que leur existence ait au final été prouvée. L'ambiance se veut très sombre et on est directement happé par la mélancolie du récit. Tout le long, ce premier tome instaure cette ambiance d'amer désespoir qui menace l'ensemble des personnages. Mais on ne s'y ennuie pas un seul moment. De nombreux mystères se posent, et aucun ne trouvera sa solution dans ce premier opus. Doucement, on sent le malheur intrinsèquement couver sous le village des difformes et on a hâte de découvrir la vérité. Sans compter qu'une menace rôde ...


L'ambiance si particulière du récit est aidée par le dessin de Sho Shibamoto, et son bestiaire anthropomorphique, aussi angoissant que superbe. Le récit se déroule sur fond noir et les dessins sont réalisés en nuance de marron. Une combinaison qui appuie l'impression d'enfermement dans le village et aide à la tristesse du récit. De la même manière qu'un Blacksad, le dessin pourra toucher tout type de public, adepte du manga ou non, tant le design des personnages n'est pas typé ou représentatif du manga classique. C'est à dire, pas de clichés « grands yeux, pas de nez » qui ont la vie dure. Tous les personnages sont très expressifs et ont multitudes de sentiments à nous transmettre. On s'attache à eux, on a pitié d'eux, on tremble pour eux. Le premier à nous faire ressentir ça étant Zipher. On sent ce personnage au bord de la folie, complètement abattu par la perte de l'être aimé. L'espoir de l'a faire ressusciter le maintient, mais on le sent prêt à basculer à tout moment. On ressent pleinement les émotions de chaque protagoniste, le personnage principal n'étant pas le seul à nous toucher, loin de là.


Le talent de l'auteur pour la mise en scène n'y est pas pour rien. Celui-ci jongle avec aisance entre présent et flash black, sans perdre le lecteur. Au contraire, l'histoire n'en est que plus intense.


Niveau édition, Ki-oon fait encore un travail exemplaire. Le grand format de la collection Lattitude est parfaitement adapté au travail graphique de l'oeuvre, cela lui permet d'en donner sa pleine mesure. On peut juste regretter la couverture, qui respecte la charte de la collection, et est donc un peu fade.


Ce premier tome est donc une réussite en tout point. Que ça soit le dessin, la narration, ou l'ambiance, tout s'accorde pour donner un résultat unique et terriblement prenant. Il faut savoir que Pandemonium désigne un lieu fantastique se situant en enfer. Le titre ne pouvait être mieux trouvé. On est loin d'avoir affaire à un récit joyeux, mais c'est ce qui fait la force du titre, en lui donnant une portée émotionnelle très forte. De plus, Ki-oon nous chouchoute en nous proposant à la sortie de ce premier tome, un portfolio contenant trois illustrations couleur inédite. Vu la beauté du titre, on aurait tort de se priver. Vivement la suite qui, on l’espère de tout cœur, concrétisera ce bijou.


 



Critique 3


La collection « Lattitudes » s'agrandit avec un nouveau titre, ne comptant que deux volumes, mais qui d'entrée de jeu impose un univers d'une incroyable richesse et d'une grande poésie, comme tous ceux de cette belle collection.


Le Pandémonium n'est autre que la capitale des enfers, là où Satan en personne convoque ses démons… C'est ainsi qu'est perçu « le village des difformes », là où « ceux qui hantent le ciel » vivent loin des gens superstitieux et craintifs de leurs pouvoirs incroyables pouvant faire tomber la foudre et ramener les morts.


Zipher vient de perdre sa bien-aimée, touchée justement par la foudre, il entreprend alors un long et dangereux périple vers cette cité que tout le monde redoute afin de demander l'aide de ses habitants pour lui rendre la vie. Mais une fois sur place il se rend compte que les choses sont bien différentes que ce à quoi il s'attendait...mais pour autant sa détermination ne diminue pas, et il ne compte pas quitter ce village étrange avant d'avoir obtenu ce qu'il souhaite !


D'entrée de jeu nous découvrons un univers sombre et pessimiste où les croyances prévalent sur tout le reste, et cette ambiance si particulière ne nous quittera pas jusqu'à la fin de ce premier tome pourtant incroyablement prenant. Cette ambiance si particulière où la féerie se mélange avec le malsain n'est pas sans rappeler les univers de Tim Burton, sombres et mélancoliques.


A côté de ça, l'auteur fait le choix de présenter tous ses personnages sous la forme d'animaux, un peu comme pourrait le faire Walt Disney. Cela permet de prendre de la distance par rapport aux personnages tout en appuyant leur côté bestial, et permet également une certaine facilité pour représenter les « difformes » qui sont en fait un amalgame de plusieurs animaux à la fois dérangeants et majestueux.


On découvre donc le village et ses habitants via le regard d'un personnage subissant une grande souffrance qui lui aussi le découvre en même temps que nous. Procédé narratif permettant d'expliquer de nombreux détails de cet univers riche et complexe.


Zipher est entièrement habité par sa souffrance et son amertume, à tel point qu'il refuse d'accepter les choses qui ne lui conviennent pas, qu'il refuse de croire que les habitants ne sont rien d'autre que des reclus sans pouvoir, il est obsédé par son désir de ramener son aimée à la vie, peu importe ce que cela coûte. Et cette souffrance fera de lui un être à la fois pathétique et presque détestable, il ira jusqu'à trahir la confiance des habitants et en particulier de celle qui l'a recueillie avec tant de bonté et de compassion. Le tandem de ces deux personnages, Zipher et Domika est en tout point passionnant. Le premier, revêtant une apparence normale, détruite par un profond chagrin, ne vivant plus que pour une seule chose, réaliser un désir contre nature, finit par devenir le personnage le plus inquiétant de la série, alors que la douce Domika, possédant une apparence difforme se révèle être un personnage d'une compassion sans borne, d'une gentillesse incroyable, elle est la parfaite personnification de l'expression disant qu'il ne faut pas se fier aux apparences.


La parfaite maîtrise de l'auteur est ici flagrante, il arrive sans mal à nous entraîner dans cet univers à la fois dérangeant et envoûtant. A l'issue de ce premier tome aucune réponse ne nous sera donnée sur les nombreuses questions qu'on peut se poser, l'auteur conservant le mystère, pour autant on reste totalement absorbé par tout ce qui se joue dans ce titre.


L'intégralité du tome est en couleurs, dans des teintes marron ocre, renforçant cette ambiance pessimiste et sombre, mais malgré tout du plus bel effet.


Ki-oon fait ici un travail de grande qualité, et publie le tome dans le sens de lecture occidentale pour ceux qui seraient encore réfractaires au sens de lecture Japonais.


Une très belle surprise qui ne pourra que séduire le lecteur !


Critique 3 : L'avis du chroniqueur
Erkael

17 20
Critique 2 : L'avis du chroniqueur
mokochan

18 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs